Après avoir fait le point trimestriel sur les indices américains, voici le volet européen dans lequel je m’intéresse à son indice directeur, l’Euro Stoxx 50 (SX5E).
J’avais d’abord prévu de parler de l’Euro Stoxx, du DAX et du CAC dans un même article. Pour tout vous dire, j’en ai abonné l’idée. D’une part, cela aurait été trop long ; d’autre part, ce que j’ai à dire sur l’Euro Stoxx mérite un peu d’exclusivité ! Nous reparlerons du DAX et du CAC dans les prochains jours. Notez dès à présent que ce qui est valable pour l’Euro Stoxx est aussi valable pour ces indices.
L’objectif de ces analyses trimestrielles est de dégager un point de vue global et long terme. Ne perdons pas de vu que les conclusions, en toile de fond de ces analyses, doivent orienter des décisions de trading au cours du trimestre prochain. Nous commençons ainsi par l’indice européen phare : l’Euro Stoxx 50.
Je vous résume succinctement les principales conclusions de la précédente analyse trimestrielle :
- La zone des 3 000 points (segment horizontal vert, puis rouge) est extrêmement importante. Elle jouera le rôle d’arbitre (entre haussiers et baissiers).
- Une première attaque baissière avait été anticipée, les cours ayant corrigés de 12% (j’attendais une correction de 15%).
- Après cette belle impulsion, l’analyse technique se concluait par : « maintenant, on risque d’avoir un marché sans direction à exploiter et, donc, sur lequel il est inutile (voire dangereux) de se positionner ».
Trois mois plus tard, les prix ont effectivement peu varié et les conclusions pourraient être identiques à première vue. Sauf que non. Pas du tout. Je pense au contraire qu’il existe maintenant une PROBABILITÉ non négligeable pour que le mouvement accélère au cours des mois à venir.
Je vous propose alors deux vues de l’Euro Stoxx 50. La première vue étant conventionnelle et la deuxième… hummm… un peu moins ! Je vous laisse juger par vous-même.
La première façon de voir est basée sur le graphe ci-dessous.
La zone des 3 000 points était un support majeur depuis 2013. A chaque fois que celui-ci a été en danger, il a été préservé. Des mèches de bougies ont pu passer dessous, mais les banques centrales ont toujours sorti l’artillerie lourde : les prix ont toujours réussi à la préserver. Parfait.
Sauf que ce n’est plus le cas. Les deux dernières bougies mensuelles ont clôturé en dessous. Pas de beaucoup. Mais en dessous.
Clairement, l’ancien support des 3 000 points (rectangle vert horizontal) se transforme maintenant en résistance (rectangle rouge et « R »).
Et ce n’est pas anodin ! Au niveau trading, cela veut simplement dire :
- au-dessous de cette résistance, on ne joue plus haussier ;
- inversement, attention à tout signal baissier intervenant sous cette résistance, surtout si les prix déclenchent ce genre de signal alors qu’ils effectuent un pull back sur la zone des 3 000 points.
Au niveau technique, l’indicateur de momentum (le Stochastique Momentum Index) se trouve maintenant en zone de survente (pastille jaune).
Faut-il donc espérer un signal haussier qui vienne sauver les marchés et invalider les hypothèses précédentes ?
En investissement, vous le savez bien… on évite soigneusement d’espérer quoi que ce soit ou de se faire des plans sur la comète. Au contraire, on fait en sorte de valider ses prises de position par une lecture aussi factuelle que possible du message délivré par les prix (analyse graphique) et de prendre position sur des niveaux clés – si et seulement si – ceux-ci sont validés par un signal technique.
Et la validation du signal technique, sérieusement, il y a intérêt à ne pas l’anticiper. Jamais ! Savez-vous pourquoi ?
Eh bien, prenez un instant pour jouer au jeu des sept erreurs avec ces deux graphes :
A priori, deux figures de renversement en « Epaule/Tête/Epaule », relativement identiques. A priori, même configuration technique au niveau du SMI. Il est en survente (mais vous pouvez prendre n’importe quel autre indicateur borné, ce sera la même chose).
Maintenant, vous vous placez sur le graphe de gauche. Au moment où le SMI arrive en zone de survente, donc quand débute la grande barre verticale jaune qui relie les prix et l’indicateur.
Eh bien, si un investisseur était resté confiant dans le fondamental et avait fait un peu d’analyse technique tout en anticipant « légèrement » un retournement du SMI, c’est dommage. Il aurait perdu plus de 50% de sa mise le temps que le signal ne se valide.
Eh oui, à gauche nous sommes en 2008 et à droite… c’est maintenant. Les configurations sont tout simplement identiques.
Vous comprenez maintenant pourquoi, en introduction, je prenais le risque de dire : « Je pense qu’il existe maintenant une PROBABILITÉ non négligeable pour que le mouvement accélère au cours des mois à venir ».
Je ferai donc attention, extrêmement attention à la suite des évènements. Continuons un peu les analogies avec 2008 : rappelez-vous que le problème est parti des bancaires. Avant que Lehmann chute et entraîne les indices par le fond, les médias mainstream de l’époque répétaient à tue-tête que tout allait bien, jusqu’au moment où ça n’allait soudainement plus bien du tout et que Lehmann a fait faillite !
J’ajoute, et désolé de sortir de mon rôle d’analyste technique, qu’en ce moment, la pression monte sur les bancaires. Notamment sur Deutsche Bank et sur les banques Italiennes. Lisez à ce sujet les articles de Philippe Bechade, notamment celui-ci sur la DB et cet autre sur les banques italiennes.
Conclusion
Pour conclure, je réitère la très simple position actuelle sur l’Euro Stoxx :
- Sous la résistance des 3 000 points, pas d’initiative à l’achat.
- Attention à tout signal de vente à venir à partir de maintenant. Pour l’instant, il n’y en a pas et si c’est le cas, nous y reviendrons évidemment très rapidement.
Gilles