Cher lecteur,
La saison des résultats semestriels bat désormais son plein et plusieurs constats émergent en cette semaine d’une rare densité sur le front microéconomique.
J’ai eu l’occasion d’en discuter avec mes collègues Eric Lewin et Mathieu Lebrun. Hier, ce dernier observait « une ambivalence entre bon newsflow et réaction boursière négative » peu engageante de son point de vue. Il en voulait pour preuve Faurecia (FR0000121147-EO), dont je vous ai parlé en fin de semaine dernière, étrillé en Bourse alors même que l’équipementier automobile a relevé ses guidances annuelles, certes dans des proportions inférieures aux attentes des analystes.
Son cas est à mon sens révélateur d’une réalité qui risque fort d’animer les marchés actions pour encore de longues semaines. Cette réalité, c’est la guerre commerciale qui continue de tourmenter les investisseurs, au point, à tout le moins s’agissant du secteur des équipementiers automobiles, de « tuer dans l’œuf » toute bonne nouvelle ou esquisse de bonne nouvelle. Les incertitudes qui entourent ce conflit protéiforme et aux ramifications potentiellement multiples attisent un climat anxiogène et je suis convaincu que si le CAC40 résiste bien à ce stade, il aurait été beaucoup plus haut sans le virage ultra-protectionniste de Donald Trump.
Comme je vous le disais hier, celui-ci risque fort, à terme, de pénaliser de nombreux secteurs, des valeurs technologiques aux grands exportateurs comme Boeing en passant par l’e-commerce. Amazon (US0231351067-AMZN), qui pourrait grandement pâtir de l’instauration de droits de douane sur les produits en provenance de Chine, commencerait d’ailleurs à chercher à circonvenir l’administration si l’on en croit plusieurs médias américains…
▶ L’irrationalité aux commandes
La macroéconomie reste donc dans les esprits, et dans des proportions que je crois plus importantes que d’ordinaire, mais j’ai également observé une tendance générale à la surréaction et à l’hyperémotivité, dans un sens comme dans l’autre. Je prendrai ici l’exemple de Publicis (FR0000130577-PUB), qui s’est écroulé de près de 9% jeudi dernier sur fond de déception en matière de croissance organique et plus largement de défiance de la communauté financière à l’endroit du business model des géants publicitaires.
A contrario, Peugeot (FR0000121501-UG), qui a il est vrai dégagé une rentabilité record et réussi à faire revenir Opel dans le vert en l’espace de quelques mois – un authentique exploit – et Edenred (FR001090853-EDEN), qui a fait état de comptes meilleurs que prévu et de perspectives très encourageantes, se sont envolés de respectivement 14,88 et 10,24% ! Si les deux groupes ont de très solides arguments à faire valoir, je ne suis pas certain que leur action aurait autant grimpé il y a encore quelques mois.
Je vous avoue enfin avoir du mal à comprendre l’évolution du cours d’Atos (FR0000051732-ATO) avant-hier. Après avoir engrangé 3% dans les premiers échanges, le titre de la SSII a en effet clôturé en recul de 6,74%, sur fond de comptes semestriels pourtant globalement conformes aux anticipations et de rachat du groupe américain Syntel, une opération à la dimension stratégique évidente et plutôt bien accueillie par les brokers.
Ce matin, je suis tout aussi déconcerté par le comportement boursier de Technicolor (FR0010918292-TCH). En effet, le groupe a ouvert dans le rouge, puis a pris un peu plus de 2% et le voilà qui abandonne 0,37% au moment où je termine la rédaction de cet article. Un moindre mal alors que la perte nette et le chiffre d’affaires des activités poursuivies de ce penny stock si décevante depuis des mois se sont creusés de respectivement 43% et 15,7% !
On m’a souvent dit que le marché avait toujours raison, mais je reconnais volontiers que certaines choses continuent de m’échapper. C’est particulièrement le cas en cet été caniculaire qui n’a sans doute pas fini de nous surprendre.
Bonne séance à tous,
Guillaume