Ca y est c’est reparti… Après un 3ème trimestre assez calme, voilà que les introductions en Bourse battent à nouveau leur plein.
On devrait ainsi bientôt assister aux premiers pas boursiers de Deezer et de ShowRoomprivé (j’ai rencontré les patrons à ce sujet, je vous en parle dans quelques lignes).
Devraient suivrent Oberthur, le numéro un mondial des cartes de crédit, et Noxxon, une biotechnologique qui travaille sur la lutte contre le cancer.
Je ne peux pas étudier en détail ces deux dernières sociétés, sur lesquelles nous n’avons pas encore d’informations précises.
Mais d’abord, un petit mot sur Deezer, la plate-forme de streaming musical française, envers laquelle je suis très circonspect : je trouve en effet son marché déjà bien trop concurrentiel, et peut-être déjà monopolisé par le géant suédois Spotify et le très récent Apple Music, qui profite de sa base clients particulièrement étendue pour rapidement monter en puissance.
Je ne suis donc pas très confiant sur cette prochaine IPO, l’entreprise française étant par ailleurs toujours en perte, et en n’affirmant ne vouloir dégager son premier EBITDA positif qu’en 2018.
C’est donc plutôt un gros plan sur Showroomprivé que je vous propose aujourd’hui : j’ai en plus rencontré ses dirigeants, Thierry Petit et David Dayan, tous deux très complémentaires, et je les ai évidemment questionnés sur leurs ambitions et leurs projets à court et moyen termes.
Thierry Petit a une solide expérience dans la création d’entreprise, ayant, par exemple, fondé Toobo, l’un des premiers comparateurs de prix français, vendu à Liberty Surf en 2000. David Dayan, est un spécialiste du déstockage et connait parfaitement les arcanes du monde du textile. De sorte qu’en one to one, les deux hommes ont chacun leurs spécificités. Leur langage est fluide et ils ne s’interrompent pas : ils savent ce qu’ils ont à dire, où ils veulent en venir.
Mais revenons à Showroomprivé qui s’apprête à entrer en Bourse.
La société est actuellement numéro deux français du secteur, positionnée surtout autour de la digital women. Vous mesdames connaissez très certainement, le site propose des stocks d’invendus à prix cassés (provenant des collections précédentes), et est déjà en partenariat avec plus de 1300 marques.
Son business model lui permet d’être une cash machine : l’entreprise s’est autofinancée depuis sa création en 2006.
Le secret ? Le groupe n’achète réalité que 25% des stocks, de sorte que les invendus restent relativement faibles. Une telle santé financière, dans ce monde du e-commerce où l’on voit quantités de sociétés déficitaires, est plus qu’appréciable.
De plus, la société est rentable. Sur l’actuel exercice, elle devrait dégager un chiffre d’affaires compris entre 435 et 450 M€ avec une marge d’EBITDA supérieure à 5%. Pas satisfaisant pour le patron gestionnaire : « Nous allons monter en puissance et augmenter nettement notre rentabilité d’ici à 2018. Il faut savoir que nos coûts fixes représentent 50% de nos coûts. Et donc avec une forte hausse de l’activité, il y a un effet mécanique sur la rentabilité », explique Thierry Petit.
Plus précisément, en 2018, ils attendent un chiffre d’affaires autour de 750 M€ (soit + 66% prévu en 3 ans, représentant une hausse de 18% par an) avec une marge d’EBITDA comprise entre 7,5% et 8%.
De même, l’international (seulement 15% du chiffre d’affaires actuel) devrait atteindre alors les 25%.
D’ores et déjà, les patrons ont séduit de nombreux investisseurs : Vishop, le site de e-commerce chinois, va investir autour de 30 M€, soit entre 9% et 12% du montant de cette opération d’introduction… De quoi lui permettre de posséder entre 3,5% et 4,6% du capital du groupe.
L’IPO en tant que telle portera sur un montant compris entre 256 et 328 M€ avec toutefois une partie cession importante (entre 176 M€ et 248 M€) pour permettre au fonds Accel Partners et aux fondateurs de vendre un peu de papier. Au final, la capitalisation post money sera comprise entre 660 M€ et 870 M€ …
Bien sûr, certains peuvent trouver le dossier assez cher mais c’est un concept intéressant, rentable et promis à un bel avenir à l’international. Et puis, le business model pourrait attirer des prédateurs.
Certes, la direction n’est pas vendeuse mais sait-on jamais… dans ce monde du web en perpétuel bouleversement.