Et non ! Ceux qui pensaient que la guerre commerciale entre les Etats-Unis et l’Europe était de l’histoire ancienne depuis la signature fin juillet d’un accord se sont fourvoyés. Dans un entretien accordé à nos confrères de Bloomberg, Donald Trump a en effet jugé insuffisante la proposition de Bruxelles d’abandonner les droits de douane sur les importations automobiles américaines.
« Leurs consommateurs ont l’habitude d’acheter leurs voitures, pas d’acheter nos voitures », a justifié le président américain qui, comme souvent lorsque la tournure des événements ne lui convient pas, a eu recours à la menace. En la circonstance, il a averti que les Etats-Unis pourraient sortir de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Rien que ça !
S’agit-il de faire pression sur l’institution, dont la vocation est de libéraliser les échanges entre les pays membres, mais dont les règles seraient trop complaisantes vis-à-vis de Pékin, pour qu’elle mette en œuvre une réforme allant davantage dans le sens de Washington ? Le successeur de Barack Obama mettra-t-il de l’eau dans son vin ? S’il est coutumier des déclarations très tranchées et n’a pas toujours joint les actes aux paroles, comme mon confrère Philippe Béchade l’a si souvent observé (pour vous abonner à sa lettre Béchade Confidentiel, c’est ici), Donald Trump a toutefois prouvé par le passé sa capacité à s’asseoir sur des accords dont il estime qu’ils ne sont pas dans l’intérêt supérieur de la nation. Je fais ici référence à ceux sur le nucléaire iranien et le réchauffement climatique.
A partir de là, tout est possible, même si le président américain, qui n’a pas son pareil pour changer d’avis du tout au tout, avait démenti fin juin les rumeurs selon lesquelles il avait l’intention de retirer les Etats-Unis de l’OMC.
▶ « L’Union européenne est presque aussi terrible que la Chine »
« L’Union européenne est presque aussi terrible que la Chine, mais en plus petit », a tonné Donald Trump, qui semblait pourtant satisfait de l’accord conclu avec Jean-Claude Juncker au cœur de l’été. Selon ses modalités, l’UE s’était notamment engagée à acheter davantage de soja et de gaz naturel en provenance des Etats-Unis, tandis que l’instauration de droits de douane à hauteur de 25% sur les voitures européennes à l’entrée du territoire américain était suspendue.
Hier, la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström s’est pourtant dire prête à inclure l’automobile dans un éventuel accord commercial avec les Etats-Unis, mais le président américain ne s’en contente donc pas et tout porte à croire qu’il reste pleinement déterminé à éradiquer les Mercedes et autres Volkswagen des rues de New York. Et tant pis pour les milliers d’ouvriers américains qui ont le malheur de travailler pour ces constructeurs du Vieux Continent, qui disposent de nombreux sites de production de l’autre côté de l’Atlantique…
Sans surprise, les valeurs liées à l’automobile, très tributaires des nombreux développements de ce conflit commercial, sont à la peine en ce vendredi. Peugeot (FR0000121501-UG) et Renault (FR0000131906) reculaient ainsi de respectivement 1,25 et 1,55% vers 9h30, tandis que les équipementiers Valeo (FR0013176526-FR) et Faurecia (FR0000121147-EO) cédaient 1,32 et 0,94%. Une nouvelle séance à marquer d’une pierre noire en perspective donc pour quelques-uns de nos fleurons nationaux…
La guerre commerciale risque de pénaliser un grand nombre de secteurs en Bourse