L’onde de choc créée par le Brexit a été particulièrement impressionnante pour les valeurs bancaires. En l’espace de deux séances, la purge est énorme : 29% pour la Société Générale (FR0000130809), 24% pour BNP Paribas (FR0000131104) et 20% pour le Crédit Agricole (FR0000045072). Une baisse jugée excessive par certains gérants avec des ratios de valorisation excessivement bas.
Incertitudes pour les banques après le Brexit
Il y a pourtant bel et bien de grandes incertitudes autour du paysage bancaire européen. Des négociations vont d’ailleurs débuter pour définir la manière dont fonctionnera la finance européenne sans le Royaume-Uni. Les banques anglo-saxonnes vont perdre, selon toute vraisemblance, leur accès au marché européen qui permettait jusqu’ici de distribuer dans toute l’Europe des produits financiers élaborés à Londres.
La faute seulement au Brexit ?
Mais ce n’est pas la seule raison à cette baisse presque généralisée à l’ensemble des banques en Europe. En réalité, des taux restant à zéro, aussi bien sur la partie courte que sur la partie longue, ne sont pas une bonne nouvelle pour le secteur. Il faut bien comprendre qu’il est difficile, dans ces conditions, de gagner de l’argent dans la banque de détail. Les investisseurs n’ont même pas fait attention aux précisions de BNP Paribas, indiquant qu’elle réalisait 6% seulement de ses engagements commerciaux et 2,5% de son résultat d’exploitation au Royaume-Uni.
Dans l’activité « marchés », il risque d’y avoir des dégâts sur le marché des dérivés de change (difficilement quantifiable) avec l’effondrement de la livre. Vous le voyez : même si le secteur bancaire semble bradé en France, il demeure beaucoup d’incertitudes. Je reste donc, comme depuis de longs mois, extrêmement réservé. S’il peut y avoir des rebonds techniques et rapides, je préfère tout de même la plus grande prudence sur ce secteur. Secteur qui est aussi concurrencé de plein fouet par l’irruption des FinTech (voir le dossier que je consacre aux FinTech).
JPMorgan vient, dans une note récente, de revoir à la baisse ses prévisions de bénéfice par action pour l’ensemble des banques sur le Vieux Continent sur fond d’un durcissement des conditions de marché.
Quel impact pour le secteur aérien si le Royaume-Uni quitte l’UE ?
Le secteur aérien est également sous pression (Fabrice Coletto vous en parle dans un article daté d’aujourd’hui). Bien évidemment le Brexit aura des conséquences sur le tourisme britannique et donc sur le transport aérien. D’ailleurs, l’Association internationale du transport aérien, le célèbre IATA, parle de période de grande incertitude. Le trafic aérien entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne a représenté plus de 100 millions de trajets passagers en 2015. Les études les plus sérieuses tablent sur un recul de l’ordre de 3% à 5% des passagers aériens britanniques d’ici 2020.
Pour ne rien arranger, EasyJet vient d’avertir sur ses résultats du 3e trimestre en raison de l’annulation de plus de 1000 vols, sur mai et juin, et de la grève des contrôleurs aériens en France ainsi que de conditions météo défavorables. La recette unitaire est attendue en repli de 8,6% sur le 3e trimestre contre un recul attendu initialement de 7%. La remontée des prix du carburant suite à la nette reprise des cours du pétrole devrait également peser sur la rentabilité de la compagnie aérienne. L’action a perdu 23% lundi dès l’annonce de cet avertissement et se retrouve ainsi à son plus bas niveau depuis trois ans.
Ajoutons à cela la chute d’International Airlines Group, la holding née de la fusion entre British Airways et Iberia en avril 2010. L’action est tombée à son plus bas niveau depuis un an, en recul de plus de 35% depuis vendredi. La compagnie aérienne a avertit dans les heures suivant l’annonce du Brexit que son résultat opérationnel serait inférieur aux attentes.
Le secteur tangue et Air France-KLM (FR0000031122) n’est pas épargné avec un recul de 16 % sur les deux dernières séances et un plus bas depuis trois ans. Même si la valeur n’est vraiment pas chère, avec une Ve/ca de 0,2 aux cours actuels, je préfère rester à l’écart : d’autant que le climat salarial et syndical est bien difficile pour la compagnie aérienne française.