A part un coup au but de l’Etoile Noire sur Wall Street ou la révélation selon laquelle Jerome Powell est une créature reptilienne à la solde du terrifiant Cthulhu, qu’est-ce qui aurait pu faire baisser les indices américains vendredi soir ?
Ces derniers donnaient l’impression de végéter quelque peu depuis une semaine (enfin, surtout le Dow Jones) et d’aucuns espéraient qu’un catalyseur relancerait la mécanique haussière. Eh bien la Bourse de New York aura été servie, avec non pas un ou deux, mais… cinq catalyseurs positifs en l’espace de 48 heures !
Le report de la date-butoir du Brexit, le retour des IPO (Uber ou encore Pinterest sont dans les starting-blocks après l’introduction en Bourse de Lyft), le redressement des exportations chinoises, la perspective d’un relèvement des taux directeurs de la FED dès l’automne prochain et l’OPA géante (33 Mds$ !) de Chevron sur Anadarko – avec une prime de 38% qui suppose que le secteur pétrolier est sous-évalué – ont successivement dopé les investisseurs.
Avec in fine une bouffée de confiance comme les marchés n’en avaient plus connue depuis fin septembre 2018 et un retracement des niveaux indiciels du début du mois d’octobre.
Le niveau du VIX montre que la confiance des investisseurs est aujourd’hui très élevée
D’une manière générale, Wall Street semble toujours posséder une longueur d’avance, mais c’est bien le CAC GR (« Global Return ») qui mène la danse. Ce dernier indice a en effet signé une quatorzième séance de hausse depuis le 27 décembre et encore engrangé 0,5% en données hebdomadaires.
Il a clôturé à 14 520 points vendredi, soit à 80 petits points de son record absolu inscrit le 22 mai dernier et la troisième meilleure performance de toute son histoire. Le S&P500 n’a toutefois pas été en reste. Ayant bouclé la dernière séance sur un gain de 0,65% à 2 907 points, il pointe ainsi à 0,8% de son record absolu.
Le « VIX » qui lui est associé affichait pour sa part son meilleur score depuis le 3 octobre 2018 à 11,95 (-7,85%), sachant pour rappel que plus l’indice est bas, plus la confiance des opérateurs est élevée. De fait, sous le plancher des 12, elle est considérable, voire quasi-univoque.
Cette situation aiguise les appétits, en particulier ceux des actionnaires et autres bailleurs de fonds des « licornes » qui ont longtemps attendu une bonne fenêtre de tir pour engranger un maximum de bénéfices… et qui sentent maintenant que leur heure est venue.
Les « buybacks » massifs de ces deux dernières années ont il est vrai considérablement asséché le marché, le papier se fait rare et les gérants se jettent sur n’importe quoi qui serait susceptible de regarnir leurs portefeuilles.
De leur côté, les champions du « private equity » se précipitent vers les bureaux de la SEC pour déposer leurs dossiers. La période paraît en effet propice aux IPO.
La start-up africaine Jumia Technologies (une plateforme de services pour les consommateurs du continent noir, très implantée en Côte-d’Ivoire) s’est par exemple envolée de 75,60% pour son premier jour de cotations vendredi.
A contrario, Lyft gravite 20% en deçà de son cours d’IPO après dix jours de cotations et il convient de ne pas perdre de vue que 80% des entreprises introduites en Bourse l’an passé perdaient de l’argent. Quant à celles qui en gagnent, comme les fabricants de semi-conducteurs, leur surperformance par rapport au S&P500 est la plus marquée depuis… l’An 2000.
Entre frénésie d’achats pour des sociétés ultra-déficitaires et des valorisations surnaturelles pour une douzaine de leaders du Nasdaq en lévitation absolue, la tendance ressemble à un « revival » de la bulle des « dot.com » d’il y a 20 ans.
Mais tout passe au mois d’avril, statistiquement le plus haussier de l’année, une génération suffit pour tout oublier et le marché semble reproduire toutes les erreurs du passé. A la puissance algorithmique.
https://agorapub-labourseauquotidien.pf6001.wpserveur.net/voyants-repassent-vert-wall-street-16e-semaine-hausse/