« Il faut passer l’été coûte que coûte ! »
Tel fut le mot d’ordre des maîtres du Monde tant de ce côté de l’Atlantique que de l’autre. Car, à défaut d’actions, nous avons été gratifiés de petites phrases qui ont ravi ou déçu les opérateurs des marchés financiers. Cette sensibilité extrême aux petites phrases est une caractéristique de plus en plus affirmée des marchés modernes. C’est consternant, je vous l’accorde, mais le résultat est là : nous avons passé l’été sans catastrophe boursière.
Retour donc sur un été boursier… complètement creux.
Le 29 juin dernier Mario Draghi déclarait à la sortie du Conseil européen : « Je suis réellement satisfait de l’issue du Conseil européen. Il témoigne de l’engagement à long terme envers l’euro de tous les Etats membres de la zone euro ». Le communiqué du Conseil, une sublime prose écrite au conditionnel, ne donne aucun détail sur la mise en oeuvre de ces voeux pieux d’autant que la lecture qui en est faite n’est pas la même si on se place du point de vue du groupe Allemagne-Finlande-Pays-Bas ou des pays de la zone euro empêtrés dans les difficultés financières, France comprise. Les opérateurs saluaient néanmoins l’effort en poussant les indices vers le nord : +4,75% à Paris.
Constatant son incapacité à agir sur les dossiers italien et espagnol, le 26 juillet Mario Draghi poursuivait son exercice de petites phrases, cette fois en brandissant une menace à l’encontre des « méchants » spéculant sur les dettes souveraines, cause de tous les maux de la zone euro, selon lui : « Dans (ce) cadre [Nda : du mandat de la BCE], la BCE est prête à faire tout ce qu’il faudra pour préserver l’euro ». Sans attendre de savoir de quoi pourraient bien être faites ces mesures miracles, les marchés explosaient. A Paris le CAC 40 s’envolait de 4,07% et à Madrid l’indice était satellisé à +6%.
Et puis, quelques jours plus tard, le 2 août, le même Mario décevait les marchés. Les opérateurs attendaient, haletants, le détail de son plan. Il n’est pas venu. Bilan, une baisse de 2,68% pour le CAC 40 – mais surtout l’indice affichait une amplitude de plus de 140 points sur la séance. Mais là encore, la déception fut de courte durée.
Le lendemain, la publication des statistiques de l’emploi aux Etats-Unis redonnait de l’optimisme aux opérateurs grégaires. Le CAC 40 terminait en hausse de 4,38%. Pourtant une statistique, isolée et sur un mois, est bien loin d’augurer d’un changement de tendance. Avec ces derniers chiffres, la moyenne mensuelle des créations d’emplois en 2012 s’établit à 151 000 alors qu’elle était de 153 000 en 2011. Pas de quoi pavoiser alors que le réel chiffre du chômage aux Etats-Unis se situe toujours à 15% de la population active et qu’un quart des Américains bénéficie des programmes d’aide alimentaire du ministère de l’agriculture. Ah mais… cela permettrait-il d’entrevoir un prochain QE… ?
Jean qui rit, Jean qui pleure !
La situation fondamentale n’a pourtant jamais été aussi exécrable en Europe ou aux Etats-Unis, pour ne pas parler du Japon. Absolument aucune solution ne se profile à l’horizon. Les pays européens sont entrés ou entrent progressivement en récession. Les Etats-Unis y sont probablement déjà entrés. La croissance chinoise s’effondre faute de commandes de la part de ses clients étranglés par la récession. Les chiffres publiés le 10 août montrent un arrêt net des exportations chinoises (+1% sur un an) et un tassement prononcé des importations (+4,7% sur un an).
L’été 2012 fut, à mon humble avis, l’été de tous les dangers. Mario le savait, bien évidemment et c’est pour cette raison qu’il a utilisé une stratégie de communication futile pour tenter de gagner du temps jusqu’à l’entrée en fonction du MES cet automne. Mais que peut faire de plus le MES ?
Le financement de tous ces « machins » est assuré par les mêmes pays qui, les uns après les autres, viennent réclamer de l’aide. Imaginez un instant un banquier qui aurait devant lui un groupe de personnes interdites bancaires et qui les solliciterait collectivement pour obtenir un prêt pour le rembourser. Eh oui, nous en sommes là !
Les Américains sont aujourd’hui dans une situation à peine meilleure que la nôtre. [Ndlr : pour connaître la situation de la France, vous pouvez consulter cette video.] L’endettement de l’Etat fédéral ne cesse de croître à un rythme effréné. Or cet endettement n’est que la face visible de la dette américaine. Une comparaison avec les endettements européens ne peut se faire sur cette base. Il faudrait y ajouter l’endettement des systèmes sociaux, celui des différents Etats ainsi que les charrettes de dettes des Fannie, Freddie et autres Mae. Sur cette base, l’endettement des services publics américains est plus proche de 140% que des 105% annoncés.
Même avec une Réserve fédérale qui achète à tour de bras de la dette américaine, le niveau des intérêts augmente d’année en année. Sur les 11 000 milliards de dollars de dettes américaines détenues par le public, la maturité moyenne était de 64 mois en mai dernier (14 mois de plus que ce qu’elle était en octobre 2008), faisant des Etats-Unis le pays ayant la plus faible maturité de dettes des pays de l’OCDE. Ceci explique pourquoi le niveau des taux est crucial pour les Etats-Unis et pourquoi la Réserve fédérale a entrepris de faire glisser la maturité de la dette qu’elle détient vers des maturités longues.
Imaginez un instant que les taux s’emballent du fait d’une défiance croissante des investisseurs. Les investisseurs étrangers détiennent la plus grande partie de la dette courte. Sur à peu près 3 ans de maturité, ce sont environ 2 000 milliards qui sont exposés à une éventuelle hausse au moment du roulement de la dette (plus la nouvelle dette à financer).
Les deux pays qui sont actuellement sur la sellette en Europe rémunèrent leurs créditeurs entre 6 et 7%. Soit beaucoup plus que le taux moyen de la dette américaine courte. Ce ne serait pas 500 mais 650, 700 ou 800 milliards que les Etats-Unis devraient alors sortir pour honorer leur engagement si un scenario à l’espagnol survenait. Cerise sur le gâteau, la Réserve fédérale qui détient aujourd’hui 1 650 milliards (eh oui) de dollars de dettes fédérales devrait alors assumer une très grosse perte qui effacerait son capital.
Dans ces conditions, laissons aux marchés actions le luxe d’un petit rebond estival. Mais, soyez-en certain, ils ne perdent rien pour attendre car ce sont les fondamentaux qui font la tendance de long terme et non les petites phrases de Mario ou de Ben.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que les conditions actuelles réussissent à Mathieu Lebrun !
Après une série gagnante de 10 gains consécutifs en juin… après les plus-values de 42% et 210% débouclées ces dernières semaines… il a récidivé avec un gain de +253% début août !
Alors… qu’attendez-vous pour suivre ses conseils ? Tout est expliqué ici…
3 commentaires
[…] parution dans le Billet du Trader le 12/08/2012. AKPC_IDS += […]
[…] en Europe et même en Chine. Mais, à part des petites phrases pour redonner espoir aux marchés, rien de concret ne s’est produit et les problèmes de l’Espagne ou de la Grèce sont toujours là. Qu’il y ait […]
[…] en grande partie à l’intervention remarquée du président de la BCE, annonçant fermement qu’il ferait tout ce qui est possible pour soutenir l’euro. Ce dernier étant […]