En cette période de grande incertitude de l’entre-deux tours, la guerre des mots fait rage entre sarkozystes et hollandais. Chaque camp tirant à boulets rouges sur celui d’en face. A défaut d’idées révolutionnaires, d’aucuns brandissent de vieilles peurs infondées.
A droite ainsi, on agite encore le spectre d’une sanction des marchés en cas d’élection de l’adversaire socialiste. Et de ressortir le sempiternel argument selon lequel l’arrivée « des rouges » à l’Elysée serait immédiatement châtiée par les investisseurs…
• Quel est l’impact d’un président sur les cours de Bourse ?
Je vous rassure, cette crainte est aussi irrationnelle que celle de voir un communiste devenir ministre de l’Economie dans le prochain gouvernement ! En tout cas à moyen terme… Souvenez-vous : lorsque François Mitterrand avait été élu président de la République en 1981, la Bourse avait effectivement réagi en perdant d’abord 17%… avant de rebondir en quelques semaines seulement.
Plus récemment, les soubresauts des cours s’étaient faits encore plus discrets au moment des élections de Jacques Chirac en 2002 (-0,6%), ou de Nicolas Sarkozy lui-même (+0,3%) en 2007. Ce qui signifie bien que les marchés ont compris la décorrélation entre politique et Bourse, et surtout l’impuissance des premiers sur les seconds.
Un tel argument est donc balayé à l’horizon de quelques semaines, et a fortiori de quelques années. Ainsi, cruelle ironie de l’histoire : sur l’ensemble du second mandat de François Mitterrand (1988-1995), l’indice du CAC 40 avait progressé de 70%, alors qu’entre 2007 et le 25 avril 2012, au cours du quinquennat actuel de Nicolas Sarkozy, les cours ont perdu 47% !
En conclusion, vous le comprenez aisément, ce sont les événements macroéconomiques (croissance, récession, crises) qui influent sur les cours, et pas l’orientation politique du président choisi.
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• Les problèmes européens restent entiers et pèsent
Sur le principe, vous me direz que c’est mieux comme ça. Oui, sauf qu’une fois ce problème écarté, il en reste d’autres, non moins importants. En effet, les derniers indicateurs ne poussent pas à l’optimisme : le gouvernement des Pays-Bas, l’un des derniers bastions du triple A, vient de démissionner ; l’Italie admet qu’elle ne tiendra pas son agenda de réduction des déficits ; l’Espagne emprunte à des taux de plus en plus élevés.
Autant dire que les marges de manoeuvre budgétaire du prochain gouvernement seront bien minces…
D’où la difficulté de garder la tête froide entre les Cassandre qui ne jurent que par la rigueur au creux de notre oreille droite, et les promesses de croissance qui se murmurent dans la gauche. Car du côté du favori des sondages, on met en avant le retour de la croissance avec, pour condition, l’application d’une politique de relance.
Longtemps seul à vanter cette alternative, François Hollande peut se targuer d’avoir recueilli ces derniers jours quelques soutiens de choix. Auditionné par le Parlement européen, le directeur de la Banque centrale européenne, Mario Draghi lui-même, a évoqué l’idée d’ajouter un « pacte de croissance » au pacte budgétaire européen.
De son côté, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker s’est également déclaré en faveur d’une « stratégie de croissance » pour faire redémarrer l’économie européenne. Un nouveau consensus serait-il en train de naître ? La route est encore longue.
Pour tentante que soit une telle idée, son éventuelle application sera semée d’embûches. Convaincre l’Allemagne, renégocier le pacte budgétaire déjà voté ou signer un nouvel accord complémentaire ? Voilà quelques questions auxquelles je suis bien incapable de vous répondre aujourd’hui…
• Ma stratégie de prudence
Et comme incertitude rime avec prudence, voici mon plan en deux temps.
Primo, en bon gestionnaire, je connais la faculté d’anticipation (et parfois l’irrationalité) des marchés. C’est pourquoi j’ai considéré préférable de vendre certaines valeurs le mois dernier, anticipant les corrections prévisibles des marchés apeurés. VILMORIN, EDENRED, et EUROFINS sont donc sortis de notre portefeuille sur des gains respectifs de 17%, 25% et 38%.
Pour ceux qui m’ont suivi, grand bien nous en a pris puisque les marchés ont, depuis, déjà marqué de façon prononcée leur nervosité en dévissant fortement début avril. « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » reste un principe que vous devez garder à l’esprit.
Infondées ou non, ces circonvolutions font plus que jamais partie du jeu de la Bourse.
Mais rassurez-vous, cette prudence ne durera qu’un temps. Une fois l’élection passée de quelques semaines, les marchés devraient s’apaiser. Et d’ici là, je vous conseille de rester opportuniste afin de bénéficier de la baisse — injustifiée vous l’avez compris — des cours.