Début de semaine en mode « gueule de bois » pour Renault (FR0000131906-RNO), dont le titre s’effondre d’un peu plus de 10% vers 15h. Comme cela était à craindre, les investisseurs voient rouge après l’arrestation au Japon de Carlos Ghosn, président de l’alliance Renault-Nissan.
Suspecté d’avoir dissimulé une partie de sa rémunération au fisc japonais, l’industriel libano-brésilien-français, P-DG de Renault depuis 2005, vit certainement ses dernières heures aux commandes de l’alliance. Nissan va quoi qu’il en soit proposer son départ dès jeudi, dans le cadre d’une réunion du conseil d’administration qui devrait faire couler beaucoup d’encre.
Le groupe nippon a officiellement fait état de déclarations de revenus « inférieurs au montant réel pendant de nombreuses années ». Il a en outre rapporté que « de nombreuses autres malversations ont été découvertes, telles que l’utilisation de biens de l’entreprise à des fins personnelles ». Des centaines de millions de yens (centaines de milliers d’euros) auraient in fine été détournés.
Emmanuel Macron affiche sa fermeté
Retentissante, l’affaire a fait réagir jusqu’au sommet de l’Etat, qui détient 15% du capital du constructeur et a d’ores et déjà fait savoir par la voix d’Emmanuel Macron, qui s’est exprimé lors d’une conférence de presse à Bruxelles, qu’il sera « extrêmement vigilant à la stabilité de l’Alliance [Renault-Nissan] et au groupe ».
Inéluctable, le départ de Carlos Ghosn suscite bien sûr des interrogations quant à sa succession. Véritable capitaine d’industrie, ce dernier a pour lui des résultats concrets, dont le sauvetage de Nissan, qui lui valait une cote de popularité élevée au Japon jusqu’à ces dernières heures. Avec le recul, d’aucuns songent peut-être aussi à Carlos Tavares, lequel lorgnait les rênes de Renault et a finalement cédé aux sirènes de l’éternel rival, Peugeot, qui l’a débauché en 2014 et n’a pas eu à regretter son choix, tandis que Carlos Ghosn restait cramponné aux commandes.
En Bourse, l’action accuse à présent une baisse de près de 31% depuis le 1er janvier et se paie sur un PER de 4. Les incertitudes à venir plaident toutefois pour la prudence et la dernière publication trimestrielle a révélé des difficultés en dehors du Vieux Continent, notamment en Argentine et en Inde, où les ventes ont reculé de respectivement 24,9 et 34,7%…
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