Quel est le point commun entre le Nigeria, le Venezuela et la Turquie ? En proie à des troubles politiques et, s’agissant des deux derniers, à une grave crise économique, ces trois pays voient leurs concitoyens jeter leur dévolu sur les cryptomonnaies, le bitcoin (BTC) en tête.
En grande difficulté ces derniers mois, les devises vénézuélienne et turque suscitent logiquement une forte défiance des populations. Lesquelles sont davantage enclines à répartir les risques et qui se tournent de plus en plus vers les « cryptos »… sans s’émouvoir outre mesure de leur volatilité, manifestement considérée comme un moindre mal.
Avec la crise, des plateformes turques comme Koinim, BTCTurk ou encore Paribu ont vu leur trafic littéralement exploser et quelque 18% de Turcs détiendraient actuellement une voire plusieurs cryptomonnaies ! Un pourcentage impressionnant, mais la Turquie, à la différence de beaucoup d’autres Etats encore très méfiants, s’est jusqu’ici montrée plutôt bienveillante à leur endroit.
▶ Des signaux encourageants pour les cryptomonnaies
Le 30 janvier dernier, le club de football amateur Harunustaspor est par exemple devenu le tout premier de l’histoire du ballon rond à payer (pour partie) un transfert via une cryptodevise. Il s’est en effet attaché les services d’un dénommé Ömer Faruk Kıroğlu, 22 ans, moyennant un investissement de 0,0524 bitcoin (431€ et environ 2 000 livres turques aux cours du moment) et 2 500 livres turques en espèces.
Si les sommes en jeu sont ici minimes, les plus optimistes peuvent se dire que la Turquie a montré la voie et se dire, qu’à terme, les heureux propriétaires des héritiers des Kylian Mbappé, Cristiano Ronaldo et autres Lionel Messi feront à leur tour leurs emplettes en cryptomonnaies…
Pour l’heure, le gouverneur de la Banque centrale turque (BCRT) Murat Çetinkaya a récemment fait savoir que l’institution dont il a la charge s’intéressait de près au bitcoin et aux cryptodevises dans leur ensemble. Un groupe de recherche constitué d’experts des marchés d’actifs digitaux, de représentants du gouvernement turc et de régulateurs a même été constitué. Et pour cause : du point de vue de M. Çetinkaya, les monnaies virtuelles pourraient œuvrer à l’amélioration de la stabilité financière du pays.
Tel semble également être l’avis d’Ahmet Kenan Tanrikulu, vice-président du Parti du mouvement nationaliste turc. « Le monde évolue vers un nouveau système numérique. Notre pays doit suivre le mouvement avant qu’il ne soit trop tard et proposer sa propre crypto-monnaie basée sur le fonds souverain », a-t-il en effet préconisé dans un rapport publié en février. Surtout, il a évoqué la possibilité d’une monnaie numérique nationale baptisée « TurkCoin ».
Les « cryptophiles » auraient tout de même intérêt à se garder de tout triomphalisme. D’abord parce que le président Recep Tayyip Erdoğan a d’autres fers au feu, ensuite parce le Diyanet, ministère turc des affaires religieuses, a estimé en novembre dernier que le bitcoin n’était pas « islamo-compatible ».
Pour autant, les turbulences que connaît actuellement l’économie turque, plombée par une inflation et des déficits courants toujours plus élevés, pourraient bien inciter Ankara à se tourner vers de nouvelles « recettes ».
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