Le fossé se creuse un peu plus entre Paris et Berlin, suite à une longue interview d’Emmanuel Macron accordée au magazine « The Economist ».
La plupart des commentateurs ont retenu une phrase choc : « L’OTAN est en état de mort cérébrale. »
Est-ce pire que le jugement sans appel de Trump proféré dès janvier 2017 au moment de son investiture : « L’OTAN est une organisation obsolète où la plupart des partenaires ne jouent pas le jeu financièrement. Les européens vont devoir apprendre à se débrouiller sans l’argent des américains. »
Et Trump semble effectivement s’être désintéressé de l’OTAN, ce que le Président Macron souligne d’une pique : « Il n’y a plus aucune coordination en matière de décisions stratégiques des États-Unis avec les partenaires de l’OTAN. »
Et Macron tire la sonnette d’alarme sur le cas turc : « Nous assistons à une agression menée par un autre partenaire de l’OTAN, la Turquie, dans une zone (la Syrie) où nos intérêts sont en jeu, sans coordination. Ce qui s’est passé (invasion de la Syrie) est un énorme problème pour l’OTAN. »
Angela Merkel déplore des propos « intempestifs » et trop « radicaux » du président français au sujet de l’OTAN (l’Allemagne se montrant toujours très « pro-Atlantiste » et alignée sur les positions US).
Mais là où Angela Merkel a vraiment eu de quoi s’étrangler, c’est en découvrant qu’Emmanuel Macron juge que la règle des 3% de déficit budgétaire est « un débat d’un autre siècle ».
Le fait est, que même avec des excédents (que beaucoup jugent tout aussi excessifs que les déficits passés de ses partenaires), l’Allemagne ne déclenche toujours pas de plan de relance, malgré les invitations répétées de Mario Draghi, et désormais de Christine Lagarde.
Il n’est peut-être même pas besoin que Donald Trump s’en prenne aux excédents commerciaux allemands (ce qui ressouderait les européens face aux USA) pour affaiblir l’Europe, il n’a qu’à laisser la France et l’Allemagne s’écharper sur l’OTAN puis sur leurs objectifs et calendriers économiques divergents.