Cher lecteur,
J’avais évoqué en fin de semaine dernière le cas de Faurecia (FR0000121147-EO), étrillé en Bourse malgré un relèvement de ses objectifs annuels, et Eric Lewin a jugé judicieux de revenir dessus ce mardi.
Il ne lui a pas échappé que, malgré des fondamentaux solides, l’équipementier automobile est aux premières loges dans la guerre commerciale que Donald Trump est déterminé à mener contre la Chine et l’Union européenne (désormais considérée comme un « ennemi »), par-delà ses répercussions négatives y compris aux Etats-Unis et les avertissements répétés d’institutions et d’experts qui ne trouvent pas grâce à ses yeux.
Les constructeurs et équipementiers automobiles européens seront-ils bel et bien surtaxés ? Cette perspective angoisse en tout cas les investisseurs et ces deux secteurs sont en difficulté depuis plusieurs semaines. Plus généralement, leur comportement boursier démontre que la microéconomie, si souvent souveraine en période de résultats, n’est pas ou plus l’unique préoccupation sur les marchés actions aujourd’hui.
Ces derniers semblent même suspendus aux tweets du président américain, faisant fi de ses innombrables changements de ton et de sa légendaire impulsivité.
▶ Amazon sous la menace
A cet égard, Donald Trump a une nouvelle fois accentué la pression sur la Chine en fin de semaine dernière, menaçant désormais d’imposer des droits de douane sur 505 Mds$ de produits importés de l’empire du Milieu. Ceux qui espéraient une trêve estivale en sont donc pour leurs frais et l’escalade apparaît inévitable, avec aussi du côté de Pékin une dévaluation du yuan qui, mécaniquement, entraîne un dollar fort.
Doit-on croire sur parole le ministre des Affaires étrangères Wang Yi, qui a réfuté les accusations de la Maison-Blanche d’une manipulation du cours de la devise chinoise ? Une chose est sûre : comme Philippe Béchade le faisait observer hier, la PBOC n’a au minimum rien fait pour s’opposer à son décrochage, décrochage dont j’ai peine à croire que l’empire du Milieu n’en tire pas quelque avantage compétitif…
Cette guerre commerciale fait que je suis également inquiet pour les valeurs technologiques au sens large, pour les grands exportateurs comme Boeing (qui pâtit de surcroît du rétablissement des sanctions contre l’Iran, l’autre grande obsession présidentielle du moment) et Caterpillar, tous très sensibles à cette problématique, et pour Amazon.
A en croire plusieurs médias américains, le géant de l’e-commerce, mais aussi Alcoa et Toyota réfléchissent d’ailleurs à des moyens visant à atténuer l’impact financier de la politique de Donald Trump et à peser sur les décisions de son administration. Amazon pourrait il est vrai payer un lourd tribut à l’instauration de droits de douane sur les produits en provenance de Chine, avec en particulier une augmentation des prix du matériel utilisé pour ses data centers. Il en résulterait une érosion de la compétitivité d’Amazon Web Services, son activité la plus rentable.
Le populisme forcené du président américain risque donc fort de ne pas faire que des heureux outre-Atlantique et de peser sur des Gafam qui se paient déjà très cher en Bourse. Ceux-là aussi vont probablement devoir attacher leur ceinture…
Bonne séance à tous,
Guillaume