Cher lecteur,
C’est une réalité irréfutable : nos habitudes de consommation sont actuellement en pleine mutation, avec en particulier une multiplication des achats sur Internet, qui commence à donner des sueurs froides aux enseignes dites traditionnelles.
Parmi elles, H&M, en difficulté ces derniers mois. La chaîne de vêtements suédoise a en effet vu son bénéfice d’exploitation s’éroder de 62% au premier trimestre. Ses ventes sont quant à elles restées stables au deuxième trimestre en devises locales.
D’une façon générale, le groupe scandinave (qui vise cependant un retour de la croissance l’an prochain) souffre d’un ralentissement de la fréquentation de ses magasins. Il pâtit aussi de la comparaison avec son concurrent Inditex, dont l’Ebit a augmenté de 2% au premier trimestre, tandis que ses revenus ont crû de 9% lors des six premières semaines du deuxième trimestre.
Pour autant, je ne suis pas certain que la maison mère de Zara puisse tenir durablement la dragée haute aux Zalando et autres Asos. Le premier vise en tous les cas un doublement du volume d’affaires sur ses plateformes, à 10 Mds€ d’ici l’horizon 2020, et l’augmentation de ses revenus devrait osciller entre 20 et 25% sur cette période ! Le second, qui multiplie les investissements, a de son côté vu ses ventes de détail grimper de 27% au terme du premier semestre de son exercice (clôture fin février).
▶ La grande distribution fait sa révolution
Les tauliers de la grande distribution commencent eux aussi à prendre conscience de la nécessité d’évoluer, de s’adapter, pour mieux « coller » aux attentes des clients. Désormais dirigé par un Alexandre Bompard qui jouit d’une très bonne image auprès de la communauté financière après le remarquable travail accompli aux commandes de la Fnac, Carrefour (FR0000120172-CA) a dévoilé en début d’année un plan stratégique aussi vaste qu’ambitieux.
Baptisé Carrefour 2022, il vise notamment des économies à hauteur de 2 Mds€ à moyen terme ainsi que des investissements dans les secteurs de croissance comme les produits frais et bio, le tout sur fond de réductions d’effectifs et de fermetures de magasins. Parce que l’e-commerce ne pouvait décemment être oublié, c’est toutefois sur le digital que le groupe a surtout mis l’accent, avec des partenariats avec Fnac Darty, Showroomprivé et le mastodonte chinois Tencent.
Carrefour a poursuivi sur cette lancée il y a quelques jours, scellant cette fois un partenariat avec Google dans l’optique d’« imaginer de nouveaux modèles de distribution et expériences d’achat pour les consommateurs français ».
Symbolique et révélateur, ledit partenariat reposera sur le déploiement de l’offre Carrefour sur une nouvelle interface du site de Google Shopping et sur l’Assistant Google en France, mais consistera également en la création d’un « Lab » Carrefour-Google, la finalité étant, vous l’aurez compris, l’accélération de la digitalisation du géant français de la distribution.
Telle est aussi la volonté de Casino, l’autre poids lourd du secteur, qui à cette fin s’est entendu il y a quelques mois avec Amazon, un autre Gafam dont la responsabilité en matière d’évolution des modes de consommation est considérable.
Pour autant, en Bourse, le dossier Casino ne convainc (toujours) pas. Eric Lewin vous explique pourquoi dans son article du jour.
Bonne séance à tous,
Guillaume