Tous les jours, et dès 16h00 au 0899 88 20 36* Philippe Béchade analyse pour vous les marchés, les rumeurs qui animent les salles de trading, et vous propose SA stratégie pour profiter ou contrer les mouvements boursiers.
Je vous disais dans un précédent article que les indices européens avaient déjà réalisé 50% de leur hausse. Aujourd’hui, à plus de 800 points, l’indice Russell 2000 est revenu le 18 janvier à 2% de son record historique de mi-octobre 2007 de 850 points.
Qui n’a pas lu ou entendu au moins 100 fois depuis un an que si nous connaissons le plus long épisode haussier sans consolidation depuis 60 ans… c’est grâce à la formidable période de prospérité économique qui se propage sur les marchés émergents et dont les multinationales — clairvoyantes et inspirées — ont su tirer la substantifique moelle. Sauf que… en m’appuyant sur le Russell 2000, je profite alors de cette occasion pour tordre le cou à certaines « vérités révélées » qui entretiennent le biais haussier des marchés et permettent de justifier des ratios de valorisation qui sont en réalité insoutenables.
◊ Le Russell 2000 : la preuve que les émergents ne font pas tout
Regardez : les valeurs qui composent le Russell 2000 sont étroitement connectées à la croissance du marché domestique américain — et non pas « corrélées » dans la mesure où elles devancent plus que largement l’embellie de la conjoncture au sein des frontières américaines.
En effet, le Russell 2000 c’est d’abord et avant tout l’indice des valeurs à faibles capitalisations dites small et midcaps. La preuve, il s’appelle le « Russell 2000 small caps Index ».
La capitalisation moyenne des entreprises composant le Russell 2000 est de 1,25 milliard de dollars (moins de 1 milliard d’euros). Rares sont celles qui sont parvenues à acquérir ou à posséder une stature internationale qui accrédite la thèse d’une croissance reposant sur des « opportunités hors des frontières ». Il faut donc une autre explication pour justifier que l’indice soit au plus haut !
En revanche, nous constatons un phénomène d’entonnoir du fait de l’étroitesse des flottants (titres effectivement négociables) et surtout, une référence permanente à des taux d’intérêt zéro et des calculs de valorisation postulant que l’argent demeurera éternellement gratuit.
◊ Une hausse artificielle des small caps américaines
La hausse des cours provient essentiellement d’une surabondance artificielle de « hot money ». Le marché des small et midcaps est excessivement surévalué, quel que soit le mérite individuel de nombreux titres ou leur caractère de cible potentielle d’une OPA. Mon collègue Eric Lewin vous prenait l’exemple d’Euro Disney comme titre bien trop surévalué.
Et nous sommes convaincu que de nombreux acteurs bien au courant des desseins de la Fed ont exploité au mieux les 2 500 milliards de liquidités qu’elle a déjà déversées dans l’intervalle.
Les « sherpas de Wall Street » ont engrangé plus qu’ils ne pouvaient l’espérer… avec des séries gagnantes qui relevaient quasiment du miracle.
Avec un ratio de six séances de hausse (ou de semaines ou même de mois, c’est exactement pareil dans le cas qui nous occupe) pour un seul repli au cours des six derniers mois (alors que le ratio historique d’un marché bullish est plus proche de 5 contre 3 en année pleine), le Russell 2000 a quitté l’attraction terrestre. Même si le ciel apparaît la seule limite, l’indice retrace à 15 points près ses records des 15 et 31 octobre 2007 (833 contre 850).C’est pour l’instant un cas d’école de double sommet historique potentiel.
Le dernier segment de hausse, c’est une montée en chandelle sans la moindre consolidation depuis le plancher des 590 points, avec une accélération haussière à perdre haleine au-dessus de la résistance majeure des 750 points (qui devient par la force des choses le seul véritable point d’appui en cas de correction moyen terme).
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Imaginez quel cauchemar boursier se profilerait si nous assistions à un « retour à la moyenne » (en glissement annuel) du ratio « hausses/baisses » de 8/5 au cours des 6 prochains mois !
Le Russell 2000 vient d’aligner 24 semaines positives sur 28. Les 24 prochaines (sur 52) pourraient se décomposer en 18 semaines de correction et 6 de rebond technique ! De quoi le voir rechuter rapidement au contact du support oblique long terme des 700 points et même retracer de 50% les 23 derniers mois de hausse entre 350 et 850 points… soit un objectif de 600 points.
Dans le même ordre d’idée, les indices comparables en Zone euro — qui ont largement surperformé les blue chips — seraient exposés à des corrections potentiellement vertigineuses.
Mais pas de panique, aucun scénario aussi funeste ne se profile à l’horizon… tant que les marchés jugent impossible un resserrement du loyer de l’argent par les banques centrales, ou un effondrement des bons du Trésor US.
En attendant, à court et moyen terme, les small et midcaps font mieux que les grandes. C’est toujours cela de pris.
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