De passage sur BFM Business mercredi matin, j’ai assisté à quelques échanges dans le « petit salon » en attendant de me rendre en plateau. Un constat faisait l’unanimité, qu’il s’agisse de gérants, d’économistes ou de journalistes : le marché ne va nulle part et il attend… depuis 3 mois.
Il attend la conférence de presse de Mario Draghi ce jeudi, et puis il attendra la Fed la semaine prochaine, puis les élections législatives allemandes fin septembre (qui sont pourtant jouées d’avance), puis les PIB du troisième trimestre, puis la Toussaint, puis les ventes de Thanksgiving, puis la succession de Janet Yellen… et peut-être même (soyons fous) une vraie stratégie qui nous changerait de la navigation à vue que pratiquent les banques centrales depuis qu’elles jouent aux apprentis sorciers avec la planche à billets.
▶ Démission de Stanley Fischer à la Fed au milieu de la fête !
Stanley Fischer en revanche n’attend pas, ou n’attend plus rien de la Fed (dont il est le vice-président) : il annonce sa démission très prématurée (mi-octobre) du board de la Fed au sein duquel il jouissait de la réputation d’homme plutôt modéré, penchant plus volontiers du côté colombe (du côté de Janet Yellen) mais sans militer systématiquement pour une politique monétaire ultra-accommodante. L’ex-président de la Banque centrale d’Israël disposait d’un mandat n’expirant qu’en juin 2018. Peut-être s’est-il vu offrir une opportunité dans le privé et s’est-il empressé de l’accepter (il invoque des « motifs personnels »).
Dans ce cas, il convient de se demander pourquoi il quitte son poste alors qu’un chapitre d’histoire monétaire passionnant reste à écrire : celui de la réduction de la taille du bilan de la Fed qui devrait s’amorcer début 2018 (pour la BCE, ça attendra fin 2018).
Personnellement, je n’aurais voulu rater ça pour rien au monde. Aucune banque centrale ne l’a jamais tenté (ça a toujours tourné à la catastrophe avant de pouvoir s’y essayer) ! C’était une façon de rentrer dans l’histoire en mode happy few. Voilà une expérience totalement inédite et qui couronnerait une belle carrière de la façon la moins routinière que l’on puisse concevoir !
Mais peut-être que de grosses difficultés obscurcissent l’horizon.
▶ Pas facile d’être banquier central
Il ne va pas être facile d’être banquier central cet automne et de sevrer les marchés de leur addiction à la surliquidité.
Et puis, il y a des difficultés techniques qui passent très loin au-dessus de la tête du grand public – des problèmes de très riches et très puissants… comme par exemple la difficulté de ramasser 60 Mds€ d’actifs obligataires chaque mois, comme s’y est engagée la BCE.
Croyez-le ou non, mais la détente des taux souhaitée par Mario Draghi ne lui facilite pas la tâche. Il n’y a tout simplement pas assez de Bunds disponibles pour remplir chaque mois sa musette en respectant les équilibres entre les différents types dettes et les pourcentages de rachat maximum par maturité et par catégorie.
Pour résumer un peu la situation, la BCE a engrangé trop de BTP italiens, de Bonos espagnols et pas assez de Bunds et d’OAT pour respecter ses quotas.