Les méga-fusions sont décidément bien difficiles à réaliser. Après l’échec de la fusion entre Publicis (FR0000130577-PUB) et Omnicom (US6819191064-OMC) dans le secteur de la publicité, voilà que se profile à l’horizon de grandes difficultés dans la branche du ciment pour la fusion de Lafarge (FR0000120537-LG) avec Holcim (CH0012214059). Alors que les futurs mariés programmaient déjà leur voyage de noce, voilà qu’on parle à demi-mot de rupture…
Tout a bien changé depuis l’annonce, il y a presque un an, de la fusion des deux géants cimentiers qui devait donner naissance à un nouveau leader mondial…
Le conseil d’administration du Suisse Holcim vient en effet d’affirmer son refus de poursuivre le projet de fusion dans les conditions de parité et de gouvernance pratiquées jusqu’alors. Il faut dire que le renforcement du franc suisse a mécaniquement dopé la capitalisation boursière du géant helvétique, qui refuse à présent la parité de fusion de 1 pour 1 action. Lafarge, bien conscient que les parités doivent être modifiées pour tenir compte de cette réévaluation, accepte la discussion.
On parle désormais non plus de 1 pour 1 action mais de 1 action Lafarge pour 0,875 action Holcim. Mais là où le bât blesse véritablement, c’est que Holcim veut imposer sa direction à la tête du groupe. Ce dont Lafarge ne veut pas entendre parler. Il est hors de question pour l’entreprise française de voir la présidence du groupe échapper à Bruno Lafont, l’actuel patron du Français, de même qu’il lui est impensable de changer la composition du conseil d’administration. Pas facile de gérer ce genre de dossier quand des problèmes d’hommes viennent s’y greffer.
A vrai dire, à l’heure actuelle, il est bien difficile d’anticiper la fin de l’histoire, mais inutile de vous dire que cela sent sérieusement le roussi. Certains analystes commencent d’ailleurs à s’interroger sur un échec de la fusion. Par exemple, Aurel BGC estime que sans fusion, l’objectif de cours de Lafarge passerait de 75 à 60 €… niveau sur lequel Lafarge a immédiatement plongé (le titre cote 59,40 € à la mi-séance).
Il faut dire que si on prive Lafarge des synergies espérées par cette fusion, le titre cesse d’être une action bon marché avec un PER de 19 et une Ve/ebit de 12. De tels ratios sont loin d’être abordables pour une cyclique.
A l’annonce de la fusion, on craignait une réaction de l’Autorité de la concurrence sur de potentiels abus de position dominante. Au final, on n’aura peut-être rien de tout cela. Affaire à suivre…