2015 ne sera pas comme 2014. Et encore moins comme la période 2010 / 2014 où, quoi que vous fassiez, la tendance haussière des indices pardonnait toutes les erreurs.
Alors aujourd’hui, en cette toute fin d’année, je sors du cadre de la pure analyse technique et des stratégies de trading pour vous partager avec vous ma vision de l’environnement dans lequel nous allons naviguer dans les mois prochains.
Et en deux mots : le risque d’un crash brutal et sanglant est devenu tout à fait probable et à prendre au sérieux !
Voici comment je vois les choses
Le marché est maintenant sous le contrôle absolu des banques centrales et des algorithmes utilisés par quelques grosses mains (voir mon article ici qui vous montre comment ça marche sur l’EuroStoxx50) pour manipuler et ponctionner le marché.
Et ils utilisent les marchés dérivés notamment : 70% à 80% des transactions opérées sur ces segments sont déclenchés par des algorithmes, surtout sur les marchés US. Ne vous laissez pas abuser : ces programmes de trading ont été conçus exclusivement dans l’objectif de prendre le maximum d’argent sur le marché via des stratégies de déstabilisation extrêmement bien préparées (mouvements rapides pour déclencher les stops, figures d’élargissement à répétition visant à « sortir » les intervenants, retournements fulgurants et brutaux…). Le comportement du CAC40 ces dernières semaines en est encore un exemple (j’y reviens plus loin avec le graphe).
Le changement de paradigme sur les marchés est donc fondamental (sans jeux de mots). Comprenez que si l’homme achète la valeur, les algorithmes, eux, traitent le prix. Si les prix sont haussiers, l’algorithme ne se pose pas de question : il continue de renchérir dans la tendance. Ce que ne ferait nécessairement pas un « humain » doué de raison.
Un exemple ? Prenez Amazon.com.Inc (AMZN-Nasdaq).
Entre 2008 (date à laquelle les banques centrales et les algorithmes sont entrés dans la danse) et son plus haut, le titre a pris plus de 1000%. Son PER, plus de 250%.
Ses perspectives ? Discutables. La mise sur le marché de tous ses produits devant servir de relai de croissance ont été des flops (Kindle, téléphone portable, plateformes de téléchargement d’App et musique etc.).
Ses bénéfices ? Une peau de chagrin. Après un petit bénéfice en 2013, les résultats du premier semestre 2014 sont une fois de plus dans le rouge et les perspectives de la direction pour l’ensemble de 2014/2015 ne sont pas optimistes. Mais les algos étaient là… le titre à explosé à la hausse.
À ceci vient s’ajouter les zones d’ombre et de non-droit des « Dark Pools ». Les « Dark Pools » sont des plateformes d’échanges boursiers qui sont montées en puissance depuis 2008.
Elles représentaient 30 à 40% des transactions à fin 2013. Elles ne sont pas soumises aux mêmes réglementations que les marchés financiers traditionnels. Les transactions qui s’y opèrent sont gardées secrètes. Jusqu’ici, seul le volume total des transactions était publié par certaines d’entre elles. Mais depuis que le FBI et la SEC « enquêtent » (avec soupçon de fraude et de manipulation de cours), la majorité d’entre-elles ont décidé… de ne plus rien publier du tout. Même plus le volume total des transactions qui s’y opèrent !
Elles sont bien évidemment progressivement devenues le terrain de jeux favori des prédateurs dont nous parlions précédemment.
Si vous avez suivi mon webinaire sur Les Volumes dans lequel je vous montrais comment tout cela marchait, vous avez une vue assez exacte de ce qui se trame en coulisse et dont les médias mainstream ne vous parlent jamais.
Quand les robots mènent la danse
Les algorithmes règnent donc en maitre et provoquent des retournements de situation fulgurants sur les marchés.
Pour caricaturer (mais on n’est pas loin de la vérité) au moindre mot, haussement de sourcil ou grattement de nez de Janet Yellen ou de Mario Draghi, les algos réagissent à la micro-nano-seconde sur les indices.
Mais ce n’est pas tout.
Une simple erreur dans une sous-boucle de programmation ou sur un programme mal « lancé » peut avoir des effets désastreux. Or le système algorithmique (re)-commence à déraper, et sérieusement.
Pour illustrer ce danger létal et systémique que représentent les algorithmes ainsi que leur main mise sur les marchés, prenons pour exemple le cas tout récent d’Apple (AAPL-Nasdaq) : il y a quelques jours, la valeur à perdu plus de 7% en quelques secondes à peine.
Apple ? Bof… Sa capitalisation boursière pèse juste aussi lourd que toute la bourse Russe par exemple. Une broutille !
L’efficience des marchés n’est plus qu’un souvenir lointain. Elle a été écrasée sous le joug des Banques Centrales et du trading algorithmique.
Quant au concept de liquidité, qui devrait être assuré par des valeurs de premier ordre comme Apple, il a vécu lui aussi. 7% de variation en quelques secondes pour Apple, ce n’est évidemment pas le fait de l’intervention d’un « humain » mais d’un fonds, Hedge ou autre. Un homme seul n’a évidemment pas la puissance de feu nécessaire pour faire décaler un actif de cette taille et avec cette amplitude.
Non. C’est donc un algorithme que vous voyez au travail. Selon CNBC, celui-ci aurait d’ailleurs « dérapé » à partir d’une plate-forme « Dark Pool ».
Et les indices sont en train de suivre le même chemin.
Regardez le CAC en Unité de temps 2 heures !
2 Heures, c’est du très très court terme.
Et bien, si je vous prévenais il y a encore peu de temps du risque de déstabilisation de l’indice dans sa figure d’élargissement (les segments rouges), regardez ce que cela a donné par la suite : une série de « contre-pieds » magistraux et fulgurants secouant le CAC comme un PitBull enragé.
La hausse de la volatilité telle que nous la constatons n’est JAMAIS un bon présage. Elle montre la fragilité d’un indice comme le CAC. Ces résurgences de volatilité sont toujours l’un des éléments précurseurs à un krach.
L’ardoise est déjà bien lourde… mais rajoutez à ceci :
- Une instabilité géopolitique croissante ;
- Les marchés de matières premières qui ne savent plus où donner de la tête ;
- La guerre des monnaies que se livrent les banques centrales pour essayer de faire dévaluer au maximum les devises afin de gagner des parts de marché à l’export. Pas de quartier : on flingue à tout va. Tous les coups sont permis. C’est un phénomène beaucoup plus conséquent que les variations observées sur le marché des matières premières. Un petit rappel ? La crise des années 30 avait commencé par quoi ? Une course à la dévaluation qui avait débuté par l’intervention massive sur la Livre Britannique !
- Et nous avons évidemment quelques broutilles comme des risques systémiques qui font leur retour. Je parle du cas grec par exemple que les marchés ont consciemment mis de côté pendant ces derniers mois mais qui revient en force ces derniers jours… Sans parler de la France qui joue les troublions en zone Euro et dont il est difficile de prévoir pendant encore combien de temps les marchés pourront supporter l’incapacité chronique à atteindre ses objectifs budgétaires et à se réformer.
Tous ces éléments sont des réalités qui sont un risque de déstabilisation majeur.
Vous savez donc maintenant pourquoi je voulais vous parler de l’année 2015 et pourquoi je disais en introduction que le risque d’un crash brutal et sanglant était devenu tout à fait probable et était à prendre au sérieux.
Pour résumer, en termes de stratégie de trading :
- Les marchés en 2015 risquent d’être extrêmement dangereux ;
- Ne prenez pas de position à l’achat tant que le CAC se situe sous sa « hot zone » (celle qui à déclenché les hausses/baisses erratiques de l’indices et que j’avais repérées dès fin Novembre)
- Profitez de cette période de fin d’année pour déguster les marrons qui vous sont proposés sur les marchés (les vrais) : ils sont croustillants et chauds.
- Inutile de vous préciser que si habituellement j’apporte une attention toute particulière au money management et à la gestion du risque, pour 2015, je vais être draconien sur mes niveaux !
Bonne fêtes de fin d’année à toutes et à tous et rendez-vous en 2015 pour de nouveaux plans de trade !
Gilles
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