Introduit en Bourse en 1994, Eramet (FR0000131757-ERA) n’avait jamais connu une séance aussi apocalyptique. Incontestable lanterne rouge du SBF120, le titre du spécialiste des métaux s’effondre de… 19,67% un peu avant 15h, à 87,40€. Son bilan est désormais négatif depuis le début de l’année (-11,7%) et la capitalisation boursière ne s’élève plus qu’à 2,3 Mds€. Un vrai carnage !
Cet impressionnant gadin résulte de la conjonction de plusieurs facteurs, avec en premier lieu un climat de tensions commerciales qui assombrit l’horizon général. Déplorant une visibilité toujours « limitée », la direction a également fait état d’un climat de tensions et d’incertitudes dans les relations commerciales qui tend à accroître la volatilité des marchés des matières premières.
Des déclarations qui ont ébranlé la communauté financière, à l’inverse totalement imperméable à l’annonce selon laquelle les marchés d’Eramet « restent globalement bien orientés » à l’entame du second semestre.
Publication décevante et perspectives peu engageantes
Les investisseurs sanctionnent aussi une publication semestrielle assez décevante, dans un contexte de vive progression des cours du manganèse (+29%) et du nickel (+42%) qui aurait dû davantage faire les affaires du groupe, avec une hausse inférieure aux attentes du bénéfice opérationnel courant de 15% à 294 M€. De même, le chiffre d’affaires n’a crû que de 1% par rapport aux six premiers mois de 2017 à 928 M€ alors qu’il s’était envolé de 48% à la même période l’an passé.
Un ralentissement prononcé qu’Eramet a imputé à « l’érosion des prix des alliages de manganèse, conduisant à un effet ciseaux défavorable sur la marge », mais la baisse du dollar face à la monnaie unique et l’augmentation du prix du baril de Brent ont également eu un impact sur la performance du groupe.
Ce dernier est à présent attendu au tournant, d’autant que son ratio de dette nette a crû de quatre points en six mois pour s’établir à 23% à fin juin.
Du point de vue boursier, l’action se paie sur un VE/Ebit de 4 et sur un PER de 9. Une fois cette publication digérée, elle devrait donc logiquement repartir à la hausse. Le contexte commercial incite toutefois à la prudence…
La guerre commerciale risque de pénaliser un grand nombre de secteurs en Bourse