Nous nous demandions hier pourquoi les marchés continuaient de monter malgré toute réalité économique, et nous avions trouvé la brillante réponse : les marchés montent parce que les marchés montent. Les investisseurs veulent acheter parce que les actions montent.
◊ Ne rejoignez pas le troupeau
Voyez-vous, le principe est le même que pour la formation d’une foule : une foule se crée parce que quelques personnes se rassemblent. Alors d’autres gens viennent voir pourquoi ces personnes se rassemblent, et viennent grossir les rangs — ce qui incitent d’autres nouveaux venus à se joindre à ce grand rassemblement inutile et artificiel, qui n’a d’autre but que lui-même : former un joli troupeau pour être ensemble. Appelez ce phénomène « moutons de panurge guidés par un chien qui se mord la queue », ou auto-prédiction des marchés. Comme vous voulez, le phénomène reste le même. Et c’est là tout le drame de l’investisseur.
Si vous êtes Américain et que vous n’avez pas investi au plus bas, en septembre ou mars dernier, sur Fannie Mae, AIG et autre catastrophe financière … alors, vous avez raté les quelque 150%… ou 500% de hausse et vous vous sentez un peu bête.
Pourtant, vous SAVEZ qu’il était insensé d’acheter ces titres, même au plus bas. Mais qu’allez-vous faire maintenant ? Allez-vous acheter ? Eh bien, malheureusement, il y a des chances que oui, parce que votre voisin en aura acheté et vous vous sentirez ridicule d’être passé à côté… encore pire, de risquer de passer à côté.
Si vous êtes Français et que vous n’êtes pas entré sur la SocGen, la BNP, ou plus largement les bancaires en mars dernier… alors vous avez raté plus de 150%, voire même 200% de gain comme vous l’indique ce graphique.
Allez-vous acheter maintenant que vous êtes à nouveau en confiance ? Peut-être que oui. Mais c’est là que vous ferez erreur.
◊ Vous ne devez jamais agir « pour faire comme tout le monde »
Un petit exemple.
Le 31 mars dernier, Marc Dagher vous avait conseillé, dans ces lignes de revenir à l’achat sur les bancaires pour jouer 100% de hausse.
Nous étions au plus profond de la crise, vous veniez de perdre quelque 50% sur le CAC, et sans doute n’avez-vous pas suivi son conseil. Pourquoi ? Parce que vous avez eu peur. Pourquoi ? Parce que vous êtes ENGAGE dans vos investissements. Et des études ont été menées attestant que l’on ne peut pas réagir correctement quand nous sommes investis dans les choix que nous devons faire. Dans ces moments, nous agissons par émotion, et non rationnellement.
Devez-vous vous en vouloir, rager d’avoir raté cette hausse ? Vous pouvez. C’est rageant, je vous l’accorde. Mais vous devez surtout retenir que suivre votre émotion plus que l’analyse, plus qu’un « trading plan » rationnel n’est pas bon.
Aujourd’hui, ne faites pas la même erreur de vous laisser mener par le bêlement du troupeau. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui les médias et autres communiqués institutionnels claironnent que la reprise est là que vous devez perdre votre bon sens et votre réflexion.
◊ Alors, devez-vous acheter ?
Nous n’en savons rien.
Nous voyons que les cours du CAC40 sont enfin repassés au-dessus de la MM200 de long terme. Est-ce un signe ? Sans doute, puisque la MM200 est toujours venue soutenir ou coiffer les cours sur du long terme (sauf fin 98).
A priori, ce signe devrait être positif. Mais nous ne savons pas pourquoi… nous n’arrivons pas complètement à y croire.
De votre côté, vous devez être en train de vous dire « si je ne rentre pas maintenant, je vais vraiment passer à côté de toute la hausse ». Vous risquez d’attendre encore un peu, et un peu… et de rentrer quasiment au plus haut, quand le marché va se retourner parce que l’économie ne repartira pas, parce que les plans de relance et autres incitations seront retombées et qu’il n’y aura rien pour prendre le relai.
Pour nous, le danger est là, car c’est TOUJOURS de cette manière que les investisseurs particuliers se font avoir.
Nous ne savons pas prédire « le moment où », mais nous savons que nous ne devons rien faire parce que les autres font.
Alors nous vous conseillons de rester prudent et de remonter vos stops ; de vous investir petit à petit. En ce moment, nous préférons les stratégies de trading : jouez les rebonds, sur actions ou sur produits dérivés, et sortir sur nos objectifs. [Un petit rappel : comme vous l’avez vu dans mon e-mail de ce week-end, nous augmentons le prix du service @Turbos Trader — mais jusqu’au 21/09, vous pouvez encore exceptionnellement bénéficier de l’ancien prix : ne manquez pas cette occasion…]
Accumuler de petits gains plutôt que de viser des grands mouvements. Achetez, et sortez. Repositionnez-vous, prenez vos gains et sortez. Recommencez. Ne tombez pas dans l’euphorie.
Peut-être nous jugez-vous trop pessimiste puisque que le CAC40 a finalement clôturé au-dessus des 3 700 points vendredi dernier, au plus haut depuis un an.
Mais tout ceci a l’air de n’avoir aucun sens quand on regarde la réalité économique.
Et, comme le dit mon collègue américain Jeff Clark, expert dans les stratégies de ventes à découvert, et qui est lui aussi très dubitatif quant au retour de la hausse : « L’histoire a prouvé plusieurs fois que payer une action à 20 fois les bénéfices est rarement une bonne idée. Et je suis sur que l’histoire nous le montrera à nouveau.«