Sommes-nous en train d’assister à la formation d’une nouvelle bulle dans le secteur des biotechnologies ? C’est ce que pense un nombre croissant d’investisseurs face à la hausse exponentielle de l’indice Nasdaq des biotechnologiques du Nasdaq (le NBI). De nombreux paramètres commencent à être dans la zone rouge et à inquiéter les marchés.
Pour aller dans le sens des bears, il est vrai que depuis quelques semaines les signes d’essoufflement de cette tendance se sont multipliés, alertant d’un possible retournement. De plus, l’indice a déjà vu sa valeur multipliée par 7 depuis le début de ce cycle haussier, soit autant qu’au cours du précédent cycle haussier qui s’était achevé avec l’effondrement de la bulle internet.
Les bulls (haussiers) vous répondront que, si une correction est possible, avec un PER moyen de 31 nous sommes encore loin de la situation qui caractérisait le marché en l’an 2000 et nous ne serions encore qu’à l’aube d’une nouvelle vague de progrès technologiques qui devraient permettre une extension radicale de notre espérance de vie.
Et si le secteur est autant en ébullition, c’est parce que de nombreuses petites biotechs travaillent d’arrache-pied à trouver LE traitement, LE remède qui changera la face du monde. Ces petites start-up aux capitalisations se chiffrant en millions d’euros sont capables de défier les lois de la gravité en matière d’évolution boursière. Certaines d’entre elles seront les prochaines Novartis ou Sanofi.
Si vous savez repérer ces jeunes pousses, même si un marché baissier s’installe, contre vents et marées, vous pouvez gagner beaucoup d’argent. Celui qui avait investi dans Apple en 2000 n’a pas perdu d’argent, il a multiplié sa mise par 57 !
Les petites capitalisations sont peu corrélées au marché. Ce sont des électrons libres qui évoluent en fonction de leurs caractéristiques intrinsèques et sont peu sensibles à l’environnement économique. Mais, si ces petites biotechs peuvent vous rendre immensément riche, en cas de succès, le revers de la médaille est qu’elles risquent aussi de ne jamais parvenir à sortir la moindre molécule viable… et donc ruiner ses actionnaires.
Je vais donc vous donner les 6 règles fondamentales pour être capable de repérer les sociétés les plus prometteuses.
1. Une plate-forme technologique tu convoiteras
La biotech dans laquelle vous envisagez d’investir doit disposer d’une technologie ayant le potentiel d’être déployée dans plusieurs domaines d’activités par le biais de partenariats. En effet une entreprise qui dépend entièrement d’une seule molécule ou d’une seule application ne vaut pas mieux qu’un ticket de loto.
Prenons l’exemple de notre champion national Cellectis (FR0010425595) . Nous vous en parlions déjà en 2011, alors que la biotech ne pesait qu’une centaine de millions d’euros en bourse (elle pèse à présent plus de 1,2 Mds€). L’évolution en Bourse de Cellectis est typique d’une biotech : le titre ne fait pas grand’ chose… voire chute au fur et à mesure que le newsflow est incertain… et d’un coup, ça y est : une étape, une Phase clinique est validée, une molécule est approuvée, un partenariat est noué et le titre s’envole. En l’occurrence, Cellectis a pris 1800% depuis janvier 2014.
A priori, Cellectis n’est qu’une banale entreprise d’oncologie comme il y en a beaucoup d’autres. Cependant, l’entreprise se différencie par sa technologie de « ciseau moléculaire » qui permet d’effectuer des modifications ciblées dans l’ADN d’une cellule.
Or cette technologie trouve des applications non seulement dans la cancérologie, mais de façon générale dans l’ensemble des maladies qui pourront être traités par thérapie génique, ainsi que dans des domaines tels que les biocarburants (pétrole de synthèse par des micro-algues génétiquement modifiées) et l’agronomie (création de nouvelles variétés plus résistantes).
D’un point de vue fondamental, une société possédant une telle technologie a donc plusieurs avantages :
- Diversification du risque. Un échec dans un domaine d’application ne signifie pas la mort de la société. Pour la même raison vous devez privilégier les sociétés qui disposent d’un large pipeline.
- L’entreprise pourra se financer en développant des partenariats avec des acteurs qui disposent de ressources financières importantes, tel que l’a fait Cellectis avec Total, Monsanto et divers laboratoires pharmaceutiques. Ce genre d’annonce sur une petite capitalisation est un catalyseur très puissant. Si vous n’aimez pas gagner 70% du jour au lendemain après une annonce de nouvel accord avec une grande entreprise, ne suivez pas ce conseil. (Ndlr : c’est exactement ce qui est arrivé à la biotech IMMUNOGEN sur laquelle les abonnés à FDA Biotech Traders avaient misé : elle a pris 70% en une séance… et génère à présent un gain de +140% aux abonnés ; AVEO PHARMA, EXELIXIS, DYAX, ANTHERA PHARMA ont déjà permis aux abonnés du service de réaliser des gains de 167,86%… 92,3%…71,7%… 83,16%… Ne ratez pas les prochains conseils !)
- Une plateforme technologique peut également être une source de cash flow récurrent, qui permettra à la société d’autofinancer ses propres recherches durant la phase de « traversée du désert » sans devoir recourir à des augmentations de capital.Le cas d’Oncodesign (FR0011766229) par exemple est intéressant. La société, spécialisée dans l’oncologie, utilise une technologie prédictive qui lui permet d’évaluer le potentiel d’une molécule afin de présélectionner celles dont le potentiel est le plus intéressant. En plus de l’utiliser dans le cadre de ces propres programmes de recherches, Oncodesign peut valoriser cette plateforme technologique en la mettant à disposition d’autres laboratoires.Cette activité permet donc de générer des revenus récurrents en attendant la mise sur le marché de ses propres molécules, là où d’autres sociétés doivent procéder durant des années à des augmentations de capital à répétition pour assurer le financement leurs programmes de recherche. Les frais de R&D seront plus facilement amortis et la société pourra cibler des niches sur lesquelles elle sera en situation de domination.
Comme le souligne le Dr Philippe Genne, le temps des blockbusters (les médicaments qui se vendent en masse à toute la population souffrant d’une même pathologie) est terminé. Nous sommes dans l’air d’une médecine de plus en plus personnalisée ou ciblant des pathologies plus rares. Une thérapie est en effet d’autant plus efficace qu’elle est conçue pour faire face à un problème précis.
Dans ce contexte il est plus difficile de construire un chiffre d’affaires important sur la base d’une seule molécule comme dans le passé, mais il est possible de créer de la valeur et de dégager de marges élevées en offrant des solutions spécifiques sur différents marchés de niche. En revanche, si une technologie ne trouve une application que sur un seul marché, il lui sera difficile d’atteindre une taille critique.
Nous allons en rester là pour aujourd’hui : je vous parlerai prochainement des autres « règles d’or » à appliquer quand vous investissez sur des biotechs.
Bons trades,
Sébastien Maurice