Guillaume Duhamel revient ce mercredi sur le cas boursier d’Elior Group, l’une des plus fortes baisses du SBF120… et une société qui, de par son activité, paie un tribut particulièrement lourd à la crise sanitaire.
-69,30%. La chute d’Elior Group (FR0011950732-ELIOR) à compter du début de l’année est impressionnante, vertigineuse même, et seules Technip, CGG, Genfit et Vallourec ont fait pire au sein du SBF120.
Le secteur pétrolier est durement touché par la crise sanitaire, à l’origine d’un effondrement de la demande, notamment dans le transport aérien. Ci-devant la pépite française Genfit a quant à elle été étrillée après avoir essuyé un terrible camouflet en mai dernier à la suite de la publication de résultats négatifs pour l’étude de phase III évaluant elafibranor dans le traitement de la NASH (stéatohépatite non alcoolique). Il faudra du temps à la biotech pour relever la tête, comme l’a soutenu il y a quelques semaines notre expert Eric Lewin dans sa lettre Mes Valeurs de Croissance, laquelle permet à l’investisseur de séparer le bon grain de l’ivraie parmi les mid et smallcaps de la cote parisienne.
De son côté, Elior Group a le « tort » d’évoluer dans la restauration collective, un autre segment ébranlé par le Covid-19, et reste sur un troisième trimestre particulièrement éprouvant, avec un repli de 46% du chiffre d’affaires en rythme annuel à 672 M€.
Dans le viseur de Berenberg et de Credit Suisse
Plus largement, l’essor inéluctable du télétravail suscité par la pandémie est un sérieux coup dur pour la société, par ailleurs dans le collimateur des brokers. Parmi eux, Berenberg, qui a ramené son objectif de cours de 6 à 5,5 € le mois dernier et dit préférer Sodexo dans ce secteur qu’il estime au surplus toujours très dépendant du retour des étudiants dans les universités et de l’impact des livraisons de repas. Encore moins confiant, Credit Suisse avait au début de l’été entamé son suivi de la valeur par une recommandation « sous-performance » et un « target price » de 4,2 €, soit grosso modo son niveau du moment, jugeant la société comme étant la plus à risques face à la concurrence des groupes de livraison alimentaire…
A contrario, Bernstein vient de relever son conseil à « performance en ligne », contre un précédent avis « sous-performance ». De quoi redonner quelques couleurs au titre, qui s’adjugeait 4,4% environ au moment de la rédaction de cet article, vers 10h, mais a encore beaucoup de chemin à parcourir.
Eu égard au caractère pour le moins incertain des perspectives, à plus forte raison avec l’augmentation continue des cas de contamination en Europe et l’adoption de nouvelles mesures restrictives, ce dossier doit être appréhendé avec la plus grande vigilance et une remontada au long cours semble illusoire. Déjà déficitaire au premier semestre, sa perte nette étant ressortie à -17 M€, Elior Group devrait en tout état de cause connaître un exercice 2019/2020 très compliqué, par-delà la réévaluation récente de l’impact sur l’Ebita ajusté de la perte de chiffre d’affaires, qui devrait in fine être inférieur à 30%, contre 30% environ annoncé auparavant.
Le fait que l’action se paie sur un PER de 21 n’est pas non plus très engageant. Bref, restez prudent !