2018 demeure certes une annus horribilis sur le plan boursier pour Air France-KLM (FR0000031122-AF), avec un conflit social d’une longueur et d’une intensité rares qui a déjà fortement pesé sur les comptes au premier trimestre et a fini par entraîner la démission du P-DG Jean-Marc Janaillac, désavoué par la majorité des salariés de la compagnie française.
Le titre débute cependant la semaine sous de bons auspices, s’adjugeant 6,99% vers 14h40 pour signer la plus forte progression du SBF 120 dans des volumes particulièrement étoffés (près de 8,85 millions de titres échangés au moment où j’écris ces lignes, contre 6,5 millions au terme de la séance de vendredi). Ce faisant, il ramène sa perte depuis le 1er janvier à 45%.
Les investisseurs saluent la confirmation hier par AccorHotels d’informations de presse faisant état d’un intérêt pour la participation de 14,3% que détient l’Etat dans Air France. Le géant hôtelier pourrait racheter tout ou partie de celle-ci. Prudent dans sa communication, il a néanmoins précisé n’avoir encore aucune « certitude » à ce stade concernant les « réflexions » en cours.
Cette annonce suscite toutefois le scepticisme chez AccorHotels, dont l’action, lanterne rouge du CAC40, dévisse pour sa part de 6,5%. J’avoue comprendre les réserves voire les fortes réticences des investisseurs, quand bien même le groupe dispose d’une trésorerie suffisamment solide pour mener à bien une telle opération.
AccorHotels vient en effet d’annoncer la cession définitive de 57,8% du capital d’AccorInvest à un consortium d’investisseurs et cette opération lui a apporté quelque 4,6Mds€ de liquidités brutes.
D’autres rapprochements entre Air France-KLM et Accor sont possibles
Pour autant, il convient de rappeler que le secteur aéronautique traverse une passe délicate avec la hausse des prix du kérosène en général et, s’agissant des transporteurs « historiques » en particulier, la concurrence féroce des low cost et des compagnies du Golfe. Air France la subit de plein fouet, plus encore que les Lufthansa et autres IAG (la maison-mère de British Airways et d’Iberia), sa gouvernance est plus instable que jamais et il faut aussi attendre les premiers résultats de sa toute nouvelle filiale Joon, pensée par Jean-Marc Janaillac pour tenter de continuer à exister sur les segments des moyen et des long-courriers.
Certes, Air France et AccorHotels sont coutumiers des partenariats commerciaux. Certes, les deux groupes ciblent peu ou prou la même clientèle et cette opération aurait une réelle logique industrielle, mais le contexte est tel que la reprise de la participation étatique s’apparente à un pari franchement risqué et, sur le plan financier, rendrait certainement plus volatil le bénéfice par action du groupe hôtelier.
AccorHotels doit encore clarifier sa position, mais d’une manière générale je me demande si la création d’une joint venture à prises de participation ou un partenariat ne serait pas plus prudents…