La FED injecte des cataractes de liquidités, la Bank of Japan a décidé de l’imiter. Mais Mr Shinzo Abe, c’est « Monsieur Plus » alors pas question de se contenter de faire cadeau aux marché d’un ridicule 5% de PIB par an : le Japon opte pour un montant qui avoisine 20% du PIB. Si l’on fait le bilan du QE-3 – et en se montrant extrêmement optimiste –, la croissance pourrait atteindre 2,5% fin 2013 : la FED imprime donc 2$ pour créer 1$ de richesse supplémentaire.
Si la Grèce avait quitté la zone Euro et agissait de la sorte pour redresser son économie, les économistes bien pensant de la City ou de Wall Street affirmeraient qu’Athènes s’est transformé en faux monnayeur, que le pays court à la catastrophe.
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Le Japon nous annonçait 0,9% de croissance au 1er trimestre : il a fallu pour parvenir à ce résultat détruire la valeur du Yen de 30% face au Dollar et, on l’oublie trop souvent, face au Yuan. Même avec une projection de croissance de 3,6% en 2013 et en imaginant une inflation remontant vers l’objectif des 2%, cela signifie que la BoJ injecte 6 Yen pour créer 1 seul Yen de richesse additionnelle.
Une fois de plus, si la Grèce agissait de la sorte, les marchés financiers et la presse anglo-saxonne se déchaîneraient contre elle, la spéculation lui ferait rendre gorge !
Mais le FMI et la FED approuvent cette fuite en avant de la BoJ : leur calcul, c’est que les ménages japonais vont se retrouver acheteurs de bons du Trésor américains car les gérants nippons pratiquent massivement le carry trade (vente à découvert du Yen pour acheter des actifs libellés en Euro ou en Dollar, notamment des T-Bonds) pour augmenter le rendement de l’épargne de leurs clients et empocher une belle plus value sur le billet vert.
Que les Etats-Unis soient insolvables est bien le dernier aspect qui les préoccupe, mais au cas où certains d’entre eux y songeraient, la FED a déjà résolu la question depuis longtemps : le rendement sans risque doit être recherché du côté des actions.
Pour ceux qui n’ont pas connu la période faste 1996/1998, une grande partie de l’ascension de Wall Street avait été alimentée par le carry-trade USD/JPY et cela s’était achevé par le krach d’octobre 1998 avec l’effondrement des rois du carry-trade, les petits génies nobélisés de LTCM. Mais comme « c’étaient des potes d’Alan Greenspan », les banques occidentales s’étaient cotisées pour leur sauver la mise… Toutes, sauf une: Lehman Brothers (et c’est surement un pur hasard si Lehman est la seule banque US à ne pas avoir été secourue par la FED en septembre 2008).
D’après les dernières études que nous avons lues, l’enfoncement du palier des 100 Yen pour 1 Dollar et des 130 par Euro signifie que la chute de la devise nippone va perdurer, ce qui a de quoi réjouir Tokyo.
Attention, contrairement à une opinion largement répandue, la déflation et le « yen fort » ne sont pas le virus originel de la crise japonaise mais en constituent plutôt ses symptômes. La stagnation des exportations du pays n’est ainsi pas le fait d’une devise trop élevée mais, tout comme pour une majorité de pays du Sud de l’Europe, d’une compétitivité médiocre à l’échelon international et d’une absence de produits leaders sur le marché mondial.
L’Allemagne s’accommode très bien d’un Euro fort, l’Espagne y succombe et la France souffre des mêmes maux.
Pour appuyer ce constat et prouver que la manipulation de la parité du Yen n’apportera pas la solution, il suffit de se souvenir qu’en tenant compte de l’inflation et de la déflation dans les différents pays concurrents du Japon, le Yen était encore 5% moins cher à fin 2010, et la situation était tout aussi difficile pour les exportateurs nippons. Le Yen ne posait aucun problème au début des années 1990, lorsque les industriels nippons triomphaient partout sur la planète.
Par ailleurs, l’obsession d’alimenter une hausse des prix pourrait se retourner contre le gouvernement japonais. Si le marché venait à croire à une hausse durable de l’inflation, il exigerait des rendements plus élevés et le déficit public nippon (déjà abyssal) s’envolerait.
Le mythe de l’auto-détention de la dette japonaise volerait en éclats : la capacité d’absorption est déjà à saturation et la meilleure preuve, c’est que la BoJ doit se substituer aux souscripteurs défaillants, les banques nippones qui absorbaient une part majoritaire de la dette souveraine. La faute à une population vieillissante. D’où cette équation impossible consistant à servir des pensions à un nombre croissant d’allocataires avec une chute inexorable des cotisants.
En quelques semaines, le rendement des taux longs japonais est repassé de 0,60 à 0,87%. Cela ne fait que 0,25 points mais en proportion c’est énorme puisque cela représente +45%. Pour ceux qui ont joué l’hypothèse de taux longs glissant vers 0,50%, cela représente déjà des pertes sévères.
Mais les taux nippons ne sont pas les seuls en cause : le rendement des T-Bonds US vient de repasser de 1,65% à 1,97% depuis mi-mars (il avait même atteint un plancher de 1,41% le 25 juillet 2012).
Le graphique long terme du T-Bond US de référence (le « 10 ans »), s’il veut dire quelque chose, nous avertit que si le rendement repasse la barre des 2%, l’impact psychologique devrait se ressentir y compris au niveau des actions à Wall Street. Mais d’un point de vue technique, c’est le franchissement des 2,1% qui pourrait marquer la fin du marché haussier sur la dette US… et compte tenu des leviers considérables pris par tous les « suiveurs de tendance » avec les encouragements de la FED, personne ne sait au juste quelle forme pourrait prendre la correction sur le marché obligataire américain.
Mais comme c’est « l’acheteur en dernier ressort » lui-même qui a orchestré cette bulle, nous ne voyons pas qui, en dehors du contribuable, pourrait être appelé à la rescousse au cas où ça tournerait mal.