Souvenez-vous
Nous étions fin juin, le monde vacillait, les Bourses dévissaient, l’Europe n’allait plus jamais être la même. Pire, les Anglais venaient de se suicider économiquement.
Pourtant, jusqu’à la veille, lors d’une émission/débat entre traders, je m’attachais à prévenir que Londres n’était pas l’Europe, que les bookmakers ne faisaient pas le vote.
Avouons-le, ma voix ne pesait pas bien lourd face aux analystes qui se succédèrent pour penser déjà à l’après-Brexit, ce soi-disant… non-événement.
J’ai, aujourd’hui, bien au chaud, l’enregistrement de cette émission – elle me servira sûrement un jour !
Je ne dis pas que j’avais tout vu avant tout le monde. Loin de là !
Mais encore une fois, ce consensus formidable, homogène me gênait. Je ne croyais guère à la possibilité du Brexit, mais il me semblait tout aussi inconscient d’écarter cette hypothèse sur le seul fait des bookmakers londoniens ou autres sondages.
La suite, vous la connaissez…
Une ouverture catastrophe sur les marchés action, avec des gaps de près de 10% en Allemagne et dans tous les autres pays européens à l’ouverture.
Mais dans le même temps, l’indice anglais Footsie encaisse la nouvelle avec le flegme de ses compatriotes. Un repli modéré et même une rapide hausse quelques séances seulement après le séisme du Brexit.
De son côté la livre sterling accuse le coup de près de 10% la première journée. On prédit le pire. Elle tombe sous les 1.29 $ dans les jours qui suivent. Pour mémoire, la livre sterling valait encore plus de 1,55 $ un an auparavant et plus de 1.70 $ en 2014.
Le chaos politique
… qui s’en suit est à la hauteur de l’amateurisme avec lequel a été menée cette campagne. Très vite, les perdants (mais qui gouvernent) s’entretuent et voient une opportunité de renverser Cameron ; de l’autre les « gagnants » n’en sont pas vraiment. Il faut quand même se souvenir que Jonhson et Farage, fervents défenseurs du Brexit, avaient quasiment reconnu leur défaite à la sortie des urnes…
A croire que les gagnants, se seraient bien passés de cette victoire. Farage annonçait d’ailleurs quelques jours plus tard laisser de côté sa carrière politique – courageux.
La fin du monde connu attendra
Oui mais voilà, deux ou trois interventions de banques centrales plus tard, les indices sont remontés sur leurs plus-hauts annuels ; les indices européens ont même fermé un gap datant du premier jour de cotation de l’année (considéré comme déterminant par les analystes techniques) et le Brexit… on n’en parle plus.
Mieux : la semaine dernière a permis de faire un point sur la situation économique du Royaume-Uni.
Vous savez quoi ? C’est mieux que prévu.
Les PMI manufacturier et de construction se redressent plus vite que prévu et sont au-dessus des précédents.
Le PMI des services publiés ce lundi a montré également une amélioration et surpasse même la zone d ‘expansion avec 52.9.
Theresa May, fraîchement nommée à Downing Street pour mettre en œuvre le Brexit reconnaît que « les dernières données statistiques montrent que l’impact n’a pas été aussi sévère que prévu ».
La livre sterling passait ce jeudi au-dessus des 1,33 $ et signant la meilleure performance de toutes les devises sur la semaine.
Alors ce Brexit, c’est du vent ?
Encore une fois, le bon sens pourrait permettre de trouver la voie. Résumons.
L’euphorie du Bremain a laissé place à la panique du Brexit qui s’est rapidement évaporée (ben oui, il faut bien prendre des vacances, même quand on est dans une crise financière majeure).
Depuis quelques jours, on entend des commentaires optimistes, des analyses positives et des perspectives encourageantes. Mauvais signe.
Un autre chiffre passé inaperçu est le montant des prêts accordés aux ménages. Il est en baisse drastique. La confiance des entrepreneurs a chuté, celle des ménages aussi (de 111,9 à 104,3 points) après le vote. Les investisseurs étrangers massivement exposés à l’immobilier anglais pourraient déclencher des ventes paniques et l’incertitude des modalités de sorties épaississent encore la brume londonienne.
Pas d’emballement
Theresa May a promis un net assouplissement fiscal visant à protéger la croissance. L’idée est déjà acceptée de laisser filer un peu le budget pour donner de l’air à l’économie en cas de besoin.
Il faudra maintenant attendre mi-octobre pour en savoir plus sur ces mesures.
Plus tôt dans l’été, la banque d’Angleterre avait ressorti le bazooka monétaire pour rassurer le circuit bancaire. Bref, la Grande-Bretagne est redevenue souveraine ; elle va pouvoir faire comme l’Union européenne : essayer de sauver sa peau.
La livre Sterling pourrait repartir à la baisse
Mais avant cela, elle offre encore un potentiel de retracement à la hausse.
Il serait assez normal de voir la livre revenir sous une zone d’overlap vers 1,3850 (zone rosée) d’ici le mois d’octobre. On peut identifier une zone intermédiaire de résistance à 1.3660.
Les plus agressifs pourront travailler la cassure de la zone actuelle (23,6%) des 1,33 $ à l’achat.
Un passage au-dessus de 1,3380 serait pour moi le véritable signal d’une poussée acheteuse solide. L’objectif sera alors à 1,3660.
Ensuite, dans un second temps, jouer la baisse :
Une fois les 1,3660 touchés, les suiveurs de tendance pourront se repositionner à la vente de façon modérée pour pouvoir renforcer sur 1,3850. Le stop sera au-dessus de 1,4070 pour viser un retour sur les plus bas vers 1,28 $.
Gérez vos risques avec prudence sur cette devise qui devrait connaitre pas mal de volatilité dans les prochaines semaines !
Bonne rentrée à tous.