Lorsque William Francis Sutton vint au monde en 1901 dans une famille de la classe ouvrière, personne ne se doutait qu’il allait devenir célèbre.
Aujourd’hui, on dit que c’est le plus grand cambrioleur de banque de l’Histoire des Etats-Unis.
A l’apogée de son illustre carrière, ce « braqueur » de banque, vêtu avec style et instruit, est devenu une sorte de héros populaire. Au fil de ses 40 ans de braquages, il n’a jamais tiré un seul coup de feu. Avant de mourir, à l’âge de 79 ans, il a admis qu’il n’avait jamais utilisé d’armes chargées car il aurait pu blesser quelqu’un.
Tout au long de son parcours, Sutton fut arrêté et effectua plusieurs séjours prolongés en prison. Mais dès qu’il sortait, il retournait cambrioler des banques. Lorsqu’un journaliste lui demanda pourquoi il continuait à cambrioler des banques, voici ce qu’il répondit : « Parce que c’est là que se trouve l’argent ».
Cette remarque a donné naissance à la Loi de Sutton, toujours enseignée dans les écoles de médecine. C’est une règle simple : quand on établit un diagnostic, on doit d’abord envisager ce qui est évident.
Ce principe est également utilisé pour « débugger » les ordinateurs, prendre des décisions comptables et tenter de résoudre d’autres problèmes.
La Loi de Sutton peut également servir à prendre des décisions d’investissement et à allouer des actifs de telle sorte qu’ils rapportent le taux de rendement le plus élevé au fil du temps.
Depuis aussi longtemps qu’existent les mathématiques et l’argent, les investisseurs et les universitaires ont mouliné des chiffres pour tenter de découvrir comment générer de hauts rendements sur l’argent. Ensuite, dans les années 1950 et 1960, des avancées ont été accomplies grâce aux professeurs Eugène Fama et Kenneth French, de l’Université de Chicago : ils ont découvert qu’au fil du temps, les petites valeurs (actions « MicroCaps ») se négociant à prix cassé par rapport à la valeur nette de leurs actifs surperformaient de loin le S&P 500.
Leur étude a été décortiquée, évaluée et mise à jour à de multiples reprises depuis sa première publication en 1965 (elle est encore énormément utilisée pour justifier les investissements indiciels, par exemple). Cette approche toute simple pour investir sur le marché actions continue de générer des rendements supérieurs à ceux que produisent d’autres méthodes.
Fama et French, et presque tous les universitaires depuis, attribuent les hauts rendements réalisés par ces petites valeurs au fait qu’elles sont plus risquées que les actions à forte capitalisation.
Mais ceux qui misent réellement leur argent sur ces actions ont découvert que ce n’était pas vraiment le cas, dans la mesure où d’autres facteurs contribuent à éliminer une grande part du risque pris en investissant sur ces petites valeurs, tout en permettant d’obtenir un rendement élevé.
Je détaille plus loin comment y parvenir. Mais pour l’instant, je vous assure que si vous investissez dans des actions MicroCaps, cela peut vous aider à générer des rendements plus élevés sans prendre trop de risques.
Et les rendements des petites valeurs sont considérables, comparés à ceux générés par leurs grandes sœurs.
En 1982, le professeur Roger Ibbotson, de la Yale School of Management, a comparé les rendements des petites valeurs à ceux du S&P 500, de 1926 à cette époque. Il a découvert qu’elles rapportaient 17,05%, en moyenne, alors que le S&P 500 rapportait 11,26% sur la même durée. Cela signifie que sur cette période, 1 $ investi sur le S&P 500 a produit 150,64 $, alors que, parallèlement, 1 $ investi sur des Microcaps a produit 1 634,77 $.
Cela fait une grande différence, et voilà pourquoi il faut acheter les actions de petites entreprises… C’est là que se trouve l’argent.
L’équipe de Dimensional Fund Advisors (société d’investissement) a actualisé certaines études sur les performances des MicroCaps. Elle a découvert que de 1930 à 2009, ces actions avaient rapporté 12,7% en moyenne, alors que le S&P 500 avait rapporté 9,7%. Sur cet indice, 1 $ avait produit 1 500,80 $, ce qui est impressionnant, mais une fois de plus, les MicroCaps surperformaient de façon significative, dans la mesure où ce même dollar avait produit 12 647,05 $.
La même chose est vraie pour les actions sous-évaluées. Dans leur excellent livre intitulé Quantitative Value: A Practitioner’s Guide to Automating Intelligent Investment and Eliminating Behavioral Errors (non disponible en français), Tobias Carlisle et Wesley Gray ont observé les rendements des actions de 1964 à 2011.
Les actions qui se négociaient selon un ratio cours/bénéfice (PER) peu élevé ont enregistré un rendement moyen de 12,44%.
Les actions qui se négociaient en-dessous de leur valeur comptable, ou de leurs actifs, ont rapporté 13,11%.
Si l’on compare avec le S&P 500, ce dernier n’a rapporté que 9,52% au cours de la même période. 1 $ investi sur cet indice a produit 71,81 $. Bien que ce ne soit pas calamiteux, 1 $ investi sur des actions sous-évaluées a produit 247,33 $, et un portefeuille d’actions se négociant au-dessous de leur valeur comptable valait 327 $ à la fin de cette période.
Une approche moderne du « value investing »
Les universitaires recherchent constamment ce qui fonctionne sur le marché actions. Ils dénichent toujours des astuces permettant d’avoir une longueur d’avance et donnant lieu à de remarquables articles dans la presse financière. Les avantages de la plupart de ces trouvailles s’effacent très rapidement à mesure que les acteurs du marché les exploitent.
Cependant, certaines de ces anomalies qui « battent » le marché ont résisté à l’épreuve du temps et n’ont pas été écartées par les traders. Elles comportent des avantages gravés dans le marbre, et qui ont peu de chances de s’effacer.
Les deux stratégies boursières de ce type enregistrant les meilleures performances sur le long terme sont les MicroCaps et le « value investing » – entendez l’investissement dans la valeur.
- Les petites entreprises qui réussissent deviennent de grandes entreprises et, à mesure que le public les découvre, ce dernier crée une pression à l’achat qui fait grimper le cours de l’action.
- Les sociétés qui sont rachetées à prix cassés, par rapport à leurs actifs et flux de trésorerie, sont réévaluées à mesure que les investisseurs ou les acheteurs stratégiques identifient leur valeur et achètent des actions pour exploiter leur sous-évaluation.
En associant ces deux approches pour développer une stratégie d’investissement sur le long terme, on peut commencer à obtenir le type de rendement qui a permis de bâtir certains des plus brillants palmarès de l’Histoire de l’investissement.
Je vous donne rendez-vous le vendredi 21 décembre, à 18h pouren apprendre davantage : vous pourrez me retrouver à Paris en compagnie deYann Boutaric pour une Masterclass inéditesur ma stratégie d’investissement. Exceptionnellement, cet évènement sera GRATUIT.