Le second semestre n’est décidément pas exceptionnel pour les IPO… Vous vous rappelez sans doute que Deezer avait échoué à s’introduire sur le marché, évoluant dans un secteur si concurrentiel et saturé que la valorisation avait pu en effrayer plus d’un… Vous vous souvenez aussi sûrement que les débuts en Bourse de Showroomprivé (FR0013006558 SRP) avaient été assez compliqués avec un cours nettement en dessous du cours d’IPO dès les premières transactions… Voilà que maintenant le fournisseur de cartes à puce et de logiciels de sécurité Oberthur Technologies, premier concurrent de Gemalto (NL0000400653), renonce à son projet d’IPO, moins d’un mois après avoir enregistré son document de base. Raison évoquée par le groupe, dont on ne connaissait ni le montant de la levée de capitaux escomptée, ni la valorisation boursière : les conditions de marché actuelles.
Pour tout vous avouer, je trouve l’explication pour le moins surréaliste… Car comment évoquer des conditions de marché difficiles alors que le CAC 40 vient de gagner plus de 6% en un mois sur fond de baisse des taux en Chine et de possible accentuation du QE ? On ne peut pas dire que les marchés sont si difficiles en ce moment, certains analystes, dont moi-même, estiment même que l’indice parisien pourrait remonter au niveau des 5283 points – son plus haut-historique atteint au printemps dernier – d’ici quelques mois. Il est donc pour le moins étrange d’accuser les marchés financiers d’une certaine faiblesse alors même que le CAC est dans une phase particulièrement haussière.
Alors pourquoi l’entreprise française de technologies de sécurité a-t-elle vraiment différer – voire, annuler – son introduction en Bourse ? L’hypothèse la plus optimiste que nous pouvons faire est que le dossier Oberthur est paru finalement trop cher aux yeux des rares investisseurs qui ont eu la chance de voir le dossier. En fait, il faut savoir que l’objectif de la levée de fonds, d’après les éléments glanés de ci de là, visait à réduire d’environ de moitié la dette du groupe. Cette dette est actuellement six fois supérieure à l’excédent brut d’exploitation, occasionnant actuellement des charges financières annuelles d’environ 50 M€.
De même, certains esprits chagrins critiquaient en off le fait que le fonds américain Advent international, devenu en 2011 actionnaire majoritaire de l’entreprise pour 1,15 Mds€, grâce à un LBO (leverage buy out, un mécanisme de rachat par effet de levier de la dette), avait des velléités de sortie du capital. Bref, il y a sans doute de nombreuses autres raisons pour expliquer cet échec, qui vont nécessairement au- delà de simples conditions de marché qui sont tous sauf défavorables actuellement.