« L’Amérique, l’Amérique » chantait Joe Dassin il y a plus de 40 ans… Ce morceau, les patrons des biotechs et des medtechs françaises pourraient le reprendre en choeur !
2015 sera en effet l’année des petites pépites françaises qui se seront introduite en Bourse sur les marchés américains. Les demandes de cotation se multiplient sur la Bourse américaine.
En octobre dernier, DBV Technologies (FR0010417345), spécialisé dans les solutions de diagnostic et de traitement des allergies alimentaires, a fait ses premiers pas sur le marché américain. Depuis cette date, le titre a pris plus de 30% et la société a vu ses volumes quotidiens exploser à Paris avec une moyenne de 25 000 titres.
Hier, lundi matin, Erytech Pharma (FR0011471135) a également annoncé qu’elle allait ouvrir un programme de cotation sur le marché libre américain (l’OTC) sous forme d’ADR afin d’attirer les investisseurs américains. La séance a été euphorique et le titre a progressé de 7,8% en fin de séance dans un volume important de 232 085 titres échangés, soit 3,4% du capital.
Les ADR ? oui, c’est la solution qu’ont les valeurs étrangères pour se faire coter aux Etats-Unis. Ce sont des American Depositary Receipt, c’est-à-dire des certificats nominatifs émis par une banque américaine contre un nombre précis d’actions étrangères qui sont déposées sur son livres de compte.
Cellectis (FR0010425595) envisage également de s’introduire sur les marchés US, ce qui lui a fait gagner plus de 30% en deux séances. Genfit (FR0004163111) a également réalisé un placement privé de 18 M€ en décembre dernier auprès d’investisseurs nord-américains exclusivement..
Pourquoi une telle frénésie pour les Marchés américains ?
En fait, le marché des biotechnologiques ou medtech est beaucoup plus développé aux Etats-Unis qu’en Europe. Le secteur est très suivi en Bourse, les brokers spécialisés et analystes sont nombreux à suivre les biotechs, contrairement à ce qu’il se passe en France…. Il n’est pas rare qu’un déjeuner d’investisseurs à New York réunisse une centaine de gérants, rien que pour une biotechnologique !
Et puis, les investisseurs américains ont des forces de frappe que n’ont pas les sociétés de gestion françaises à de rares exceptions… Il est courant qu’à New York un gérant fasse un ticket (expression boursière signifiant un investissement de l’ordre de 30 M€)… En France, c’est rarissime et bien souvent d’ailleurs impossible sur les biotechs, car cela ferait exploser directement le cours.
A l’époque où je travaillais chez Euroland Finance, nous avions fait quelques IPO dans le secteur, notamment celle d’Hybrigenics (FR0004153930). Il était difficile de trouver de vrais spécialistes du secteur quand nous étions en road-show. Les gérants soi-disant spécialistes du secteur ne posaient qu’une ou deux question durant leur rencontre avec la direction, et paraissaient complètement largués dès que le patron s’aventurait dans des termes un peu techniques !
Une affaire de spécialistes
Vous le savez, je ne suis absolument pas spécialiste du secteur. Du coup, je préfère ne pas m’aventurer sur le terrain des biotechs. Je pense que si vous n’êtes pas capable de comprendre et d’évaluer scientifiquement la spécificité et la pertinence du traitement développé… cela revient à jouer au casino. Je préfère donc m’abstenir. Paul Mampilly, mon collègue américain est, lui, justement un pro du secteur et a fait de l’investissement sur les biotechs sa spécificité depuis 25 ans. Il est capable d’évaluer la pertinence d’une molécule développée par rapport à sa concurrence, d’analyser et de faire des projections sur le potentiel de ventes du traitement une fois l’accord de la FDA obtenu (vous savez, l’organe de réglementation des médicaments). Ca m’impressionne car j’en suis compéltement incapable. Je ne comprends pas ce secteur ! Bref, lui, c’est son domaine et d’ailleurs j’ai cru comprendre qu’il avait bâti sa fortune e investissant dans les biotechs. (Ndlr : d’ailleurs, Paul Mampilly propose un service de trading pour jouer, justement, ces dates d’autorisation par la FDA, les mises sur le marché, les premières ventes, les résultats de tests cliniques des biotechs. Pour en savoir plus, continuez votre lecture ici).
Vous l’avez compris : les biotechs comme les valeurs technologiques françaises ont tout intérêt à visible sur le continent nord-américain plutôt que rester esseulées sur le Vieux Continent. Cette ouverture à des marchés plus gros, plus dynamiques et plus liquides séduit de plus en plus nos petites françaises qui ne trouvent pas sur Euronext le professionnalisme et la profondeur de marché qu’elles recherchent.
Donc ce mouvement est appelé à durer… J’espère seulement que ces valeurs resteront aussi cotées à Paris ! sinon, ce serait une vraie catastrophe pour nos marchés.
Criteo, par exemple, spécialiste du reciblage publicitaire personnalisé sur Internet, n’est coté que sur le Nasdaq depuis octobre 2013 alors que la société est française. A l’époque, la première entreprise française à être cotée au Nasdaq fut Business Objects, en 1994 – ce qui avait défrayé la chronique et laissé un goût amer aux autorités boursières françaises : la société française estimait qu’une cotation aux Etats-Unis avait incontestablement plus de retombées qu’à Paris. Et puis, ceux d’entre vous qui me lisent dans Mes Valeurs de Croissance savent que la pépite sur laquelle nous avons tous parié est par exemple cotée sur le NYSE sous forme d’ADR en plus d’être cotée sur Euronext (elle est encore autour de ses niveaux d’achat, mais plus pour longtemps… jetez un oeil ici). Cela lui permet d’avoir une plus grande visibilité et également d’attirer les investisseurs professionnels qui ne l’auraient peut être pas remarquée si elle était restée sur son compartiment C.
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