47,7 M€. C’est la somme, conséquente, levée par Kalray (FR0010722819-ALKAL) en juin dernier à l’occasion de son IPO. Le groupe, qui se définit comme un « pionnier des processeurs dédiés aux nouveaux systèmes intelligents », avait fait sensation à l’époque, réalisant, excusez du peu, la plus importante introduction en Bourse depuis la création d’Euronext Growth à Paris.
Pris dans la nasse en fin d’année dernière, victime comme tant d’autres de la défiance exacerbée des gérants à l’endroit des small et midcaps, il a bien rebondi depuis et cote autour de 17,5/18 € ce mardi, au lendemain de la publication de comptes annuels certes marqués par un creusement des pertes, mais assortis de perspectives très encourageantes. Le cours d’IPO de 22 € est encore relativement loin, mais le rattrapage a bel et bien eu lieu, l’action ayant grimpé de plus de 56% à compter du 1er janvier.
Dans les petits papiers de Renault…
Cette embellie tient sa source dans le positionnement même de Kalray, dont le business model repose sur deux activités disruptives et promises à casser la baraque dans les années à venir : les data centers intelligents et les véhicules intelligents. En termes chiffrés, chacun représente pour le groupe un marché potentiel de plus de 1 Md€ à horizon 2022/2023, a souligné le président du directoire Eric Baissus hier en fin d’après-midi devant un parterre d’investisseurs et d’analystes qui n’avaient pas matière à le prendre en défaut.
Parce que ses processeurs intelligents sont au point ou en passe de l’être, parce qu’elle croit dur comme fer en l’avenir de la voiture autonome, au même titre que nombre de grands constructeurs, que Google, que Uber et son concurrent Lyft (US55087P1049-LYFT), introduit en Bourse il y a quelques jours sur des « bases » vertigineuses, la société est notamment dans les petits papiers de Renault (FR0000131906-RNO). La marque au losange a en effet intégré les processeurs intelligents de Kalray dans son concept-car électrique autonome Symbioz.
Quelques semaines plus tard, Alliance Ventures, le fonds de capital-risque de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, emboîtant le pas d’un certain Safran, une autre vedette du CAC40, a au surplus acquis une participation dans le groupe grenoblois, au même titre que Definvest, le fonds géré par Bpifrance pour le compte du ministère des Armées. Des marques de confiance majeures en Kalray, implanté dans la capitale iséroise donc, mais aussi à Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes) et à l’export, avec deux bureaux à Los Altos (Etats-Unis) et Tokyo.
… et de NXP
Détentrice de 23 familles de brevets, la société, qui vient de faire état de marques d’intérêt d’un autre grand nom de l’automobile, sans pouvoir encore en dévoiler l’identité, a également tissé des liens étroits avec NXP, concluant avec le co-fondateur de la technologie NFC un partenariat début janvier. Sa finalité ? La commercialisation d’une plateforme commune basée sur l’Intelligence Artificielle (IA) et destinée à offrir une réponse aux besoins à court terme des véhicules autonomes de niveaux 2 et 3, dans l’optique d’attaquer à terme ceux de niveaux 4 et 5.
« L’objectif de cette collaboration est de développer une plateforme commune pour les prochaines générations de véhicules réunissant puissance de calcul, sécurité, ouverture par rapport aux différentes solutions logicielles disponibles sur le marché, scalabilité (NDLR : la capacité d’un produit à s’adapter à un changement d’ordre de grandeur de la demande) et modularité », a détaillé Kalray dans le dossier de presse de ses comptes annuels.
Le groupe a par ailleurs scellé un partenariat prometteur avec Baidu, le Google chinois, dont Eric Baissus a rappelé qu’il investit des sommes astronomiques dans l’IA, pour des démonstrations de solutions et d’accélération de la perception.
Quant au processeur MPAA3 Coolidge, susceptible d’être appliqué, outre aux véhicules autonomes et aux drones, aux domaines de l’aéronautique, des équipements médicaux et de la robotique, son lancement commercial reste prévu d’ici la fin de l’année. Doté de fonctions de fusion de données, « particulièrement efficace dans l’exécution de tâches de traitement gourmandes en calcul comme l’apprentissage automatique profond (deep learning) et la vision artificielle », relate le site Internet spécialisé Lembarque.com, il devrait constituer un formidable accélérateur de revenus pour Kalray.
Bref, à défaut d’être encore rentable, la société, qui disposait fin décembre de 28,8 M€ de trésorerie disponible, un niveau suffisant pour se conformer à sa feuille de route technologique, parachever le déploiement de Coolidge et plus largement poursuivre un déploiement commercial en adéquation avec ses desiderata, nourrit des ambitions aussi élevées qu’accessibles.
Attendu en forte hausse dès cette année – il est ressorti à 775 000 € à fin décembre –, le chiffre d’affaires de Kalray devrait s’envoler avec l’irrésistible ascension de l’IA et des voitures autonomes pour dépasser les 100 M€ à horizon 2022. Une progression vertigineuse, mais tout à fait envisageable pour peu que Kalray continue de tisser sa toile et d’être considéré à sa juste valeur par les blue chips…
https://agorapub-labourseauquotidien.pf6001.wpserveur.net/grosse-purge-pour-kalray/
2 commentaires
Il faudrait déjà qu’il dispose d’un outil de développement. Ils ne sont même pas au niveau d’un GPU. Adapteva a fait beaucoup mieux avec un million d’euros.
Combien avez-vous reçu de kalray pour effacer les commentaires désobligeants et néanmoins exacts.