Le S&P500 a terminé proche de l’équilibre hier, mais la séance aura tout de même été marquée par la chute de Facebook (US30303M1027-FB), dont le titre a perdu 18,96% à la clôture.
Le réseau social star n’avait jamais connu pareille débâcle depuis son introduction en Bourse il y a six ans. Surtout, sa capitalisation boursière a fondu de 119 Mds$ (jusqu’à 148 Mds$ en séance), soit la plus importante perte de valorisation jamais observée sur une séance à Wall Street.
Facebook battait régulièrement – et en général nettement – le consensus depuis plusieurs trimestres. Une fois n’est pas coutume, le groupe n’a toutefois pas répondu aux attentes des analystes durant la période avril-juin, malgré une hausse de 42% du chiffre d’affaires en glissement annuel à 13,2 Mds$. Surtout, il a enregistré 2,23 milliards d’usagers actifs mensuels, alors que le consensus tablait sur 2,25 milliards.
Ces chiffres décevants ne sont toutefois pas la seule raison de l’écroulement boursier de l’empire de Mark Zuckerberg. Les propos du management sur les coûts inhérents à la protection des données personnelles, le cauchemar du printemps de Facebook, marqué par le scandale Cambridge Analytica, et le ralentissement des rentrées publicitaires devraient de concert mettre les marges sous pression au cours des deux prochaines années au moins, ce qui a été accueilli comme un coup de poignard. Enfin, la croissance des revenus devrait continuer à notablement ralentir lors des prochains trimestres.
Twitter se prépare à une séance apocalyptique
Le marché sait donc désormais à quoi s’en tenir, mais on est en droit de trouver cette sanction boursière très violente. « Nourris à la juteuse mamelle de Facebook, dont la croissance avait jusqu’alors repoussé les limites de l’insolence, les investisseurs – devenus gloutons – n’en ont plus assez pour satisfaire leur nouvel appétit. Le marché, emporté par ce cynisme dont il est coutumier, a ainsi puni son premier de la classe : le dernier bulletin trimestriel était en déclin par rapport aux précédents », écrivait à ce propos mon confrère Yann Boutaric dans les colonnes d’Investissements personnels ce matin.
J’adhère totalement à cette interprétation et trouve moi aussi la réaction de la communauté financière d’autant plus exagérée que Facebook a énormément de cordes à son arc, avec au bout du compte, pour reprendre à nouveau les propos de Yann, « une propension à rassembler bien au-delà de cette fameuse « génération Y » toujours intacte ».
Il faudrait donc raison garder, même si ce n’est pas la tendance lors de cette saison des résultats émaillée de vives réactions – des réactions parfois étranges, il faut bien le dire – de part et d’autre de l’Atlantique.
En attendant, un autre réseau social de tout premier ordre, Twitter (US90184L1026-TWTR), s’apprête à vivre une séance très compliquée si l’on en juge le comportement du titre dans les transactions d’avant-séance. Par-delà une rentabilité en ligne avec les prévisions, le site de microblogging pourrait en effet décrocher de quelque 20% lui aussi ce vendredi en raison de la baisse du nombre de ses utilisateurs. Il a en effet indiqué en avoir perdu un million au deuxième trimestre, à 335 millions, alors que les analystes escomptaient une progression équivalente.
Un recul certes fâcheux, mais dont ils préfèrent penser qu’il pose de sérieux doutes sur la pérennité même des réseaux sociaux historiques…
Les investisseurs se montrent frileux sur les Gafam : un mauvais signe pour le reste de la cote ?