Je vous ai déjà parlé de l’importance du calendrier de l’exercice d’une entreprise pour sa visibilité auprès des investisseurs. Par exemple, clôturer son exercice fiscal fin juin (plutôt qu’en décembre) permet de publier ses résultats annuels en décalage, de sorte que l’on diminue drastiquement les chances de passer inaperçu, ce que tente d’éviter à tout prix une entreprise si elle est en besoin de financement.
C’est une telle tactique qu’a choisi d’appliquer Vilmorin (FR0000052516 RIN), une entreprise spécialiste des semences de grandes cultures (céréales, oléagineux et potagères) qui est l’une des rares sociétés ce matin à communiquer ces résultats, attirant ainsi tous les projecteurs de la Bourse sur ces derniers. Cependant, bien qu’attirant l’attention du marché, la publication est assez quelconque.
Certes, le chiffre d’affaires a bel et bien progressé de 0,7% à 1,27 Md€ sur l’exercice 2014-15.Toutefois la rentabilité s’est nettement tassée : le bénéfice net est en recul de 13,3% à 72,9 M€. La rentabilité opérationnelle ressort ainsi à 5,7%.
Une entreprise fragilisée par l’embargo russe
À l’origine de cette dégradation se trouve un contexte très défavorable aux activités dites de grandes cultures, cœur de métier de l’entreprise : des prix agricoles maintenus à des prix bas et une situation économique très perturbée en Ukraine et en Russie, cette dernière faisant figure de poids lourds dans l’achat de semences. Dès lors l’embargo russe sur les semences ukrainiennes a entraîné de nombreuses perturbations sur ce marché.
Malgré cet environnement économique incertain, Vilmorin n’entend pas sortir de sa logique de recherche et développement. On aurait pu en effet penser que, suite au tassement de ses marges, le groupe aurait rogné sur ses programmes de recherche. Il n’en est rien…
En effet, Vilmorin a augmenté ses moyens consacré à l’innovation en faisant passer à 211,1 M€ son budget dédié à la recherche (contre 190 M€ sur l’exercice 2013-14).
Dans la même logique, la direction n’a pas non plus voulu rogner sur le dividende en se payant le luxe d’augmenter de 5% le coupon, désormais à 1,57 € par action. Certes, le rendement n’est que de 2,4% mais cette augmentation symbolise le fait que la tête de l’entreprise souhaite continue à choyer son actionnariat. Il faut dire que dans l’actuel contexte économique plus que médiocre, le titre n’a pas brillé avec une baisse de près de 15% depuis le 1er janvier et un plus-bas depuis trois ans.
D’ailleurs, la publication des résultats de ce matin a entraîné quelques prises de bénéfice avec un recul à l’heure où j’écris ces quelques lignes de plus de 2%. Très franchement, il est difficile de recommander de revenir sur le dossier compte tenu du contexte actuel, d’autant que l’action se paye sur un PER de plus de 18 aux cours actuels.
De toute façon, dans son communiqué, la direction ne prêche pas par excès d’optimisme… Elle évoque un millésime 2015-16 contrasté.