Après la surprise de l’indice Empire State lundi (remonté comme par enchantement de -16,5 à +0,6), c’est au tour de l’indice manufacturier de la Fed de Philadelphie – ou « Philly Fed » – de déjouer les pronostics avec une ascension très comparable à celle de l’Empire State de -2,8 vers 12,4 en mars alors que le consensus l’estimait à -2.
La Fed semble avoir perdu le sens du timing… et même son bon sens de manière plus globale !
Cela rend encore plus singulier – pour ne pas dire suspect – les digressions embrouillées de Janet Yellen lors de la conférence de presse hier soir concernant les conclusions positives prématurées concernant la croissance, l’inflation qui envoie des signaux contradictoires, sur fond de risques économiques pouvant surgir de l’extérieur (dont la Fed se préoccupe peu en général : la Fed décide, les autres se débrouillent).
Pourquoi s’interdire de monter les taux à 4 reprises en 2016 avec la promesse de limiter l’action de la Fed à deux tours de vis monétaires (sous prétexte de donner des gages de lenteur à la détente au marché) ?
C’est idiot : le pourcentage d’opérateurs pariant sur 4 hausses de taux d’ici fin 2016 était jusqu’à présent de zéro, donc ne pas écarter ce scénario dès hier soir ne gênait personne puisque la probabilité d’occurrence était jugée nulle.
Maintenant que la Fed s’est liée les mains avec sa promesse de 2 relèvements du taux directeur, comment le marché le prendra si les prochains « Empire State » et autres Philly Fed confirment leur redressement quasi vertical ? Et ce tandis que le pétrole remonterait au-delà des 40$, provoquant une remontée du taux d’inflation au-delà des 2% en donnée brute et +2,5% -hors variables volatile.
La Fed avait mal choisi son moment pour annoncer une hausse de taux mi-décembre (surestimant la croissance), elle semble également mal choisir son moment de se priver des bons instruments pour faire face à des imprévus. Sa démonstration que les chiffres ne sont pas si bons que cela (sous-estimation de la croissance) n’a convaincu personne.
A part nous… parce que nous savons ce qui se passe sur le terrain aux Etats-Unis, dans ce monde réel où le taux de chômage avoisine les 18% et l’inflation +4%, mais qui indiffère tellement Wall Street.