Ce matin, j’évoquais dans la vidéo du jour (intitulée « Toute tentative de résistance aux autorités monétaires sera sévèrement réprimée ») cette incessante Guerre des petites phrases destinée à manipuler les cours (des actions comme des produits obligataires) et qui transforme la Bourse en partie de pile ou face électronique.
Guerre des petites phrases : d’abord la BCE…
De ce strict point de vue, cette journée de lundi est un vrai régal. Quand j’ai enregistré le « flash », la Banque centrale européenne (BCE) était la seule à s’être exprimée. Elle se déclare « absolument déterminée à combattre la déflation ».
Tout le monde comprend que la BCE promet, entre les lignes, d’accroître son QE et de rendre les taux encore plus négatifs.
Cela n’a donné et ne donnera jamais aucun résultat en matière d’évolution des prix, tels que mesurés par l’INSEE ou Destatis, mais ce qui compte évidemment, c’est de propulser plus haut les prix… des actifs financiers (cela fait 25 ans que la Banque centrale du Japon s’épuise dans cet exercice).
… Ensuite la Fed
Mais à peine les indices boursiers avaient-ils repris les -1,3% perdus au cours de la 1e de cotation que 3 membres de la Fed venaient ruiner « l’effet BCE » en multipliant les déclarations visant à préparer les marchés à une hausse de taux imminente aux États-Unis.
James Bullard et David Rosengren mettent l’accent sur l’accumulation de signaux pré-inflationnistes sur les salaires et les prix aux États-Unis : « Il pourrait être nécessaire de remonter les taux dès le mois de juin ».
Presque simultanément, John Williams, le patron de la Fed de San Francisco, tempère un peu le risque d’un tour de vis dès le 15 juin : « l’économie américaine fait face à des vents contraires de l’extérieur, le timing des hausses dépend des données économiques »? Il fait allusion à la fameuse data dependance théorisée par la Fed en février, mais il réaffirme que « deux à trois hausses de taux sont possibles en 2016 »… et ce serait trois ou quatre en 2017.
Autre déclaration intéressante d’un point de vue pratique de John Williams : la Fed devrait maintenir son bilan inchangé (et donc compléter son « portefeuille » d’actifs à mesure que des instruments de dette arrivent à échéance) tant que les taux ne seront pas remontés à un niveau cohérent avec la croissance.