Les conditions de marché de ces deux dernières semaines ne sont pas forcément ma tasse de thé.
Sur les indices, on ouvre en effet sur de puissants (et même impressionnants) gap weekly haussiers le lundi matin, mais ensuite, plus rien !
Il y a huit jours, l’Italie était le gros catalyseur, avec un gouvernement transalpin toujours en discussions avec Bruxelles sur son objectif de déficit pour 2019. Hier, le déclencheur est à nouveau venu d’un « événement de week-end », en l’occurrence la trêve commerciale entre Pékin et Washington.
Pour autant, sur le CAC, comme on l’a vu hier, après une ouverture au-dessus des 5100 points, un recul a de nouveau suivi, avec de surcroît une sous-performance assez marquée par rapport aux autres indices. Ce retour dans le rang s’explique par les dérives du mouvement lié aux gilets jaunes. Les graves débordements du week-end dernier et les fortes incertitudes quant aux suites dudit mouvement ont en effet lourdement pesé sur les secteurs en « première ligne », à savoir la distribution (Carrefour, Casino), le BTP/concessions autoroutières (Vinci, Eiffage) ou encore avec les valeurs liées au tourisme/hôtellerie (type AccorHotels).
Je me demande désormais si ce phénomène est susceptible d’impacter ou non notre marché obligataire (OAT)…
Les tensions en France pourraient doucher l’enthousiasme des investisseurs internationaux
Historiquement, l’OAT est en quelque sorte la deuxième valeur refuge de la zone euro. Après la référence allemande qu’est le Bund, nos OAT ont en effet toujours été considérées comme de bons refuges par les investisseurs internationaux. Il faut dire que certains « collatéraux » (notamment le patrimoine immobilier) présentent de bonnes garanties pour contrer toute perte de confiance durable vis-à-vis de la dette française.
Qui plus est, étant donné l’orientation actuelle de la politique monétaire américaine (je fais ici référence aux propos tenus mercredi dernier par Jerome Powell quant à de nouveaux relèvements du loyer de l’argent au premier semestre 2019), les risques s’atténuent concernant une remontée brutale avant l’été prochain (au-delà, la position de la BCE avec l’arrêt du « QE » sera à surveiller).
D’autant qu’avec le reflux du pétrole (qui diminue d’autant les pressions inflationnistes) ou encore, pas plus tard qu’hier, la publication d’un PMI manufacturier de novembre en zone euro au plus bas depuis août 2016, la conjoncture ne plaide pas pour une remontée des taux longs.
Pour autant, en ce début de mois de décembre, j’envisage dans le cas français un « écartement du spread » avec l’Allemagne. Plus précisément, je me demande si l’effet de la crise indirecte des gilets jaunes ne pourrait pas conduire à une légère défiance des investisseurs internationaux à l’idée de continuer à acheter le papier français.
Depuis le début du conflit avec les gilets jaunes, les contrats ont certes poursuivi leur progression et l’impact a été inexistant (comme avec l’Italie, la BCE reste dans tous les cas en soutien en cas de couac). Etant donné les niveaux actuels (autour des 0,69% hier) et au vu des tensions intérieures en France, je doute cependant d’une mer d’huile ou d’une poursuite de la trajectoire ascensionnelle ce mois-ci.
Surtout que, graphiquement parlant, les contrats OAT (qui, pour rappel, évoluent en sens inverse des rendements) arrivent justement dans une zone de résistance (le cercle noir).
Tout échec dans cette région haute inciterait à envisager une correction plus marquée en cette fin d’année.
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