La semaine dernière, j’avais abordé les cessions de participations de la part de grands actionnaires en vous disant qu’elles constituaient fréquemment un signal de retournement de tendance. J’évoquais alors le cas d’Atos (FR0000051732-ATO) et la cession par PAI Partners de sa participation à 63,25 € par action. Depuis l’action est restée relativement stable, comme si les investisseurs avaient pris conscience du caractère très onéreux du titre.
Depuis quelques jours déjà, ce mouvement de reclassement s’est amplifié avec deux titres du CAC 40. On a ainsi appris que l’État avait décidé de céder 3,96% de Safran (FR0000073272-SAF), à 62,60 € le titre. Il faut dire que l’équipementier spécialisé dans les systèmes de propulsion aéronautique et spatiale est à son plus haut niveau historique dans son périmètre actuel, issu de la fusion entre Snecma (FR0005328747-SCA) et Sagem en 2005.
L’Etat conservera quand même 18,03% du capital de Safran, mais de tels mouvements nous laissent à penser que certains hauts fonctionnaires trouvent la société quelque peu surévaluée. Ils n’ont probablement pas tort car le titre se paye sur un PER de 21, ce qui est cher. A mon avis, ce n’est qu’une première étape dans le désengagement de l’état : cette sera probablement suivie par d’autres… et il faut s’attendre à ce que le titre commence à plonger. Logique : un investisseur institutionnel n’aura pas envie d’acheter le dossier à ce niveau de valorisation, et sur lequel plane en plus une menace de reclassement de l’Etat. Dans une telle situation, il y a un retour de papier évident de l’actionnaire souverain… et qui entraîne inévitablement les autres fonds qui voient là un excellent prétexte pour s’alléger.
Sur quelles autres valeurs l’Etat risque-t-il de se désengager également ?
Vous vous en doutez : EDF et GDF Suez sont les titres les plus souvent cités. Surveillez donc de très près les évolutions des tours de table de ces deux dossiers sur lesquels une forte incertitude politique règne. De mon côté, dans la lettre PEA, ils font partie des valeurs que je déconseille (et ce ne sont pas les seuls vue la valorisation des marchés ; pour avoir la liste complète, suiviez ici)
Le dossier Veolia Environnement (FR0000124141-VIE) a lui aussi vu son tour de table bouger en début de semaine : Groupama a annoncé la cession de 5,05% du capital à 17,09 €. Cette cession s’inscrit officiellement dans une stratégie de diversification des actifs financiers de la compagnie d’assurance mais franchement… Ne croyez-vous pas plutôt que Groupama a saisi le prétexte d’un cours de Veolia Environnement à ses plus-hauts depuis trois ans pour céder la quasi-totalité de sa participation ? Ne pensez-vous pas qu’à 23 fois ses bénéfices, le spécialiste des prestations de service à l’environnement est désormais TRES cher ?
Ce matin encore, une nouvelle valeur, que les abonnés à la lettre PEA connaissent bien d’ailleurs, a vu la composition de son capital bouger : il s’agit de Bureau Veritas (FR0006174348-BVI). Wendel avait indiqué son intention de céder 10,9% du capital de sa filiale et conservera toutefois 40% du groupe. . La cession s’est réalisée à 20,32 € par action avec une décote de 3,8% par rapport au cours d’hier soir. Mais cela démontre, encore une fois, que les arbitrages dans les portefeuilles, avec des marchés au plus haut, sont de plus en plus importants… et que les institutionnelles commencent à prendre leurs gains. Un signal ? Peut-être : cela renforce mon sentiment de prudence en ce moment.
Logiquement, Bureau Veritas perd plus de 4% ce matin, mais les fondamentaux ne sont évidemment pas remis en cause et j’apprécie toujours autant cette valeur.
Mais ce que je tiens à vous dire aujourd’hui, c’est que le désengagement de gros institutionnels marque peut-être le début d’une nouvelle tendance. Il faudra évidemment voir dans quelle mesure ces cessions se multiplient, mais c’est en tout cas un signal à ne pas ignorer car certaines valeurs commencent à être extrêmement bien valorisées.