Les marchés repassent brusquement en mode risk on : tout plaidait ce matin pour le scénario inverse avec le repli de Tokyo et Shanghai, la lourdeur de Wall Street, la baisse du pétrole, puis en milieu de matinée la chute de l’indice Zew, le baromètre de la confiance des milieux d’affaires en Allemagne (-4,8 points à 6,4 contre un score de 12 anticipé).
Les entreprises se ruent sur le crédit comme les automobilistes sur les stations services en période de pénurie
Mais dans une bourse orwellienne, tous les mécanismes économiques et psychologiques sont renversés cul par dessus tête : le summum du raffinement dans la perversité du raisonnement provient des valeurs bancaires. Leur hausse soudaine provient de l’anticipation d’une prochaine hausse de taux par la Fed (sensée gonfler leurs marges).
Et pour ceux qui n’oseraient pas se risquer sur le secteur, Moody’s dégrade Deutsche Bank (avec perspective négative), l’entité hyper systémique qui symbolise à elle seule tous les excès spéculatifs (levier stratosphérique et couverture prudentielle symbolique) sur les marchés dérivés en Europe.
Tout n’est plus que bulle et démesure et cela ne semble pas inquiéter grand monde
Sauf peut-être Rothschild et Cie qui s’interroge sur le risque de bulle obligataire induit par l’entrée en vigueur du TLTRO début juin. Les entreprises se rue déjà par anticipation pour profiter du tsunami d’argent gratuit promis le 10 mars dernier par la BCE. Le marché des dettes d’entreprises est en train d’exploser – en termes de volumes – avec un record absolu de 30 Mds€ d’émissions de 10 à 15 ans la semaine passée, tandis que la courbe des rendements s’écrase symétriquement, le high yield étant à son tour entrainé dans cette spirale de non-rémunération du risque.
La BCE déchaine une course éperdue vers le « rendement à tout prix » comme la fermeture des raffineries entraine une prise d’assaut des stations services et une pénurie générale de carburant.