Le rendement des « BTP » italiens 2028 (les bons du Trésor de référence à 10 ans) vient de franchir le cap des 3,60% (le pire score depuis le 24 février 2014), soit 20 points de plus que vendredi, 80 de plus que le 26 septembre, et un doublement depuis la mi-avril… tandis que la bourse de Milan décroche de 2,5% (MIB, le principal indice, chute de 2,5%, sous le palier psychologique des 20 000 points).
Et ça commence à sentir le roussi entre Rome et Bruxelles, avec échanges de petites phrases assassines et de noms d’oiseaux. Après sa fine allusion la semaine dernière à la « sobriété » légendaire de Jean-Claude Juncker, Matteo Salvini renchérit ce lundi en qualifiant le président de la Commission européenne « d’ennemi de l’Europe », vocable auquel il associe Pierre Moscovici. Notre insurpassable commissaire aux Affaires économiques et monétaires se réjouit en effet de l’excellente situation de la Grèce (en faillite et accablée de dette pour les 50 prochaines années) et s’alarme des déficits italiens (pays qui dégage encore des excédents primaires, malgré une croissance moribonde).
Les salves de Salvini
Et Matteo Salvini ne lâche pas ses têtes de turc, conforté par des sondages qui suivent une pente strictement inverses de celle d’Emmanuel Macron : « Ce sont Juncker et Moscovici qui ont apporté la peur et la précarité au travail en Europe » (il fait directement allusion à la version italienne de la « Loi travail » infligée à l’Italie par l’ancien président du Conseil, Matteo Renzi).
S’il ajoute à l’attention des agences de notation qu' »une sortie de l’euro n’est pas à l’ordre du jour, pas aujourd’hui, ni demain ou après-demain », de fait un abaissement de la note de la dette italienne (fin octobre) enverrait un très mauvais signal aux marchés.
Vers une crise de la dette italienne ?
Moody’s pourrait dégrader en dessous de Baa2 (à Baa3) et il ne resterait alors aucune marge de sécurité avant de basculer en « catégorie spéculative » (Ba1).
Rappel : Baa3, c’est l’équivalent de BBB- chez Fitch et S&P… et être noté BB+, c’est également tomber en catégorie spéculative.
Pour l’Italie et ses créanciers, ce serait l’équivalent d’une bombe à neutron pour les « BTP »… et cela ouvrirait un boulevard politique vers l’Italexit (la responsabilité des « agences » serait alors écrasante).
Le budget italien, cette possible bombe à retardement qui indispose la Commission européenne