Une certaine inertie – voire une inertie certaine – prévaut actuellement sur le pétrole, avec un baril de Brent dont le cours évolue dans un « range » serré, entre 59,3 et 63,4 $ maximum depuis le 3 juin dernier.
Les tensions dans le Golfe Persique ont été relativisées par les spécialistes, aucun élément concret (et aucun témoignage d’un allié des Etats-Unis) n’étant venu confirmer la thèse de Washington d’un Iran agresseur de pétroliers (dont, pour rappel, Téhéran est supposé assurer la sécurité dans le détroit d’Ormuz).
Même si le facteur géopolitique n’a pas restauré une dynamique plus haussière sur l’or noir, il restait tout de même une chance de voir des éléments plus « techniques » le sortir de sa torpeur. Celle-ci s’est présentée hier avec un repli des stocks hebdomadaires de pétrole américain (selon les données que publie l’EIA, l’agence américaine de l’énergie), mais ni le Brent, ni le WTI n’ont redécollé.
Les cours ont tout juste tressailli de 0,2% à Londres et à New York, alors même que les stocks de pétrole brut ont diminué près de trois fois plus que prévu par le consensus lors de la semaine close le 15 juin à -3,11 millions de barils. Un repli imputable pour l’essentiel à celui des réserves d’essence (-1,69 million de barils) et de « distillats » (fioul domestique, fioul agricole), lesquelles ont reculé de 550 000 barils.
La FED temporise sur la baisse des taux directeurs
Puisque ni le géopolitique, ni le « quantitatif » n’ont eu d’incidence sur les cours, il restait comme facteur de soutien un éventuel accord sur une date de réunion de l’OPEP (c’est chose faite depuis mercredi matin, sommet fixé au 1er et 2 juillet, sans aucun impact sur le baril) et un hypothétique discours volontariste de Jerome Powell, avec une démonstration de la détermination de la FED à soutenir la croissance américaine.
Mais rien de tel dans le communiqué final du FOMC (comité de politique monétaire) de la Réserve fédérale, et Donald Trump va être furieux puisque son président et ses collègues considèrent qu’il n’y a aucune raison de baisser rapidement les taux d’intérêt.
Les chiffres d’activité économique restent robustes, l’inflation reste modérée, aussi la FED ne détecte-t-elle pas d’inflexion soudaine et alarmante de la conjoncture susceptible de faire évoluer sa politique monétaire.
Les « dot-plot » des membres du FOMC suggèrent même que, contrairement aux anticipations de Wall Street, le taux de base des fonds resterait stable au second semestre, avant de n’être réduit qu’une seule fois en 2020 (un tel geste isolé serait totalement absurde parce que totalement inefficace, soit dit en passant) et de remonter vers 2,25/2,50% en 2021.
Ce faisant, la FED a pris l’exact contrepied de la BCE, qui a quant à elle étendu la visibilité sur sa politique monétaire de 6 à 12 mois et ouvert la porte à un retour du « quantitative easing » (« QE »). A l’inverse, son homologue américaine ne s’est engagée à rien et se contentera de s’adapter aux circonstances.
De quoi, en effet, et malgré un accueil plutôt circonspect de Wall Street (qui a masqué sa déception par un gain de +0,2%), rendre furieux un Donald Trump qui exigeait au minimum une posture accommodante de la FED susceptible d’affaiblir le dollar…
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