A force de jouer avec le feu, on se brûle ! Avec sa vision quelque peu binaire de l’économie – les Etats-Unis contre le reste du monde –, Donald Trump inquiète la Chine et l’Europe. L’un et l’autre n’ont toutefois aucunement l’intention de rester les bras croisés et cherchent à taper là où ça ferait le plus mal à l’Oncle Sam, quitte à déplacer le conflit sur le terrain sensible des devises, comme l’a fait Pékin.
L’escalade des tensions semble inéluctable et présage d’un second semestre animé. Elle explique d’ailleurs en grande partie la mauvaise tenue des marchés actions depuis quelques semaines, après un rally haussier d’une longueur inhabituelle et qui reposait sur du sable…
▶ Le FMI s’alarme
Ce climat anxiogène commence aussi à inquiéter le FMI : certains responsables ont, au terme de l’évaluation annuelle des Etats-Unis, estimé que la politique commerciale de Washington « pourrait avoir des effets néfastes au-delà de l’économie américaine, en provoquant des mesures de représailles et en sapant un système commercial multilatéral basé sur des règles d’ouverture et d’équité ».
Afin d’éviter une dégradation générale qui ne ferait les affaires de personne, les directeurs du Fonds appellent « les autorités à travailler de manière constructive avec leurs partenaires commerciaux pour réduire les barrières commerciales et résoudre leurs désaccords sans avoir recours à des actions unilatérales nocives ».
Etant donné le tempérament volcanique du président américain, le FMI a peu de chances d’être écouté. Au contraire, Trump risque fort de continuer sur sa lancée, convaincu qu’il est d’avoir été élu pour que son programme « America First » soit appliqué à la lettre. Et tant pis si ce programme un peu bête et méchant consiste à taper sans nuance sur les voisins, les alliés historiques, les partenaires, les créanciers, les ennemis d’hier et ceux d’aujourd’hui…
Problème : comme l’a rappelé Christine Lagarde, il n’y a généralement « pas de vainqueur en cas de guerre commerciale », celle-ci étant « nourrie par la hausse réciproque de droits de douane sur les importations ».
A court et moyen terme, le FMI n’en demeure pas moins optimiste, continuant de viser une croissance de 2,9% cette année aux Etats-Unis et de 2,7% l’an prochain, grâce notamment à la réforme fiscale. Il est en revanche bien moins optimiste pour 2020 et 2021, tablant sur respectivement 1,9 et 1,7%.
Je vous le concède, je m’interrogeais le 13 juin dernier sur les « talents » de prévisionniste de ce même FMI, qui n’a que rarement été capable d’anticiper les récessions…
▶ Fitch s’inquiète aussi des répercussions de la guerre commerciale
Il n’est toutefois pas le seul à tirer la sonnette d’alarme. Fitch redoute elle aussi que les tensions croissantes entre les Etats-Unis et ses partenaires commerciaux compromettent l’essor du commerce mondial et, au bout du compte, affecte l’économie américaine – soit très exactement ce que ne veut pas Donald Trump !
En partant du principe que Donald Trump aille au bout de son idée de taxations tous azimuts des produits chinois, les prix à l’importation augmenteraient de 35 à 40% et l’impact négatif sur la croissance américaine serait de 0,5 point, a calculé l’agence de notation.
Non, vraiment, cette guerre commerciale n’est pas une bonne idée et tous les pays risquent de trinquer… Vénérable institution outre-Rhin, la Deutsche Bank, elle, trinque déjà, certes pour d’autres raisons… et depuis plus d’un an.
Gilles Leclerc revient sur ce dossier brûlant dans son article du jour.
Bonne séance à tous,
Guillaume
Carton rouge pour Deutsche Bank et magouilles pour Morgan Stanley et Goldman Sachs