Nouveau carnage sur les marchés ! Et étant donné la notoriété de la société et de son dirigeant, « épinglé » au Japon pour avoir dissimulé des revenus au fisc et dont la garde à vue vient d’être prolongée de dix jours, il ne pouvait que déclencher un gigantesque buzz… Je ne reviendrai pas ici sur les raisons profondes du décrochage boursier de Renault (FR0000131906-RNO), mon confrère Guillaume Duhamel s’en est chargé avant moi, toujours est-il que le marché à sauvagement « lâché » le constructeur automobile.
Vu la vitesse de la chute, certains sont peut-être aussi restés sans bouger et se sont retrouvés littéralement « scotchés ». La tension est il est vrai montée brutalement et l’investisseur lambda a pu se trouver en mode « défensif », voire en mode panique, avec une ligne en perte substantielle.
Or, quand la pression et/ou la peur sont trop fortes, le facteur émotionnel peut l’inciter à liquider sa position, ceci parfois juste avant que l’action ne rebondisse…
Au même moment, et c’est cela qu’il est intéressant de bien comprendre, d’autres investisseurs qui n’étaient pas investis dans Renault ont adopté l’attitude exactement inverse ! Plus précisément, avec un prix à la casse et un PER de 4 bradé, ils ont flairé la bonne affaire et ont été pris d’une envie irrépressible de sauter sur l’occasion. Cupidité quand tu nous tiens…
Tout comme l’effet « peur », l’exemple de Renault a une fois de plus montré que ce sont des émotions qui poussent nombre d’entre nous à agir de façon intempestive, sans plan de route (ou plan de trade) et sans stratégie. L’une des raisons principales qui envoient la très grande majorité des comptes de trading dans le décor, et l’une des raisons pour laquelle nous devons impérativement évacuer l’aspect émotionnel de toute opération d’investissement.
L’objectif premier est de cibler les points d’intervention appelés « zones clés », c’est-à-dire là où le marché a le plus de probabilités de réagir, et de se servir d’un déclencheur pour prendre ou non position sur lesdites zones, voire poser un stop le cas échéant.
▶ Une remontée brutale de l’action reste du domaine du possible
Trêve de digressions généralistes, j’en reviens au cas de notre constructeur national. Place au cadrage !
Il se trouve que l’action est actuellement sur l’une de ces zones « clefs » que je viens d’évoquer. Celle-ci correspond à un retracement de 50% (Fibonacci) de la vague de hausse débutée en 2009, mais aussi à un support graphique (le rectangle horizontal vert) assez large, l’action étant volatile. Les petites flèches rouges et vertes montrent le comportement récurrent des prix à son contact.
Il s’agit d’un support majeur de long terme (« SM »). Comme le dit le fameux adage boursier, on n’attrape certes pas un couteau qui tombe, mais il va tout de même falloir bien surveiller la réaction de l’action dans les jours à venir.
Maintenant, sur un plan purement trading, j’attendrai a minima qu’un signal technique positif vienne valider le fait que les prix commencent à rebondir sur la zone « clef » ciblée.
Nous sommes mercredi, la vue est en hebdomadaire, mais si l’indicateur de tendance MACD délivre un signal positif (la pastille orange) en se retournant sur son axe de propagation, nous devrions alors assister à un début de rebond.
Laissez-moi cependant vous rappeler que le marché est fait d’incohérences – certes souvent générées par les algos – et qu’une remontée brutale de l’action reste du domaine du possible.
Regardez par exemple comment le titre a, en 2016 (les pastilles bleues), réagi à la fois au support graphique et au signal de la MACD (la partie basse du graphique) pour remonter directement toucher sa zone de résistance majeure (« RM », le rectangle horizontal rouge) en reprenant plus de 65% en ligne droite.
Je n’anticipe pas un tel mouvement dans le cas présent, la situation avec les autorités japonaises étant encore trop tendue pour que la visibilité revienne, mais ma conclusion est que si vous vous êtes laissés surprendre par la dégringolade du titre, il serait avisé de ne pas revendre vos positions sur un support clef.
Au contraire, tant que le support tient, tenez aussi votre position !
Et si vous désirez passer à l’achat, soyez modeste, en veillant à bien attendre le signal et plus encore à ne jamais surpondérer votre portefeuille, encore moins dans une configuration comme celle dans laquelle Renault évolue actuellement…
Si vous achetez sur signal, amorcez doucement la position et ne renforcez que quand – et si – une tendance haussière se remet en place par la suite.
L’une de mes règles d’or pour ne jamais laisser de facteur émotionnel avoir prise sur le processus décisionnel est de toujours n’investir qu’un montant par « ligne », de surcroît d’une taille qui n’aura aucun impact psychologique sur vous.
Un plan de trade ne se passe pas bien ? Vous devez alors être en mesure de sortir la position sans aucun état d’âme, et de rester concentré à la fois sur la gestion de vos autres positions et sur le risque global du portefeuille.
Quand on dépasse ce niveau de confort psychologique (qui diffère selon les personnes et non pas forcément en fonction de la taille du compte), on s’expose à de sérieuses déconvenues. Veillez donc à rester sagement en dessous et à diversifier votre portefeuille, avec des lignes de tailles identiques et des stratégies éprouvées afin de maximiser vos chances de démultiplier son rendement.
Bonne route !
Gilles
1 commentaire
Le niveau bas atteint lors du sell-off correspond surtout au VWAP hebdo long terme de l’action…