L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) lance une alerte orange – non aux inondations de liquidités par les Banques centrales, mais à la « croissance molle » en 2016 et 2017. Son secrétaire général, Angel Gurria, appelle les pays membres à mener des politiques de soutien plus ambitieuses.
La Chine serait l’un des grands responsables de l’atonie de la croissance mondiale. L’OCDE la crédite cependant encore d’une hausse de +6,5% de son PIB en 2016, avant un nouveau recul l’an prochain à 6,2%.
Si seulement la Chine pouvait nous convaincre que sa croissance était au moins proche de +5% ! Mais c’est loin d’être le cas si on prend en compte la baisse de consommation d’énergie par l’industrie et de la chute du flux de conteneurs.
Pékin s’est par ailleurs lancé dans une politique d’injection monétaire massive sous forme de crédit depuis janvier, avec probablement plus de 300 milliards d’équivalent-dollars mis à la disposition du système bancaire chinois. Cela représente plus de 10% de PIB injecté en rythme annuel : une fuite en avant vertigineuse, que certains qualifient d’éperdue.
Il ne faut pas s’étonner, dans ces conditions, de voir le yuan s’enfoncer sous ses planchers de la fin août 2015, vers 6,585/$… Une parité de 6,66/$ serait diablement cohérente par rapport au tsunami de liquidités que la PBOC vient de déverser en 5 mois (autant que durant toute l’année 2015). Cette dévaluation du yuan serait l’un des objectifs de l’Accord secret de Shanghai, dont Jim Rickards, spécialiste des guerres des devises, a déjà largement parlé dans ces lignes (et angle d’analyse qui lui a permis de se positionner, déjà, sur plusieurs trades en le moulinant dans son système IMPACT – voyez plus d’infos ici).
Autrement dit, la Chine va continuer d’exporter des pressions déflationnistes. Ce n’est bon ni pour l’Europe, ni pour les Etats-Unis. L’OCDE s’attend à ce que la croissance repasse sous la barre des 2% cette année, à 1,8% : loin de son potentiel historique de +2,5%.
Et encore…l’OCDE n’a pas étudié de près le scénario d’une poursuite de la remontée du dollar sur les 1,05 par euro. Or, si les chiffres de l’emploi et du chômage attendus demain sont médiocres, la Fed ne modifiera pas ses taux, ni mi-juin, ni fin juillet, ni mi-septembre et le dollar rechutera vers ou sous 1,16/€ (et là, pour le coup, Jim Rickards pense que la Fed va se dégonfler au dernier moment : voyez un extrait de son analyse ici).
Nous avons donc le choix entre une hausse de taux « pour le principe » qui tombera comme un cheveu sur la soupe si le yuan continue de s’éroder (oui, l’Accord de Shanghai sous-entend que la Chine ET les USA doivent dévaluer en même temps, le yuan restant bien arrimé au dollar)… ou une perte de crédibilité de la Fed. Nous hésitons à trancher entre ce qui serait le pire pour les marchés.
Or c’est peut-être ce « pire » que reflètent à présent les principaux indices boursiers avec une tête-épaules désormais parfaitement formée sur le Nikkei (-4% en 48 heures), sur l’Euro Stoxx 50, sur le CAC (4 505/4 610/4 530). Les trois principaux indices américains, quant à eux, dessinent un triple-top, ce qui ne vaut guère mieux en termes de pronostic baissier.
Tous les éléments techniques et conjoncturels précurseurs d’une lourde correction semblent bien en place : il ne manque plus que le signal.
Le risque, c’est celui du bear trap – piège devenu répétitif au fil des mois et des trimestres : cela coûte, en effet, très cher d’anticiper la rupture d’un support – qui ne vient pas lorsque les indices boursiers font mine d’amorcer un plongeon.
Mais aujourd’hui, tous les indices à l’exception du Nikkei depuis 48 heures sont bien collés à leurs résistances annuelles ou historiques. Il n’y a donc pas grand risque à se renforcer sur les BX4, les BXX, les ETF bears sur les S&P 500 ou le Nasdaq (SDS).
Il s’agit d’un pari et non d’un short de grande envergure… Mais quel serai le potentiel de gain si nous misions sur la hausse aujourd’hui ?