Cette fois, c’en est trop ! L’Union européenne ne se laissera pas faire, elle ne restera pas (ou plus) de marbre devant les assauts répétés de Donald Trump, président matamore à la tête d’un pays sur lequel elle ne peut plus compter… mais que les dirigeants des principales puissances du Vieux Continent s’accordent tout de même à suivre pour taper sur les doigts de Bachar Al-Assad.
Soucieux de ménager son électorat, le chef de l’exécutif américain entend manifestement aller au bout de sa logique de guerre commerciale, indissociable dans son esprit de l’« America First », sa marque de fabrique, la matrice de sa politique, qu’il brandit comme un étendard.
Il est hautement probable qu’il ne dispose pas des moyens de ses ambitions avec la Chine, comme Philippe vous l’a expliqué dans son dernier numéro de Béchade Confidentiel, étant donné les leviers dont dispose l’Empire du Milieu, principal créancier de l’Oncle Sam et qui détient grosso modo 95% de la production mondiale des terres rares. A terme, Pékin pourrait, vu la demande considérable de son industrie, décider de réserver l’ensemble de cette production à ses seules entreprises – et en bloquer l’accès aux Etats-Unis…
Nous n’en sommes pas encore là, mais la Chine est en la circonstance en position de force.
Donald Trump a, lui, besoin d’un succès politique rapide après l’échec (provisoire ?) des discussions avec Kim Jong-un, qui a quelque peu érodé sa crédibilité sur la scène politique internationale. Il est clair que Bruxelles n’entend pas se présenter en victime expiatoire, mais je suis convaincu que la Maison-Blanche ne saurait plier pour quelques Harley Davidson et autres jeans Levi’s perdus… Les représailles que l’UE envisage ne peuvent de toute façon soutenir la comparaison avec l’instauration de droits de douanes de 25% sur l’acier, l’aluminium et, plus récent et beaucoup plus grave, les constructeurs automobiles.
▶ La désunion de l’UE
Les Etats-Unis cadenassent et ont à présent le protectionnisme et la « sécurité nationale » (un vocable confortable qui semble légitimer toutes les sanctions et menaces) chevillés au corps. Aux yeux des progressistes, ils font un bond de plus de trois décennies en arrière et celui-ci est particulièrement déstabilisant au regard de leur puissance économique et de l’évolution du monde (je rappelle que la Guerre froide est bien finie !).
Face à un Oncle Sam plus autoritaire et menaçant que jamais, force est d’admettre que l’UE a des airs de petit poucet. Elle a déposé en fin de semaine dernière deux plaintes auprès de l’OMC contre les Etats-Unis et la Chine, mais on peut se demander si celles-ci ont de réelles chances d’aboutir.
La menace qui plane actuellement au-dessus des voitures européennes est sans doute un casus belli et Donald Trump franchirait certainement la ligne jaune aux yeux de Bruxelles en les lestant de droits de douane. Pour autant, il reste à accorder ses violons et tous les Etats membres devront parler d’une même voix, ce qui est tout sauf acquis étant donné le contexte au Royaume-Uni (allié historique des Etats-Unis) et les troubles politiques majeurs en Espagne et en Italie, synonymes de retour en force de l’euroscepticisme.
Et si tous les membres de l’UE n’exportent pas vers les Etats-Unis, il faudra tout de même du temps pour que les poids lourds de l’Union parviennent à échafauder une réponse commune à la hauteur des enjeux…
Enfin, outre le différend commercial avec Washington, Bruxelles a d’autres fers au feu. A commencer par l’Italie, qui après plusieurs semaines sans pilote dans l’avion a pu constituer un gouvernement, mais dont la situation économique demeure très inquiétante. Philippe Béchade tenait justement à vous en parler en ce début de semaine.
Bonne séance à tous,
Guillaume
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