L’élection de Donald Trump vient d’être officialisée à 8h48… Mais ce qui l’était déjà, depuis 2h00 du matin, c’est la déconfiture des sondeurs qui nous infligent un Brexit version 2.0.
J’avais conclu ma vidéo d’hier (que j’avais intitulée « 100 millions de raisons d’être surpris ») par cette phrase : « dans l’idéal, aucun des deux candidats ne devrait être élu ».
Hillary Clinton ne le sera donc pas (les futures à et ailleurs ont plongé de 5% cette nuit) et Donald Trump devient officiellement le 45ème Président des Etats-Unis.
La plupart des médias évoquent un « coup de massue », un scénario catastrophe… et ce matin même, Jean-Marc Ayrault s’étonnait « qu’un pays qui connait le plein emploi avec seulement 5% de chômage ait pu exprimer une telle défiance envers le système » (sans aller jusqu’à évoquer plus précisément l’impopularité d’Hillary).
Hallucinant !
Notre ministre des Affaires Etrangères n’a pas l’air au courant que ces 5% de chômage sont un de ces gigantesques mensonges que des dizaines de millions d’Américains sans emploi, déclassés, exclus des statistiques n’en pouvaient plus d’entendre dans la bouche des politiques et de les voir repris sans filtre par les médias.
En ce qui concerne les presque 100% de sondages qui préfiguraient la victoire d’Hillary Clinton, nous avions souvent souligné que beaucoup d’enquêtes étaient fortement biaisées, notamment parce que réalisées dans leur grande majorité à l’initiative de médias clairement opposés à Donald Trump (tout comme pour le Brexit 4 mois plus tôt). D’autre part, il n’a pas été tenu compte du manque de sincérité de beaucoup de sondés déclarant préférer Hillary mais bien résolus à voter Donald pour donner un coup de pied dans la fourmilière… et rendre la monnaie de sa pièce au « système ».
Un système dont Hillary était l’emblème le plus caricatural ; un système tellement sûr de lui et du soutien des électeurs démocrates/progressistes dans le Wisconsin que la candidate n’a pas jugé opportun d’y faire campagne !
Oui, le Wisconsin, qui bascule à la stupeur générale dans le camp républicain, est l’emblème des erreurs de jugement des élites considérant certaines catégories d’électeurs comme leur étant définitivement acquise. Ce petit Etat a coûté cher aux démocrates et restera probablement l’une des plus impardonnables impasses de l’équipe de campagne Clinton.
Maintenant, petit retour en arrière sur le déroulé des événements vécus « en live » devant mes écrans cette nuit.
Tout cela m’a rappelé le scénario du Brexit avec des marchés tout heureux que leur favorite soit annoncée par des sondages officieux en tête dans pratiquement tous les swing States (et youpi, c’est plié, l’affreux bouffon va disparaître dans les poubelles de l’histoire avec ses déplorables électeurs). Il a fallu attendre 3h00 du matin pour que le marché commence à réaliser ce qui était en train de se passer : Trump était beaucoup plus haut dans les fiefs qui lui étaient acquis et Hillary en deçà des attentes dans les swing states.
A 2 heures du matin, les responsables de la campagne démocrate twittaient leur confiance dans une nette victoire en Floride et les premiers résultats à la « sortie des urnes » leur donnaient raison – tout simplement parce que les comtés les plus « chics » furent les premiers à communiquer des bribes de résultats. Mais dans les comtés populaires de Floride (loin des marinas, des golfs et des concessions Ferrari), Hillary a subi une véritable déconfiture : 85% des comtés ont été remportés par son adversaire républicain.
Le décompte avait très bien commencé également en Caroline du Nord, les démocrates se voyaient déjà loin devant… mais ce fut le même scénario avec une remontée irrésistible de Trump avec les résultats les plus tardifs.
Les démocrates avaient également pris la tête dans l’Ohio avant d’être laminés, ainsi que dans le Michigan… et à 3h15 du matin, il n’y a avait que 6 Etats en bleu contre 15 en rouge : exactement l’inverse de ce que les sondages avaient prédit.
Et comme pour le Brexit, l’espoir a changé de camp au milieu de la nuit : ce qui semblait relever de l’anomalie ponctuelle s’est transformé en phénomène général et les indices boursiers, activement négociés sur les plateformes électroniques, ont d’abord perdu 0,5% lorsque la Floride a basculé côté républicain, puis -1% avec la Caroline du Nord… puis tout s’est accéléré. Les marchés ont perdu -3,5% en une poignée de minutes lorsque le Texas puis la Louisiane tombaient dans l’escarcelle de Trump.
En ce qui concerne les marchés financiers, j’y vois également une répétition du Brexit mais version « enfumage » : Les marchés nous avaient promis que Trump passe, ce serait du -10% à Wall Street dès l’ouverture, l’effondrement du Dollar, que nous serons abattus par des pluies de sauterelles, des fleuves de sang, etc.
Mais alors, l’élection de Trump, c’est finalement une bonne nouvelle ?
Résultat des courses : -5% à Tokyo (mini séisme) et -2% sur les places européennes en ouverture (les indices remontent cependant) et comme vous le voyez sur le future du S&P500 rebondit déjà.
En ce qui concerne le dollar, que l’on prédisait en baisse, a tutoyé les 1,125 face à l’euro… avant de retrouver son niveau de 1,108.
Les marchés obligataires, le T-Bond se détend de -6 à -7 points de base (vers 1,80%), une variation totalement anodine et très éloignée des -25 points prévus dans le cadre d’une arbitrage massif en forme de « fuite vers la sécurité ».
L’apocalypse boursière n’est donc pas au rendez-vous.
Alors certes, les premiers mots de Donald Trump comme Président ont été apaisants : il remercie même Hillary Clinton (qu’il prétendait jeter en prison s’il était élu) pour les services rendus au pays. Lui et son équipe ont déjà oublié le financement de la Clinton Fondation par l’Arabie Saoudite, le Qatar et d’autres pays participant au soutien d’organisation terroristes au Proche-Orient, son rôle de fauteuse de guerre en Lybie (contre l’avis de Barack Obama) au profit des lobbys de l’armement.
La relative sérénité des marchés est assez troublante en effet. Personne ne connaît l’équipe économique de Donald Trump, tout le monde a gardé en tête qu’il souhaitait se débarrasser de Janet Yellen et de membres de la Fed ouvertement pro-Clinton afin de remettre la main sur la planche à billet.
Il s’est également fait élire sur la promesse très forte que l’Amérique se réindustrialiserait au détriment de la Chine qui se verra imposer des droits de douane à hauteur du dumping pratiqué dans ce pays. Cela nous promet un renforcement des guerres de devises (Ndlr : C’est en tout cas ce que prévoit le système I.M.P.A.C.T de Jim Rickards : tout protectionnisme des USA entrainement une dévaluation du yuan face au dollar… et les hostilités ne font que commencer. Pour profiter de cette guerre financière, suivez l’explication et ma méthode de Jim).
Je vois trois explications (mais il en existe certainement d’autres) à cette temporisation des marchés :
- La baisse de -1,5% du dollar face à l’euro incite les investisseurs à privilégier des actifs libellés en Euros et dont les valorisations sont moins tendues qu’à Wall Street.
- Le rebond des indices boursiers traduit la mise en oeuvre d’interventions orchestrées par les banques centrales destinées à éviter une panique de type post-Brexit. Cela constitue une porte de sortie pour les brasseurs d’argent qui ont beaucoup misé sur la victoire d’Hillary.
- La 3e explication, c’est que Wall Street subodore déjà que Donald Trump ne va pas plus gouverner l’Amérique que le pantin George Bush et que ce sont d’autres Dick Cheney, d’autres Ronald Rumsfeld qui vont s’emparer des rênes économiques et diplomatiques du pays, le nouveau Président étant totalement incompétent dans ces domaines. Une guerre froide a été engagée à l’encontre de la Russie, une guerre civile/religieuse éternelle a été rallumée au Proche-Orient : pas question de laisser quiconque venir à la légère perturber des plans aussi sérieux… et dont Hillary fut l’une des actrices les plus engagées.
Je vous laisse avec Gilles Leclerc qui vous donne les niveaux à surveiller sur plusieurs actifs selon ce que le choc Trump/opportunité Trump implique à chaque fois.