Aujourd’hui, Philippe Béchade revient sur les déclarations de Janet Yellen de mercredi. Très attendu par les marchés, le gouverneur de la Banque centrale américaine, a laissé au moins dubitatifs les commentateurs.
Les marchés ont retenu leur souffle, les opérateurs se sont figés durant 3 jours comme des épagneuls devant une perdrix, dans l’attente d’un communiqué de la Fed qui allait débloquer la situation, d’une manière ou d’une autre.
Discours de Janet Yellen du mercredi 16 mars 2016
Voilà que les bonnes recettes tournent au fiasco : les indices US piétinent malgré l’envolée de +6% du pétrole à 38,5$ sur le NYMEX (il y a 15 ans jours, c’était du +2% garanti à Wall Street dans des circonstances comparables).
Les annonces de la Fed tombent à plat : elle ne prévoit plus que deux hausses de taux en 2016 contre quatre initialement… c’est un sacré revirement en à peine trois mois.
Qu’en sera-t-il fin juin ? Annoncera-t-elle que les planètes ne sont toujours pas suffisamment bien alignées pour rehausser sans plus attendre le taux directeur à 0,5% ?
En septembre, nous pouvons être à peu près certains que que la Fed ne prendra pas le risque de modifier sa politique monétaire à deux mois des élections présidentielles, de peur d’être accusée d’avoir cherché à favoriser – ou défavoriser – l’un des candidats.
Et si Donald Trump est bien l’un des deux finalistes de la course à l’investiture suprême, il n’hésitera pas à dénoncer les basses manœuvres de la Fed – aux ordres de l’establishment – pour le faire battre.
La Fed abaisse ses anticipations de croissance pour 2016 et 2017 puis ses prévisions d’inflation à 1,8% pour 2017 et 2% pour 2018. Et voilà, le tour est joué : encore une mauvaise nouvelle qui devient une bonne nouvelle avec de bonnes excuses de ne pas monter les taux.
Mais si les évènements donnent raison à la Fed, avec notamment une dégradation de la croissance mondiale, comment expliquer l’envolée du pétrole de +6% ce mercredi ?
D’où provient la rupture du lien mécanique entre la hausse du baril et celle des indices boursiers ?
Les singularités observées mercredi ne s’arrêtent pas là : si les valeurs pétrolières et parapétrolières américaines ont bien profité de l’envol du WTI, les ténors du secteur en Europe se sont montrés beaucoup moins à leur avantage. Et comment ne pas soupçonner quelques intervenant bien intentionnés de tirer les cours du pétrole à 15 jours de renégociations cruciales concernant les prêts consentis aux producteurs de shale oil ?
A moins de 35/40$ le baril, certaines garanties de financement seront invalidées et ce sera la fin de la partie pour potentiellement 1/3 des producteurs américains… et de façon encore plus imparable si les taux montent. C’et pourquoi la Fed ne peut tolérer de voir les taux se tendre en pleine période de renégociation de prêts.