Ah, quelle réjouissante séance des « Trois sorcières » que celle de vendredi ! Elle est en effet venue conclure en beauté (+1,3% en moyenne) une belle séquence de neuf séances de hausse sur onze, avec de surcroît quatre journées consécutives clôturées en territoire positif depuis la petite reprise de respiration de lundi dernier. L’indice Dow Jones s’est au bout du compte adjugé 3% sur la semaine, le S&P500 2,9% et le Nasdaq Composite 2,7% (le CAC40 a, lui, engrangé 2,3%).
Un scénario particulièrement heureux à la veille d’un week-end de trois jours et un constat implacable : Wall Street ne pouvait pas mieux commencer l’année.
En ayant pris 5,9% depuis le 1er janvier, le Dow Jones a du reste fait deux fois mieux que le CAC40. Plus spectaculaire encore (et inquiétant), il enregistre son meilleur début d’année depuis… 1987.
Le S&P500 réalise quant à lui sa meilleure performance mensuelle depuis mars 2016 et a grimpé de 7,9% en l’espace de 12 séances seulement, tandis que les gains du Nasdaq sur trois semaines ont atteint des niveaux inédits au XXIème siècle.
Le rally haussier s’est accéléré alors que les autorités chinoises ont fait savoir qu’elles proposeraient à Washington un plan sur cinq ans visant à accroître les importations chinoises de 1 000 Mds$ d’ici 2024.
Cette annonce est intervenue 12 jours avant le déplacement aux Etats Unis de Liu He, vice-Premier ministre chinois en charge des questions économiques, et actuellement le second personnage le plus important de l’Empire du Milieu derrière Xi Jinping.
Theresa May est prise en tenaille
Mais puisque Wall Street sera fermé ce lundi, la Grande-Bretagne dominera l’actualité de ce début de semaine, alors que Theresa May doit présenter aujourd’hui son « plan B » devant la Chambre des communes. Il apparaît néanmoins hautement improbable que les députés britanniques se mettent d’accord sur une contre-proposition à l’accord de sortie qu’ils ont spectaculairement rejeté mardi dernier.
La Première ministre tentera d’abattre son dernier atout : une transformation du « backstop » (l’accord garantissant l’ouverture de la frontière entre les deux Irlandes) en un traité autonome avec la République d’Irlande, une solution qui n’a pour le coup pas été validée par l’Union européenne (UE) !
Autrement dit, et même si Theresa May devait contre toute attente emporter l’adhésion de certains « frondeurs » de son propre parti lors du vote prévu le 29 janvier, il n’est pas certain que Bruxelles accepte que le Parlement britannique tente de lui forcer la main sur le sujet.
La locataire du 10, Downing Street se prépare déjà à une avalanche d’amendements de la part des députés de l’opposition, mais aussi de son propre camp… et les « Brexiters » lui demandent de se retirer des négociations et de se préparer au « hard Brexit », synonyme de chaos douanier et de cauchemar pour la City.
Sauf que les « pragmatiques » savent bien que ni l’UE, ni le Royaume-Uni ne peuvent s’offrir le « luxe » d’une telle issue, aussi se dirige-t-on vers un report sine die de la date du 29 mars, en espérant que le processus finira par capoter de lui-même !
La tendance est donc à ce stade à une « non solution » bien à l’image de ce qui prévaut sur le Vieux Continent dans la plupart des situations de crise (Grèce, banques Italiennes, soldes « Target-II » etc.)
Enfin, j’ai encore perdu un pari. Alors que Donald Trump avait averti les médias vendredi qu’il allait faire une annonce importante le lendemain, j’ai naïvement pensé qu’il allait siffler la fin de la récréation et sonner la fin du « shutdown » afin de soulager le pays à l’occasion du pont du Martin Luther King’s day. Grossière erreur !
Voici la fameuse « annonce » du président américain, dans l’un de ces tweets dont il a le secret :
« A tous les grands gens qui travaillent si dur pour leur pays sans être payés, je dis, MERCI-VOUS ETES DE GRANDS PATRIOTES ! Nous devons maintenant travailler ensemble, après des décennies d’abus, pour finalement résoudre la crise humanitaire, criminelle et de la drogue à notre frontière. NOUS ALLONS ENORMEMENT Y GAGNER ! »
Voilà qui a dû ravir les fonctionnaires concernés…
Bank of America et Goldman Sachs vont euphoriser Wall Street