Le Nasdaq vient d’aligner une 7ème séance de baisse consécutive depuis son dernier zénith des 4 900 pts du 17 septembre (il n’y avait ru « que » 6 séances de replis du 18 au 25 août). Il a désormais retesté sa plus basse clôture du 25 août (à 4 505 pts).
Ceci pourrait constituer l’ébauche d’un parfait « W » haussier alors que les vendeurs à découvert s’en sont donné à cœur joie sur les biotechs et les « pharmas » depuis le fameux « tweet à 132 Mds$ » d’Hillary Clinton.
Le tweet à 132 Mds$
Dans ce tweeten question, Hillary Clinton promettait de réduire les coûts médicaux par l’encadrement de prix de ventes des médicaments. La candidate démocrate réagissait ainsi au scandale provoqué sur les réseaux sociaux par la décision d’un jeune spéculateur cynique – Martin Shkreli, 32 ans –de multiplier par 55,5 (de 13,5 $ à 750 $) le prix du Daraprim dont il avait racheté les droits (via son hedge fund Turing Pharma), sous prétexte de « faire de meilleurs profits ». Et ce alors même que le cachet en question dégageait déjà une marge de 50% à son prix de vente originel.
Une dérive, un paroxysme d’avidité et un chantage à la mort des patients atteints du VIH – le Draprim est aussi prescrits contre la malaria et la toxoplasmose – qui est devenu l’emblème de ce que le libéralisme peut produire de pire et de plus révoltant, au mépris de toute forme d’éthique… et aussi, accessoirement, au mépris de l’équilibre financier des organismes chargés de gérer la santé publique.
Par ce scandale, Wall Street a pris conscience que de nombreux laboratoires récemment introduits en Bourse avaient atteint des valorisations stratosphériques en se targuant de pouvoir commercialiser à des prix astronomiques des médicaments « exclusifs » (absence de concurrence, donc de prix plafond… c’est l’ABC du libéralisme pur et dur : la force du monopole) parce que les patients n’ont pas le choix et que leurs mutuelles ont les « poches profondes ».
Les mutuelles et le gouvernement américain sont déterminés à corriger de tels abus : ils risquent de se montrer très pointilleux sur les prix pratiqués : le mythe de la corne d’abondance (celle de Medicare et des autres assureurs santé) sur lequel reposait de nombreux business models a donc bel et bien vécu.
Après une quinzaine meurtrière pour les cours, le compartiment des biotechs américain ressemble donc à un champs de ruine fumant et, de son côté celui des « pharmas » apparait méchamment lézardé.
Des valeurs divisées par deux… après avoir été multiplées par 12
Des titres vedettes, comme Amgen (US0311621009 AMGN) sont passés de 180 à 130 $. Et les cas similaires sont nombreux : Biogen (US09062X1037 BIIB) est passée de 480 à 267 $, Gilead (US3755581036 GILD) de 123 à 95 $, Regeneron (US75886F1075) de 600 à 435 $, Biomarin (US09061G1013 BMRN) de 145 à 98 $, Vertex (US92532F1003 VRTX) de 143 à 98 $. Autant de stars du Nasdaq qui affichent en 6 mois des replis de parfois plus de 50% pour les plus spéculatives d’entre-elles.
Au final, le NBI ? le Nasdaq Biotechnology Index, a perdu près de 30% en 2 mois et demi, cassant son support de long terme (segment bleu) qui passait par les 3300 points.
Cela peut sembler sévère, mais en remontant 18 mois en arrière, on découvrirait que tous ces titres avaient doublé ou triplé de valeur et avait parfois même était multiplié par 12 en seulement 5 ans. C’est le cas de Regeneron passé de 55$ en janvier 2012 à 605$ en août dernier… et qui affiche encore un PER de 40.
Pourquoi s’attarder sur Regeneron ? Eh bien tout simplement parce que Sanofi (FR0000120578) détient 22% du capital… et que cette participation vaut au bas mot quelque 10 Mds€.
Il y a 6 semaines, la capitalisation de Regeneron, dopée par l’approbation du Praluent par la FDA en début d’année, représentait tout bonnement la moitié de celle de Sanofi (qui était alors autour des 115 Mds€). Il est alors facile de comprendre en quoi Sanofi est devenu sensible – et vulnérable – à l’évolution du compartiment des « pharmas » américaines, qui pèse également lourd sur la tenue du Nasdaq-100 et dans une moindre mesure sur le S&P 500.
Aussi Sanofi ne peut désormais plus être considérée comme une valeur « défensive ».
Néanmoins, comme je le mentionnais en début de chronique, si un rebond technique s’amorce en « W » sur les 4 500 pts (déjà +2,25% hier, vers les 4 620Pts), alors les biotechs devraient figurer comme fer de lance de la reprise des indices américains. (C’est la raison pour laquelle notre spécialiste du secteur, Ray Blanco, conserve précieusement ses pépites biotechs, et s’apprête sûrement à se renforcer sur certaines d’entre elles. Il vous en dit plus dans sa video sur sa méthode… mais c’est vrai qu’indépendamment du risque de surveillance accru des prix pratiqué, certaines biotech pré-commerciales sont de pures petits bijoux. Je vous laisse voir par vous-même.)
Dès lors Sanofi ferait figure de « Joker » pour un joli coup spéculatif de court terme…
Le secteur des investisseurs réactifs
Reste que le message pour l’instant – et plus fondamentalement – est que les laboratoires américains affichent encore des valorisations stratosphériques et que le potentiel de repli se chiffre encore en dizaines de %.
Donc le ratio rendement/risque reste défavorable au secteur « biotech/pharmas » (qui sont également dans le collimateur des politiques et du Congrès US) : un achat demeure donc une stratégie réservée aux investisseurs réactifs, prêts à risquer de petites sommes pour un potentiel énorme… mais risqué. Mais dans tous les cas : interdiction de conserver des positions en cas de rechute du Nasdaq sous les 4 500Pts.