Nous avons vu précédemment
1/ quelles étaient les principales activités d’une banque ;
2/ pourquoi une banque craint plus que tout que vous retiriez votre argent de chez elle.
Mais… savez-vous pourquoi nos politiciens et dirigeants ont si peur que les banques fassent faillite ?
Une banque doit optimiser l’utilisation de ses ressources en réalisant une adéquation entre l’offre et la demande de crédit, ce qui doit permettre de créer les conditions de la croissance économique.
La banque a donc ainsi une responsabilité vis-à-vis des clients épargnants. Elle doit assurer la sécurité des fonds déposés, mais aussi rentabiliser l’épargne confiée, offrir des services financiers comme de paiement à des conditions de tarification raisonnables.
◊ Trouver de l’argent pour permettre de financier l’économie réelle
Elle a également une responsabilité vis-à-vis des clients qui sont en besoin de financement. Vous comprenez donc que les banques ont cette fonction de transformation, qui consiste à utiliser la ressource des clients (ou celle empruntée sur les marchés) pour financer à court, moyen et long terme l’économie réelle.
L’activité bancaire doit donc tendre à stabiliser le système économique mais les difficultés du secteur bancaire sont de nature à mettre en péril l’économie et la société. C’est en cela que l’activité bancaire est dite systémique : en cas de problème, elle peut mettre en péril l’économie du pays. C’est la raison pour laquelle le secteur bénéficie de ce que l’on appelle l’aléa moral (« avec un sauveur en dernier ressort »). En gros, l’Etat renfloue ou nationalise (exemple Crédit Lyonnais). Moralement, on sent là une déviance : « je peux faire n’importe quoi, l’Etat me sauvera ».
Les banques ne peuvent évidemment pas tout et les entreprises doivent souvent trouver des moyens de financement à encore plus long terme sur les marchés : par exemple en émettant directement leurs propres obligations, en donnant leurs fonds propres en garantie, en prenant des hypothèques…
Et pour ce faire, il faut des agents économiques prêts à immobiliser beaucoup de cash pendant longtemps : compagnies d’assurance, gérants de fonds (asset managers), caisses de retraite et fonds de pension.
◊ La responsabilité politique
A ce stade, on aura enfin compris que si l’on veut que l’économie continue à fonctionner et à créer des richesses, on doit pouvoir disposer de banques solides et de marchés financiers profonds, liquides et efficients. Et au lieu de ne retenir que les excès d’une frange très minoritaire de la profession dite bancaire, c’est aussi le rôle des hommes politiques – et accessoirement des grands médias – de réaffirmer la nécessité de redéfinir la véritable finance :
- une finance qui doit permettre de financer l’économie au meilleur coût ;
- une finance qui doit faire en sorte que les excédents d’épargne soient recyclés de la manière la plus productive ;
- une finance qui doit permettre aux agents économiques de couvrir dans des conditions de liquidité optimales leurs risques financiers (taux, crédit, change, actions…).
Là encore sans banques solides et marchés financiers profonds, liquides et efficient, point de salut. Et il est absurde, comme je vous le démontrerai, de vouloir revenir au Glass-Steagall de 1933 aux Etats-Unis qui a mis en place une séparation entre les métiers de banque de dépôt et ceux de la banque d’investissement.
Compte tenu de la complexité des économies modernes, cela reviendrait à créer des distorsions majeures dans le fonctionnement de l’économie. Il est quand même étrange, dès qu’une crise survient, que l’on en revienne à ces vieux réflexes soviétiques, tout particulièrement dans notre pays. (Cela fera l’objet d’un prochain article : Faut-il remettre en cause le concept de banque universelle ?).
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3 commentaires
[…] Pourquoi l’activité bancaire est-elle systémique ? AKPC_IDS += "7091,"; […]
[…] une banque ne peut pas faire faillite politiquement compte tenu de son activité systémique (je vous renvoie à ma série d’articles sur le système bancaire) et parce qu’elle […]
[…] Mais les grands financiers ne maîtrisent plus rien, dépassés par toujours plus de sophistication et de complexité des instruments financiers avec toujours plus d’innovations financières. Ils ne maîtrisent plus rien car ils sont également dépassés par une mondialisation qu’ils ont favorisée et par les interactions entre les divers acteurs des marchés financiers (avec l’épée de Damoclès de la “crise systémique” potentielle dont je vous avais parlé à l’automne). […]