Bon nombre d’entreprises, sur les marchés financiers, font quotidiennement l’expérience d’une cruelle vérité : plus vos résultats sont bons, plus ils se doivent d’être encore meilleurs. Ainsi, plus une entreprise est rentable et moins elle pourra se permettre de décevoir ses investisseurs, sous peine d’être sévèrement sanctionnée par les marchés.
Prenez, par exemple, Montupet (FR0000037046 MON)… Cet équipementier automobile, spécialisé dans la fabrication et la commercialisation de produits moulés en alliages d’aluminium, a récemment légèrement déçu sur l’ensemble du premier semestre, notamment à cause d’une marge opérationnelle passée de 14,6% à 13,5%, en un an… Avouons qu’il n’y a là rien de catastrophique, d’autant plus que, sur la même période sa marge nette a légèrement progressé pour atteindre 10,8% contre 10,7% sur la par rapport à 2014.
De plus, les dirigeants du groupe ont été particulièrement optimistes dans leurs prévisions avec un cocktail explosif alliant croissance des revenus et amélioration des marges sur l’ensemble de l’année. En voyant ce type de publications l’on se dit que la réaction des marchés sera plutôt favorable… Eh bien, non : patatras, depuis la publication des résultats semestriels de Montupet mercredi soir après la clôture, l’action a cédé plus de 20%, passant de 67 € à 54 €. Un effondrement dû aux résultats, considérés comme décevants, par la communauté financière qui attendait plutôt une rentabilité opérationnelle de autour des 15%. Les investisseurs sont très (trop ?) exigeants sur une telle valeur en progression de quasiment 900% en 3 ans, ce qui constitue tout de même la seconde plus forte progression du SBF 120 derrière les 1234% de Genfit (FR0004163111 GNFT) et juste devant les 842% d’Adocia (FR0011184241 ADOC) ou encore les 805% de DBV Technologies (FR0010417345 DBV).
Des explosions phénoménales qui ne laissent manifestement pas le droit à l’erreur et qui nous renvoie à notre thème des stars de la Bourse, c’est-à-dire à ces valeurs en hausse à 3 chiffres sur 3 ans. Ces dernières écopent d’un fardeau bien lourd à porter : elles ont en permanence à surprendre agréablement les investisseurs, sous peine de voir leur valorisation sérieusement chuter.
Dans le cas de Montupet avec son PER de 11, n’est absolument pas hors de prix actuellement… Mais les investisseurs se demandent si l’exercice 2015, en dépit des prévisions de la direction, ne sera néanmoins pas celui d’un tassement de la rentabilité. Pourtant, on ne peut pas accuser la société d’être fortement endettée, son gearing est de l’ordre de 25%, contre 32%, un an plus tôt. De même, on ne peut pas imputer l’effondrement du titre à un trop fort positionnement sur les émergents. Le groupe ne dispose pas de sites en Chine, mais plutôt en Europe, au Mexique ou en Inde, sans doute le pays émergent qui affichera la plus forte croissance cette année. De même, l’équipementier automobile travaille avec de nombreux constructeurs automobiles de renom comme notamment General Motors (NYSE: GM) ou encore Audi et BMW (DE0005190003 BMW).
Pour tout vous avouer, je ne serais pas étonné que dans les jours qui suivent un rebond technique puisse se mette en place sur la valeur après la récente purge. Reste à trouver le bon point d’entrée…