Un roc. De ces hommes qui en ont vu beaucoup d’autres. Qui ont traversé bourrasques et parfois tempêtes, mais qui, au fond, vacillent tout juste.
En cette matinée du jeudi 10 octobre 2019, Jean-Michel Aulas, en businessman chevronné et en indécrottable optimiste, avait le sourire et de solides raisons de l’avoir.
Car si les médias ont régulièrement tancé ces dernières semaines les résultats décevants de l’équipe masculine en Ligue 1, lesquels ont fini par avoir raison de Sylvinho, entraîneur profane, compatriote et ami proche de l’intouchable Juninho, ci-devant meilleur joueur de l’histoire du club et désormais directeur sportif, la situation financière de la société, elle, est tout ce qu’il y a de plus rassurant.
Principal prodrome à l’éviction du coach, les Memphis Depay et autres Moussa Dembélé sont nettement rentrés dans le rang, mais ils devraient retrouver le fil de leur football. « JMA » l’impavide ne semble en tout cas pas en douter et assure avoir « de bonnes raisons d’espérer ». Après neuf journées de championnat, l’OL pointe certes à une quatorzième place très éloignée de ses standards habituels et accuse un déficit de sept points sur le podium qui a fait sourdre la colère des supporteurs. Il reste néanmoins dix matchs pour « se refaire » avant la trêve hivernale et le président ne désespère pas d’accrocher la troisième place à mi-parcours… et de ne plus la lâcher.
Reste à savoir qui reprendra le flambeau. Qui aura la lourde tâche d’orchestrer la remontada et de succéder au susmentionné Sylvinho, jugé principal responsable des récentes déconvenues, achevé par la défaite à Saint-Etienne, le rival honni, dimanche dernier et dont on peut se dire, avec le recul, que le costume de l’OL était trop grand pour lui…
Jean-Michel Aulas a certainement sa petite idée, mais n’a sans surprise pipé mot à ce sujet. Peut-être parce que son choix n’est pas encore arrêté, et d’abord parce que la raison de sa présence à Paris, au centre de conférences Edouard VII, était tout autre. Il s’agissait ici de commenter les résultats annuels d’OL Groupe (FR0010428771-OLG).
Des cessions pertinentes
« Le virage vers le full entertainment est complètement pris ». D’une phrase, « JMA » a résumé la mutation de la société qu’il dirige d’une main de fer depuis trois décennies. Une société qui a dégagé 309 M€ de revenus au terme de son exercice 2018/2019, environ 20 M€ de plus qu’à l’issue du précédent, et un Ebitda record de 76,9 M€, d’où une belle marge de 25%.
Une société qui ne se résume pas à l’équipe masculine de L1, d’autant que, de leur côté, les féminines continuent de casser la baraque sur les scènes nationale et européenne, avec toujours les Eugénie Le Sommer, Amandine Henry et Wendie Renard en superstars, et que l’OL « reste en tête dans toutes les catégories de jeunes », comme « JMA » a tenu à le rappeler.
Le chiffre d’affaires provenant de la billetterie continue pour sa part d’augmenter, à la faveur du retour de l’OL en Ligue des Champions, compétition-reine qui fait plus que jamais recette et qui génère des droits TV aussi conséquents qu’indispensables. Sur l’exercice clos, les droits UEFA ont ainsi atteint 71,2 M€, c’est-à-dire… 400% de plus qu’au 30 juin 2018 (NDLR : l’OL disputait certes l’Europa League, bien moins rémunératrice, lors de la saison 2017-2018).
Mais si OL Groupe voit ses résultats s’améliorer d’année en année, c’est aussi parce qu’il sait très bien vendre. A elles seules, les cessions de Tanguy Ndombele à Tottenham et de Nabil Fekir au Bétis Séville, réalisées après la clôture de l’exercice, ont par exemple rapporté, net, 68 M€.
Celle, légèrement antérieure, de Ferland Mendy, parti grossir les rangs du Real Madrid, a quant à elle ajouté 43 M€ dans les caisses au titre de 2018/2019, d’où un mercato d’été exceptionnellement lucratif et qui témoigne de la capacité du club à coller à l’évolution du marché mondial des transferts, en perpétuelle progression.
Dans un autre registre, la période estivale a aussi été marquée par la Coupe du Monde féminine, un tournoi qui a suscité un bel engouement, en particulier dans l’Hexagone, et a permis à OL Groupe de gagner en visibilité. Les deux demi-finales et la finale se sont en effet tenues dans son écrin, le Groupama Stadium.
Une nouvelle arena
OL Groupe est par ailleurs en train de construire une autre structure, une nouvelle arène multifonctionnelle qui devrait être livrée en 2022 ou en 2023 et qui accueillera entre 12 000 et 16 000 spectateurs. De 80 à 120 événements s’y tiendront chaque année, ce qui en dit long sur les espoirs placés dans cette future enceinte, laquelle représente un investissement de l’ordre de 100 M€ et participera directement de la vitalité culturelle de la capitale des Gaules.
Jean-Michel Aulas, qui espère que l’OL réintégrera le top 20 des clubs européens au niveau économique, n’a pas de modèle, à l’exception peut-être du Bayern Munich, au demeurant connu de longue date pour sa gestion rigoureuse. Il ne se cantonne pas non plus au football et, outre l’e-sport, a commencé à avancer ses pions dans le basket-ball via l’écot d’un certain Tony Parker, devenu ambassadeur de l’OL à l’international, et qui œuvre en particulier au développement de la marque en Chine et aux Etats-Unis.
Un travail de séduction qui relève du bon sens quand on sait qu’OL Groupe détient actuellement 25% du capital de l’ASVEL, club emblématique du basket français que dirige « TP » et qui, sous son impulsion, a fait son grand retour en Euroleague.
De son côté, « JMA », pour en revenir au ballon rond, peut se prévaloir de « succès économiques uniques en France » et se réjouit de la mise en œuvre du fair-play financier (FPF), grand œuvre de Michel Platini amené à s’intensifier et qui, pour peu qu’il soit scrupuleusement appliqué, « permettra à (l’OL) de lutter à armes égales contre les meilleures armadas sportives européennes ».
Le président n’a toutefois pas attendu que le FPF rebatte les cartes pour faire évoluer son groupe, avec une énergie intacte et, d’ores et déjà, de réels motifs de satisfaction. Aucune trace d’usure chez « JMA », taulier d’un OL Groupe qui vise toujours les 400 M€ de chiffre d’affaires à horizon 2024 et qui a ouvert « une dizaine d’académies de football sur tous les continents ». Comme un symbole de la politique d’ouverture d’une société ambitieuse, généreuse et qui a toujours accordé une place de choix à la formation.
Sans doute parce qu’en sport peut-être plus qu’ailleurs, l’avenir appartient à la jeunesse.
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