Donald Trump a proposé fin juillet d’aider financièrement le gouvernement Conte en Italie, confronté à une remontée des spreads de taux et donc à des difficultés croissantes pour financer la dette publique du pays sur les marchés financiers, a révélé le quotidien italien Il Corriere della Sera ce vendredi.
Sous forme d’indiscrétions de la part de hauts fonctionnaires transalpins ayant pris part à la visite officielle de Giuseppe Conte à Washington au cœur de l’été, l’information n’a pas été commentée par le gouvernement italien. Aucun détail sur la forme que prendrait cette main tendue du président américain au gouvernement populiste italien n’est encore connu.
Elle vient néanmoins conforter la vision diplomatique du président américain à l’égard de l’Europe : vilipender les largesses migratoires des grandes démocraties du Vieux Continent (en y imputant l’insécurité en Allemagne [cf. notre numéro de juillet de Béchade confidentiel] ou les actes de terrorisme en France) et vanter au contraire les mérites des démocraties illibérales (le terme a été popularisé par Viktor Orban) qui, en Europe centrale, s’alignent sur les positions populistes et xénophobes de Donald Trump.
La victoire aux élections législatives du Premier ministre hongrois en juin dernier a qui plus est fait l’objet de félicitations inhabituelles de la part d’un président américain. Dans le même registre, l’ambassade américaine a également gelé en juillet un programme d’aide à la presse indépendante en Hongrie.
Vers un axe eurosceptique ?
Passée dans le camp anti-système après les élections législatives de mars, l’Italie a quant à elle étendu l’arc populiste (Hongrie, Pologne, Autriche) à l’Europe de l’Ouest.
Derrière les sympathies antimigratoires partagées, cet allié potentiel pour Donald Trump permet en outre au locataire de la Maison-Blanche d’affaiblir davantage l’Union européenne. Bruxelles, dont les politiques d’austérité sont également dans le viseur des populistes italiens, a réussi à faire chuter le ministre de l’Economie eurosceptique Paolo Savona dès sa nomination. Il n’en demeure pas moins le programme du gouvernement converge vers des baisses d’impôts et une hausse de la dépense publique, en faisant fi des règles budgétaires instituées par la Commission européenne.
Jusqu’à présent, seule la poussée des spreads de taux est venue « sanctionner » les orientations de Rome. Pour autant, l’endettement public atteignait l’an passé en Italie 131,8%. Moins que la Grèce certes mais, de tous les grands pays européens, l’Italie est celui dont la dette pèse le plus, en combinant valeur absolue et part du PIB (et ce de façon chronique).
Lourdement endettée, l’Italie a toutes les raisons de redouter une hausse des taux, que les marchés opposent pourtant à sa politique. Alors que la présentation de la loi de finances approche (elle est prévue pour septembre), le gouvernement Conte risque de se retrouver face à un choix binaire : accepter la main tendue de Donald Trump pour échapper à la tenaille des marchés financiers et de Bruxelles, ou affronter, comme la Turquie sur sa monnaie, une crise qui elle l’atteindrait sur le coût de son endettement.
« Populistes de tous les pays, unissez-vous ! »
Ex-éminence grise du président américain, Steve Bannon a de son côté lancé un mouvement pour fédérer les droites populistes en Europe, inspiré par l’expérience actuelle en Italie. « L’Italie est le cœur de la politique moderne. Si cela s’est passé en Italie, cela peut réussir partout ailleurs », a-t-il notamment déclaré.
Si aucun lien officiel n’est connu entre Donald Trump et son ancien conseiller, le fait est que ce dernier ambitionne ouvertement de « paralyser l’Europe » à l’occasion des élections européennes de 2019. Le chef de l’exécutif américain propose pour sa part de financer le modèle nationaliste et populiste et italien.
Deux desseins qui ont vocation à se rejoindre…
Guerre commerciale : l’UE ne fait pas le poids face aux Etats-Unis
1 commentaire
» ILLIBERAL » cela veut dire : Je ne renonce pas a mes principes ! ,dans le cas
de M Orban, les principes de chrétien-démocrate.
Les élections de l’UE dans six mois révèleront quels sont les nations qui acceptent
de devenir des shithooles .
Les « shithooles » ne sont pas des anecdotiques ratages, les shithooles sont
les mouroirs.
Mouroirs que « notre » M Macron entend de généraliser pour tout l’Europe.
Les Français ne l’ont pas élus pour cela. Qu’il reforme tout ici dedans.