Le 17 février dernier, je vous proposais un long article sur Hermès (FR0000052292 RMS) j’y disais alors que je ne serais pas surpris si l’action consolidait un peu dans les prochaines semaines. A l’époque, l’action cotait 287 €… Eh bien, je vous avoue humblement que je me suis trompé. Hermès n’a cessé de monter depuis et se retrouve quelque 20 % au-dessus de son cours au 17 février.
Une évolution assez surprenante dans la mesure où la valeur est particulièrement chère avec un PER de 35 ou encore une Ve/EBIT de 23. Ce sont des ratios élevés. A titre de comparaison, LVMH (5FR0000121014 MC) vaut 20 fois ses bénéfices aux cours actuels tandis que Kering (FR0000121485 KER) se paye sur un PER de 17… De même, Hermès vaut actuellement 36 Mds€ en Bourse pour un chiffre d’affaires annuel de 5 Mds€ (×7,2) tandis que LVMH vaut 86 Mds€ pour un chiffre d’affaires annuel de 35 Mds€ (×2,45).
Vous le remarquez, Hermès échappe à toute logique : le marché considère que la valeur de la marque est inestimable. L’essentiel du capital de cette société est immatériel : il est difficile de donner une valeur précise à une marque associant le luxe au rêve. Je ne vous parle même pas de l’atmosphère qui règne lors des soldes, appelées ventes exceptionnelles… Elles n’ont même pas lieu en boutiques mais en général au Palais des Congrès, deux fois par an, où il n’est pas rare de faire la queue pendant des heures pour essayer de mettre la main sur un carré de soie ou une cravate. Je n’ai rien du fashion addict mais je sais néanmoins qu’il ne faut pas s’attendre à voir des soldes sur les fameux sacs Kelly ou Birkin.
De plus, la notoriété de la marque n’est pas son seul argument. Le groupe de luxe semble se jouer de toutes les modes et s’affranchir de tout problème conjoncturel, ne pas connaître la crise : le chiffres d’affaires au deuxième trimestre, a progressé de 9,7% en organique pour s’établir à 1,2 Md€, un montant supérieur aux attentes des analystes.
La zone Asie-Pacifique, bien que subissant des difficultés économiques à Hong Kong et à Macao, réussit tout de même à dégager une croissance de 6%. Le Japon réussit à progresser de 26% grâce à une demande locale très solide et une explosion du tourisme chinois dans l’Archipel. La division maroquinerie, plus grosse division du groupe avec 50% du chiffre d’affaires, progresse, elle, de 14,9% sur ce même trimestre… Cette valeur remplit donc pleinement son rôle de valeur défensive. Certes, le second semestre sera sans doute un peu plus difficile, la croissance organique vidée est seulement autour des 7%. Sur l’ensemble de l’exercice, il y aura aussi probablement une légère dégradation des marges avec un possible effet devises mais franchement au pire on aura une rentabilité opérationnelle entre 31,5% et 32%.
C’est tout simplement énorme et cela démontre le caractère unique de la valeur. Je vais donc arrêter de donner des conseils sur cette société qui échappe bel et bien à toute rationalité… Et cela m’évitera d’avoir tort. Car depuis de longues années, je considère la valeur bien trop chère mais les marchés ne m’ont jamais donné raison.
Bons trades,
Eric Lewin